JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FILLE : Récit d’une Survivante…

VEENA MATABUDUL-PULTON

Mesdemoiselles les teenagers,…chaque 11 octobre, vous êtes plébiscitées dans le monde entier!

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En 2011, l’Assemblée générale des Nations unies décrète qu’une Journée internationale de la fille ou l’International Day of the Girl Child sera célébrée en votre honneur.

Introverties, avec une tendance à vous enfermer dans une bulle d’évasion et à retrouver au plus vite les bras de Morphée, tout en vous laissant emporter dans un voyage onirique, ou alors… extraverties et expansives, exubérantes et même parfois excentriques…ne l’êtes-vous pas à la fleur de l’âge? Quoi qu’il en soit et peu importe votre trempe ou votre tempérament, que choisiriez-vous comme devise ou mantra jeunesse?  Pourquoi pas…Live and let live! Let it Be! ou Que Sera, Sera!…Le choix vous appartient!

Il va sans dire que vous êtes quasi toutes connectées avec l’univers, devenu, grâce au digital, un global village. Vos horizons élargis, votre cercle d’ami(e)s agrandi, vous êtes comblées. Mais que faites-vous en cas de dérives?

Mordues d’internet, nombreuses parmi vous s’évadent dans cet espace virtuel, espérant rencontrer ce Prince des Mille et Une Nuits, qui transformerait votre existence parfois si morose et si monotone, en un véritable conte de fées. Vulnérables, fragiles comme une fleur, vous vous dénudez ou vous vous déshabillez aux yeux de ces cyber-prédateurs aux aguets. Embobinées et embobelinées, vous tombez aveuglément dans la gueule du loup…ce piège tendu par ces internautes aux intentions pernicieuses et malveillantes.

Mais, quand le mal est fait, votre vie ne s’écroule-t-elle pas comme un château de cartes? Recoller les morceaux, panser les plaies, soigner ce cœur brisé et surtout, retrouver le goût de vivre…telle sera désormais votre bataille acharnée. Mais sortiriez-vous indemnes de ce vécu traumatisant? Only time will tell…

Victimes d’agression sexuelle, certaines préfèrent se murer dans le silence ou se recroqueviller, alors que d’autres, englouties sous terre ou achevées de sang-froid, n’auront jamais l’occasion de faire entendre leur voix. Celles qui osent, dénonceront leur(s) bourreau(x)…à travers les réseaux sociaux entre autres. Au Royaume-Uni, par exemple, le déluge de témoignages d’adolescentes, victimes de propos sexistes et de violence verbale, qui partagent leur triste parcours numérique sur le site internet “Everyone’s Invited,” démontre à quel point les abus en ligne sont légion.

Dans une autre sphère, les enfants qui ont précocement accès à la violence virtuelle, sont-ils susceptibles de banaliser la brutalité au point de la vivre comme une “expérience normale”? Or, c’est dans ce contexte d’outrage sexiste et de perversion infantile, un sujet jadis tabou, que j’ai choisi de vous faire (re)découvrir un récit autobiographique acclamé par les critiques, et qui s’intitule, “ Know My Name -The Survivor of the Stanford Sexual Assault Case Tells Her Story” de Chanel Miller.

Bouleversant, audacieux, réaliste mais surtout, une belle leçon de courage…le récit des mémoires de Chanel Miller, l’est sous toutes les coutures.

Dans un monde où le paraître supplante l’être, qu’est-ce qui peut exhorter une jeune fille, victime de viol, à sortir de l’ombre et à renoncer à son anonymat pour affronter son détracteur dans une cour de justice? Qu’est-ce qui peut inciter cette même jeune fille à immortaliser sa poignante mésaventure par le biais de l’écriture, alors qu’une autre l’aurait enfoui au tréfonds de sa mémoire ou jeté aux oubliettes?

Blessée et brisée dans sa chair et dans son âme, la miraculée est d’abord en proie à des doutes et à l’incompréhension.

Why me? Have I failed to protect myself?” Quel supplice!

Si la cour de justice est bel et bien  “…a kingdom, a court-house high up on a mountain where justice can be found…,” les victimes sont-elles toutes aptes à gravir jusqu’à la cime de cette montagne pour retrouver le paradis perdu, surtout quand il leur faut emprunter une pente escarpée? Comment se défendre? Quelle approche adopter pour convaincre?

“I wondered what behaviour was acceptable for a victim? What tone?

I learned that if you’re angry, you’re defensive…flat, you’re apathetic. Too upbeat…suspect. If you weep…hysterical. Too emotional…unreliable.  Unemotional…unaffected. How should I balance it all?” Quel dilemme!

Des mouvements comme #Me Too, fondé par la militante américaine Tarana Burke et des écrivaines comme Chanel Miller, n’instillent-ils pas la force et le courage aux victimes abusées et désabusées pour qu’elles sortent de leur mutisme et ne sombrent dans le désespoir et la rage?

Catharsis, exutoire ou échappatoire…ne dit-on pas que l’écriture libère? L’autobiographie de Chanel Miller, « Know my Name », qui est une ode à la résilience féminine, est aussi un ouvrage ouverture sur le combat d’une jeune fille qui refuse de se laisser bâillonner.

“I have …created power from pain, provided solace while remaining honest about the hardships victims face…”

Le bouleversant témoignage de la survivante de Stanford aux États-Unis tout comme la récente affaire Valérie Bacot en France ou le viol collectif d’une étudiante en médecine à New Delhi, en Inde, en 2012, marqueront inéluctablement l’histoire du judiciaire.

Ce ne sont guère trois feuilletons où tout est bien qui finit bien…mais trois étapes émouvantes et éprouvantes de la vie, où, même si la révolte et la rancoeur engendrent l’amertume, la justice et la clémence font naître un vent d’espoir et d’espérance…pour que le combat continue.

“…we don’t fight for our happy endings. We fight because we pray we’ll be the last ones to feel this kind of pain.” – Chanel Miller.

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