INONDATIONS DU 30 MARS : « Le service de sécurité n’a pas agi pour protéger le public » selon Allan Wright

L’enquête judiciaire sur les inondations du 30 mars s’est poursuivie par le contre-interrogatoire d’Allan Wright, qui a perdu sa femme et son fils lors des inondations meurtrières du 30 mars. Ce dernier a décrié une pompe défectueuse et le « manque de sérieux » des vigiles postés dans le tunnel du Caudan.
Lors de la séance d’aujourd’hui concernant l’enquête judiciaire pour faire la lumière sur les inondations du 30 mars 2013, Me Rajesh Unnuth, qui tient un “watching brief” pour les employés de la State Property Development Company, devait contre-interroger Allan Wright, notamment sur les agents de sécurité, dont les services avaient été retenus par la SPDC, et sur la pompe située à l’intérieur du tunnel du Caudan, qui ne marchait pas le jour du drame.
Me Rajesh Unnuth : « Monsieur Wright, depuis 1997, quand la tabagie du tunnel du Caudan a été louée à votre femme, plusieurs services de sécurité ont offert leurs services, dont Caudan Security et Brinks. De tout temps, des vigiles ont été mandatés pour faire le va-et-vient dans le tunnel. Mais le jour de l’incident, c’est Rapid security qui offrait ses services. »
M. Wright : « C’est exact. Selon le contrat, les vigiles devaient le faire, oui (…) Selon le règlement, le Chief Security Officer, qui avait à sa disposition une caméra opérationnelle dans le tunnel – dont le serveur se trouve dans son bureau –, devait détecter des cas de vols ou de violences et les référer aux vigiles. Quand il y avait de grosses averses, les vigiles étaient informés et faisaient le nécessaire pour la sécurité des gérants des tabagies. »
Me Unnuth : « Pouvez-vous me dire combien de vigiles se trouvaient dans le tunnel tous les jours ? »
M. Wright : « Cela dépendait des services de sécurité mais, en principe, il y avait un vigile permanent qui faisait le va-et-vient dans le tunnel tous les jours. En cas de danger, il était de son devoir d’informer les personnes à l’intérieur du tunnel qu’ils devaient évacuer les lieux. Les vigiles ont des talkies-walkies reliés au bureau du Chief Security Officer et leur rôle est de recevoir des instructions ou d’informer leur chef de la situation en cas de problème. »
Me Unnuth : « Personnellement, avez-vous déjà estimé que votre sécurité était menacée dans le tunnel auparavant ? »
M. Wright : « Avec les deux premiers services de sécurité, tout allait bien. Il y avait de la discipline et le service se faisait régulièrement. »
Me Unnuth : « Quel problème avez-vous eu alors ? »
M. Wright : « Cela fait deux ans à présent que la caméra du tunnel ne fonctionne plus. Et les vigiles, à présent, on peut les voir s’enfuir lorsque la police arrive, car ils n’ont pas de permis de travail. Les gérants des tabagies s’étaient plaints à la SPDC et avaient demandé une réunion avec l’administration, ce qui est décidé par les “landlords”. Mais il n’y a jamais eu de telles réunions. »
Me Unnuth : « Savez-vous que, depuis que la caméra à l’intérieur du tunnel ne fonctionne plus, la SPDC avait fait une requête pour que la sécurité soit renforcée au Caudan et avait enclenché un processus afin que les caméras, en général, soient réparées ? »
M. Wright : « Ce que je sais, c’est que, dans le passé, nous étions informés par le biais d’une lettre de toutes les décisions prises par la SPDC. »
Me Unnuth : « Vous avez dit que la pompe ne fonctionnait pas ce jour-là ? »
M. Wright : « J’ai dit que bien souvent la pompe ne fonctionnait pas, malgré que la SPDC faisait des contrôles réguliers. (…) La pompe a une capacité de 500 litres par minute et contient un “sump” dans lequel la pompe évacue l’eau jusqu’à la surface. Le problème, c’est que le “sump” est en dessous de la moyenne et que, lorsque l’eau y pénètre, il se retrouve bouché. Du coup, la pompe arrête de fonctionner. »
Me Unnuth : «  Êtes-vous d’accord de dire que la pompe est habilitée à pomper de l’eau claire et non de l’eau boueuse ? »
M. Wright : « Je sais que les déchets ne peuvent être pompés, mais la poussière, oui. »
Me Unnuth : « Selon vous, ce type d’inondations peut-il être qualifié de calamité naturelle imprévisible ? »
M. Wright : « D’après ce que j’ai vu à la météo et dans les journaux, oui. »
Me Unnuth : « M. Wright, je peux vous dire que le tunnel fait 1 200 mètres cubes et que, s’il est rempli jusqu’au toit, il contient 1 200 000 litres. Savez-vous que les pompiers ont pris deux jours, après le 30 mars, pour évacuer toute l’eau du tunnel ? »
M.Wright : « Je ne le savais pas. »
Me Unnuth : « Je peux vous dire qu’il était impossible que la pompe du tunnel puisse évacuer toute cette eau. »
M. Wright : « D’accord, il y a eu des accumulations d’eau. Mais mon problème, c’est qu’il y a eu une absence de vigiles et de sécurité ce jour-là. »
Me Unnuth : « Je peux vous dire, M. Wright, qu’il est impossible pour quelconque pompe d’évacuer 120 000 litres d’eau par minute si le tunnel est déjà rempli de 1 200 000 litres d’eau en dix minutes. »
M. Wright : « Mon problème, c’est que le service de sécurité n’a pas agi pour protéger le public, ce qui a coûté la vie à six personnes dans ce tunnel. »
Me Unnuth : « Pouvez-vous me dire si c’était la responsabilité des vigiles de faire évacuer les personnes du tunnel et de fermer les deux portails des deux côtés du tunnel ? »
M. Wright : « Oui, c’est selon le contrat. »
Me Unnuth : « Plusieurs fois, la sécurité a été alertée pour de grosses averses et un portail était alors fermé. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -