Jack Bismohun : « Absurde la façon dont le système électoral est bafoué par les partis traditionnels »

Le leader de l’Union Sociale Mauriciens (USM), Jack Bismohun, suit de près les événements qui font la Une de l’actualité. Il affirme qu’en cette année, le gouvernement devrait porter une attention particulière à la hausse du coût de la vie en vue d’accorder une compensation salariale adéquate à la classe laborieuse. Pour lui, « cette compensation doit tenir compte de la montée en flèche du coût de la vie et du taux d’inflation affiché à 10.8 % par Statistics Mauritius et des prix des carburants qui n’ont cessé d’augmenter ». Ainsi, il fait ressortir : « L’année dernière le ministre des Finances avait donné Rs 1000 à tous les salariés; une augmentation de Rs 1 300 cette année serait acceptable et justifiée. »

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Comment se porte l’Union Sociale Mauriciens (USM) en ce moment ?

L’Union Sociale Mauriciens se porte très bien et a accueilli de nouveaux membres avec des profils de haut niveau. Ces recrues renforcent davantage notre présence sur le terrain. Notre engagement récent avec différentes associations à travers le pays nous a aidés à mieux nous faire connaître et nous a donné l’opportunité de discuter avec eux de la préparation de notre programme gouvernemental.

Nous avons constaté que des Mauriciens se plaignent du système de santé dans les dispensaires et les hôpitaux ainsi que du transport public, un problème ardu. Pour les personnes âgées avec lesquelles nous nous entendons très bien, la tergiversation du gouvernement sur l’augmentation de la pension revient souvent sur le tapis. Quant aux habitants de la côte Est, le problème d’eau refait surface et la fréquence d’un camion-citerne tous les deux jours devient un stress comme chaque année pendant l’été.

Nous travaillons au niveau de plusieurs circonscriptions et nous nous engageons quotidiennement auprès des habitants avec qui nous animons des réunions de travail. Suite à ces rencontres, ceux présents adhèrent à notre idéologie, philosophie, crédibilité, intégrité et la vision et le slogan de USM, Anou Reset Nou Pei. Ils ont compris que l’avenir appartient à leurs enfants et petits-enfants et que le choix d’un gouvernement USM à la prochaine échéance électorale est crucial pour déterminer leur avenir…

En parlant de l’échéance électorale, d’après vous quelles seront les retombées possibles suite au jugement du Privy Council sur la plainte de l’ancien député du Parti travailliste Suren Dayal ?

Malheureusement il y aura des répercussions graves après ce jugement qui laisse la voie libre aux partis qui dépensent des centaines des millions pour attirer des votes. Ils vont continuer à le faire : abus, promesses et bases vont se multiplier. Le jugement est fondé sur les points avancés dans la pétition de Suren Dayal pour demander au Privy Council d’annuler le jugement de la Cour suprême de Maurice, mais ceux-ci n’avaient pas de mérite et de substance pour convaincre les Law lords. Cela aura définitivement des retombées très importantes sur notre démocratie.

Je suis d’avis que nous n’aurons pas de Free and Fair Elections jusqu’à ce qu’un parti tel que l’Union Sociale Mauriciens ne vienne au pouvoir pour changer le système électoral. Comme vous le savez, cela a déjà été publié dans notre agenda politique 2024 sur notre site web, www.usmauriciens.com. C’est absurde la façon dont le système actuel est bafoué par les partis traditionnels – qui sont tous coupables de l’enfreindre avec le laisser-aller de l’Electoral Supervisory Commission qui n’a jamais posé des questions sur les dépôts des comptes que presque tous les candidats arrondissent à Rs 250,000, qui est le barème légal.

Prenons le cas des élections de novembre 2019 quand vous abordez visuellement les dépenses par circonscription, avec la sonorisation, les marquises, les autobus, la nourriture, les bases, les t-shirts, les oriflammes, les voitures en location, le carburant et les cadeaux pour ne pas dire bribes, comme ce fût le cas dans certaines localités où des corbeilles ménagères ont été offertes aux habitants.

Attendons-nous que les cadeaux pour influencer des votes se multiplient et dépassent la barre de centaines des millions par circonscription parce que l’enjeu sera très important pour les deux blocs. Cela permettra enfin d’éviter les vengeances politiques et de récupérer et remplir les coffres-forts des partis qui seront vides. Comment faire face à cette situation et convaincre les électeurs de ne pas se laisser influencer par tous ces cadeaux demeure la préoccupation principale de l’Union Sociale Mauriciens ?

Nous évoquerons ce sujet dans chaque réunion et rencontre avec la population. Je peux vous dire que les gens sont très conscients de l’enjeu des prochaines législatives et les promesses, comme la hausse de la pension à Rs 13,500… Nous entendons déjà que les caisses sont vides, je suis sûr qu’ils trouveront l’argent dans le prochain budget pour faire labous dou. Heureusement que la population commence à comprendre que ce sont des promesses creuses ; elle ne se laissera pas facilement influencer.

La majorité réclame un vrai changement et veut un nouveau parti avec des politiciens crédibles, intègres et visionnaires qui ont fait leurs preuves dans différents domaines pour diriger le pays. C’est la principale raison pour laquelle ils disent non aux partis traditionnels à 68%.

Les récents événements à La-Citadelle ont attiré l’attention de plus d’un. Que pensez-vous de tout cela ​​​ ?

Oui, j’étais choqué quand j’ai appris ce qui s’est passé à La-Citadelle. J’ai condamné avec force cette attitude et je pense que nous sommes tous d’accord que ceux responsables de ces actes doivent impérativement être poursuivis et punis pour la paix et l’harmonie. Il faut aussi mener une enquête approfondie afin de déterminer si certains architectes à distance ont planifié ces actes et connaître les raisons ayant motivé ces personnes à se comporter de la sorte devant des membres du public sortis pour assister à un concert en famille.
Quant à la sécurité nationale, il faut se poser des questions suite à la déclaration du conseiller en communication du vice-Premier ministre et ministre Anwar Husnoo, et savoir à quelle heure il a reçu ces informations et à qui il les a transmises. Les protocoles de sécurité étaient-ils suivis et par la police et par notre ministre des Affaires intérieures ?

Au vu de toutes ces zones d’ombre, la population est très concernée et vit dans la peur depuis ces événements. Il incombe donc au gouvernement de rassurer la population que notre système de sécurité fonctionne, surtout après avoir dépensé Rs 18 milliards des fonds publics pour le projet de caméras Safe City Network qui seront bientôt remplacées.
Il faut quand même affirmer que la police et le judiciaire accomplissent un travail merveilleux sauf dans certains cas comme dans un passé récent. Cela rassure le public et lui redonne confiance dans notre police. Quand la politique ne se mêle pas de certaines choses, tout le système fonctionne et il faut laisser les institutions faire leur travail sans ingérence politique.

Mais, malheureusement cela ne sera pas possible avec ceux ayant été au pouvoir depuis l’Indépendance vu qu’ils se sont toujours mêlés du fonctionnement des institutions pour protéger leurs Dimounn.

En parlant des faux pas des autorités, il faut souligner que la municipalité de Port-Louis a pris une décision irréfléchie, qui est de fermer La-Citadelle au public qui malheureusement n’est pas une solution, mais qui pénalise la population et donne gain de cause aux fauteurs de troubles. Pour ma part, j’aurais rehaussé le niveau de sécurité afin que la population puisse vivre en toute liberté dans l’harmonie et la paix.

Pensez-vous que les conglomérats doivent bénéficier de l’aide financière de la  Mauritius Investment Corporation ​  ?

La Mauritius Investment Corporation a été mise sur pied pour aider financièrement les compagnies systémiques les plus affectées par le Covid-19. Or, qu’est-ce qu’on voit ? Financement de AML Holdings à Rs 25 milliards, une compagnie de l’État et des compagnies privées, trente-sept au total…

Les conglomérats doivent-ils bénéficier de ces aides ? À titre d’exemple, le cas d’IBL Ltd et LUX* Island Resort, une filiale du groupe, ayant fait une requête auprès de la MIC. En même temps la compagnie a rendu publics ses dividendes de même que son bilan financier pour le trimestre et les neuf mois se terminant à mars 2020.

Le conseil d’administration d’IBL a déclaré qu’un dividende de 39 sous par action sera intégralement payé à tous les actionnaires de la société inscrits à la fermeture des bureaux le 1er juillet 2020. Ce qui prouve que le groupe avait de l’argent et pourquoi la MIC a financé une filiale de IBL pour une enveloppe de Rs 920 millions alors que le groupe était capable de payer des dividendes à tous ses actionnaires. Or, dans son bilan financier, le groupe dit anticiper un impact sévère sur l’exercice du dernier trimestre de l’année financière qui se termine au 30 juin 2020 à cause de l’arrêt des activités dû au confinement lié au Covid-19…

Voilà un exemple: comment la MIC a investi dans des compagnies sans entreprendre d’exercice de Due Diligence. Tel est le cas pour presque toutes les entités économiques du privé ayant bénéficié des milliards des réserves de la Banque de Maurice. Clairement, il y a eu une opacité dans les critères d’éligibilité de ces aides de l’État, s’il y en avait. Avant tout décaissement de fonds publics, il fallait assurer que ces compagnies qui demandent une aide financière ne déclarent aucun dividende, mais plus encore que les salaires des Top Earners soient d’abord réduits, les dépenses contrôlées et s’assurer d’un Cash Flow positif.

Malheureusement, des milliards de roupies ont été distribuées et on ne verra pas cet argent des contribuables de sitôt. La population continue à payer pour les incompétences de nos dirigeants politiques. Peut-être qu’il y aura un peu de lumière au bout du tunnel… maintenant que le nombre des touristes a dépassé les 2 millions depuis la réouverture des frontières après la pandémie du Covid-19, nous attendons que toutes ces compagnies ayant reçu de l’aide financière, surtout, celles dans le secteur touristique, comme Lux, Mauriplage, Longbeach, Preskil et autres dans la liste, se mettent à rembourser l’argent des contribuables.

Le ministre Padayachy a récemment déclaré au Parlement que toutes les contributions à la Contribution Sociale Généralisée (CSG) ont été utilisées. Que pensez-vous de tout cela ?

Alarmante a été la déclaration du ministre des Finances sur l’état de la caisse de la Contribution Sociale Généralisée. Une colère s’est dégagée parmi les jeunes avec qui j’ai abordé ce sujet. J’ai remarqué une démotivation et une préoccupation pour leurs pensions. Ils contribuent 3% de leur salaire mensuel et se demandent où va cet argent.

Je vous rappelle que la CSG est une taxe collectée par la MRA et je pose la question, si cet argent va dans le Consolidated Fund ou dans d’autres fonds et comment la redistribution a-t-elle été effectuée par le gouvernement ! La CSG – opérationnelle depuis 2020 – est venue confirmer ce que les experts ont dit : c’est un système qui a échoué en France et il n’y avait pas de garantie qu’il serait un succès à Maurice. Ils avaient entièrement raison.

La situation est très préoccupante et le ministre des Finances devra s’expliquer à la population, surtout les jeunes, comment il va remplir les caisses de la CSG. Idem pour les plus âgés ayant contribué au National Pensions Fund et qui seront bientôt à la retraite, surtout après les différentes questions sur la non-traçabilité des fonds de Rs 140 milliards des caisses de la NPF.

Pourquoi le gouvernement a-t-il remplacé le NPF qui fonctionnait bien ? Une transparence accrue est nécessaire à ce sujet. Un éventuel gouvernement Union Sociale Mauriciens propose le retour de notre système avant l’introduction de la CSG, le remboursement de fonds collecté de celle-ci et une commission d’enquête sur toute cette affaire du NPF et de la CSG.

Que pensez-vous du nouveau cadre légal pour les activités dans nos eaux territoriales ?

Je trouve marrant qu’alors que des membres du gouvernement se targuaient du Fisheries Bill – qui, d’après eux, est le projet de loi du siècle quant à l’exploitation de notre Zone économique exclusive (ZEE), surtout que le lancement du secteur de l’économie bleue a été mentionné dans chaque présentation du budget depuis 2014 – le GM approuvait l’importation de 400 tonnes de Lethrinus sp, plus connu comme poisson Capitaine pour la période allant du 1er décembre 2023 au 15 janvier 2024, c’est-à-dire pendant la période festive où la population consomme du poisson. Je dis simplement Shame. Cela prouve que le pays est incapable de pêcher dans ces millions de kilomètres carrés que représente notre ZEE.

Le gouvernement n’a pas les moyens de mettre du poisson frais sur la table de la population, en provenance de nos eaux territoriales. Et des milliers de pêcheurs mauriciens sont capables de satisfaire nos besoins. Si les autorités mettaient à leur disposition des bateaux de pêche et les équipements comme mentionné dans le Fisheries Bill, nous aurions pu non seulement créer des emplois, mais aussi exploiter nos ressources marines pour le bien de la population.

Mais non, c’est plus facile d’importer comme tous les autres produits alimentaires. Et dire que gouverner c’est prévoir n’est pas dans le savoir du gouvernement actuel et d’autres dans le passé. C’est une triste situation et malheureusement pour les consommateurs qui devront acheter des produits importés et payer plus cher pour une qualité peut-être inférieure.

L’USM a parlé plusieurs fois évoqué l’autosuffisance alimentaire que ce soit pour les légumes, les produits de mer, les bovins et autres viandes. Nous avons un plan d’action déjà programmé sur papier et nous espérons le mettre en pratique dans un prochain gouvernement.

Quelle est l’attente du parti par rapport à la prochaine compensation salariale annuelle et quel montant serait acceptable ?

Pour l’Union Sociale Mauriciens, la compensation salariale doit tenir compte de la montée en flèche du coût de la vie et du taux d’inflation – affiché à 10,8 % par Statistics Mauritius – et des prix des carburants qui n’ont cessé de grimper. Cela a augmenté les dépenses mensuelles d’une famille. La situation économique, si on prend en considération les récentes déclarations du PM et de son ministre des Finances, a bien progressé et les entreprises sont florissantes, en particulier dans le secteur touristique où nous avons accueilli plus de 2 millions de touristes depuis la réouverture des frontières.

Donc, les entreprises et le gouvernement doivent facilement être en mesure d’aider les employés en 2024 avec une compensation salariale de 15% pour ceux touchant le salaire minimum. L’année dernière, le ministre des Finances avait accordé Rs 1 000 à tous les salariés et je pense qu’une augmentation de Rs 1 300 cette année serait acceptable et justifiée.

Le salaire minimum est une chose. Mais, il importe de savoir combien de produits une personne peut se procurer avec ce salaire. Pour moi, c’est le pouvoir d’achat qui doit primer.

Que pensez-vous du nouveau plan pour les élèves qui réussissent au National Certificate of Education ​?​​

Le ministère de l’Éducation est venu présenter un nouveau plan pour les élèves réussissant au National Certificate of Education, Grade 9 qui est le National Curriculum Framework for Technology Education qui remplacera pour ceux qui y tiennent, la filière traditionnelle menant au School Certificate (SC).

Un autre projet-pilote qui voit le jour début novembre 2023 en vue d’un démarrage en 2024. J’espère que ce sera pas encore une faillite par manque de planning comme l’Extended Programme avec 98% d’échecs pour 200 étudiants qui prennent part dans ce projet-pilote dans 10 institutions secondaires.

Si je comprends bien, les élèves qui opteront pour cette filière n’auront pas un School Certificate mais pourront passer au Higher School Certificate, à l’ITET (Institute of Technical Education and Technology, polytechniques ou Universités. Je note aussi que c’est l’Université de Maurice qui délivrera le National School Certificate et j’espère que la Public Service Commission (PSC) va revoir ses critères de recrutement pour le Service Civil et qu’elle ne demande pas cinq O Level comme c’est actuellement le cas comme qualification minimale. Ce qui n’est pas clair, est-ce que le NCE sera reconnu dans d’autres pays et universités.

Pour moi, c’est une manigance pour venir récupérer les élèves de l’Extended programme principalement et aussi réduire le pourcentage d’échecs en Grade 11 parce qu’avec le niveau de l’examen qu’est le NCE pour faire passer le maximum d’élèves, c’est sûr que le curriculum des Grades 10 et 11 sera dur pour une grande partie des élèves qui vivent au bas de l’échelle qui parviennent difficilement à obtenir le minimum Pass Mark pour réussir à ces examens.

C’est de la politisation de l’éducation qui perd toutes ses qualités de produire des éléments et répondre aux besoins économiques du pays.

Pensez-vous que l’USM alliance sera en alliance aux prochaines élections générales ?

C’est trop tôt pour parler d’alliance pour l’Union Sociale Mauriciens parce que nous nous concentrons sur notre présence dans les circonscriptions et la préparation de candidats potentiels. Nous travaillons actuellement pour positionner une candidate dans chaque circonscription.

Nous mettons actuellement la Finishing Touch à notre programme de réforme du système éducatif et nous avons déjà présenté celui pour le pré-primaire qui consiste à un curriculum pour le 2-6 ans au pré-primaire. Celui du primaire sera présenté très prochainement.
Nous sommes très occupés sur le terrain à terminer notre programme de réforme. Pour revenir à votre question, je peux vous dire que nous avons été sollicités par plusieurs partis extraparlementaires, mais nous restons sur nos propositions dès le départ, qui sont des politiciens propres, sans casseroles et qui ont à cœur l’intérêt du peuple, le progrès et développement du pays. Adhérer à notre philosophie d’éliminer le népotisme, le communautarisme et faire revivre la démocratie, l’indépendance des institutions, la méritocratie et l’égalité pour une deuxième république en adoptant notre slogan anou reset nou pei.

 

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