JACKPOT DE RS 10 MILLIARDS—BACHOO AU PS PATHER: « Li pou met twa deor si to pa sign let-la ! »

Après trois jours d’interrogatoire intensifs dans les locaux du Central CID, l’Acting Senior Chief Executive au ministère des Terres, mais Permanent Secretary aux Infrastructures publiques en 2009, Kandasamy Pather, a poussé à la mi-journée un ouf de soulagement. Devant les explications et éclaircissements par ce haut fonctionnaire quant à son rôle et ses responsabilités dans le dossier Betamax, avec un contrat-jackpot de Rs 10 milliards, les enquêteurs du Central CID ont entériné la décision d’abandonner l’idée de procéder à son inculpation provisoire sous une double charge de violation des dispositions de la Central Procurement Act pour des contrats de cette envergure et de “conspiracy”. Au cours de la séance de Questioning Under Caution de ce matin, Kandasamy Pather a joué son va-tout pour convaincre les enquêteurs qu’il a subi des pressions et des menaces de la part des dirigeants politiques de l’époque pour apposer sa signature au bas de la correspondance en date du 12 janvier 2009 en faveur du groupe Bhunjun pour le projet de fret pétrolier. Face aux questions des enquêteurs de la Cyber Crime Unit de la police, il maintient n’avoir rien à se reprocher et n’avoir fait que son travail. Ainsi à 13 heures, Kandasamy Pather, accompagné de ses xonseils légaux, Mes Athon Murday, Roobesh Ramanjooloo et Renouska Daliah, a quitté le Central CID sans aucune charge retenue contre lui.
Comme mentionné dans l’édition du Mauricien d’hier, le Senior Chief Executive est revenu sur l’ombre du Big Boss, qui a plané sur le dossier de Betamax pour le compte de la State Trading Corporation de la fin 2008 au début 2009. Mais tout au long de l’interrogatoire d’hier après-midi, il n’a pas nommément identifié ce “Big Boss”, même si l’identité peut être décodée des plus facilement.
Kandasamy Pather a relaté en détail les confrontations ayant eu lieu entre le vice-Premier ministre, Anil Bachoo, et lui sur le dossier de Betamax entre le 18 décembre 2008, date de la décision du conseil des ministres d’allouer cet important contrat au groupe Bhunjun sans passer par les appels d’offres, contrairement aux dispositions de la Central Procurement Act, et ce 12 janvier 2009, quand il n’avait eu nul autre choix que de signer la correspondance officielle adressée à Vikram Bhunjun au sujet du contrat pour le fret pétrolier. « Li pou met twa deor si to pa sign let-la ! » aurait déclaré en substance, et en guise de menaces, le vice-Premier ministre Bachoo devant les objections formulées par le Senior Chief Executive Pather contre les procédures adoptées pour allouer un contrat de plus de Rs 10 milliards sur une période de 15 ans. Ces pressions avaient été exercées vu qu’à plusieurs reprises, il a repoussé l’idée de signer cette lettre officielle à Vikram Bhunjun. Il a été entendu sur l’idée de l’identité du Big Boss mis en avant par Anil Bachoo pour l’acculer et a fait comprendre que ces remarques du ministre représentaient une menace de licenciement et de limogeage à son égard.
Un autre détail qui pourrait jouer en faveur de Kandasamy Pather pour échapper à une double inculpation provisoire, après l’épreuve de la convocation formelle au Central CID, est que le « Dirty Work » dans le dossier Betamax avait été exécuté par un Deputy Permanent Secretary au ministère des Infrastructures publiques, jugé extrêmement proche de l’aspirant en devenir du Parti Travailliste, Anil Bachoo. Le comble des coïncidences a voulu que ce fonctionnaire soit propulsé subséquemment sur le board de la State Trading Corporation (STC).
Un examen des Minutes of Proceedings dans le dossier Betamax au ministère des Infrastructures publiques confirme que, pour la période allant de fin 2008 à début 2009, tout le “groundwork” sur le projet de financement et d’opération d’un pétrolier au nom de la STC avait été confié à ce Deputy Permanent Secretary, jugé proche d’Anil Bachoo. Le rôle du Senior Executive Officer avait été résumé à une simple signature sur la lettre du 12 janvier 2009 et littéralement contre son gré, selon ses dires.
A ce stade de l’enquête du Central CID, très peu de détails ont filtré quant au calendrier des convocations formelles pour les prochains jours. Sur la base de la version des faits de Kandasamy Pather, il ne fait aucun doute quant au passage d’Anil Bachoo et de Rajesh Jeetah dans l’Interrogation Room du Central CID. Cette étape sera-t-elle franchie avant ou après l’audition du Deputy Permanent Secretary au ministère des Infrastructures publiques muté par la suite à celui des Utilités publiques ?
Après ce premier volet dans la Betamax Saga avec le choix porté sur le groupe Bhunjun, le Central CID devra se pencher sur les négociations menées avec Vikram Bhunjun quand le dossier a été transféré au Commerce, ministère de tutelle de la State Trading Corporation (STC). En effet, lors des discussions au sujet des modalités de ce contrat d’une valeur de Rs 10 milliards, la plus importante condition, à l’effet que les Freight Rates devront être inéluctablement indexés à l’Indicative Market Rate du Baltic Exchange, avait été abandonnée.
L’élimination de cette condition favorise de manière considérable sur le plan des opérations financières le groupe Bhunjun aux dépens des intérêts de la STC et du gouvernement. L’enquête devra déterminer l’instigateur de cette décision majeure et l’un des protagonistes, qui sera sur le gril aux Casernes centrales, n’est nul autre que le secrétaire permanent au Commerce, Rechad Hosany, vu qu’à partir de janvier 2009, ce ministère avait pris le relais de ce dossier des Infrastructures publiques. L’ancien directeur exécutif de la STC, Samoorooah, l’homme derrière le scandale du hedging, devrait également passer par le Central CID.
Ce même chef de Cabinet avait présidé la réunion du board de la STC du vendredi 27 novembre 2007, où le feu vert pour la signature du contrat Betamax avait été donné. Pour cette partie de l’enquête, l’ancien ministre Mahen Gowressoo ambitionne le rôle de Star Witness, car les instructions du Big Boss avant le Cabinet Meeting de ce jour-là était : « Si to pas sign sa kontrat-la zordi, tanto to pran to paleto to alle ! ».

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