La colère blanche des Mauriciens…

REZA ISSACK

Sport national, la politique, quand elle se joue dans le salon, au bureau ou sur les ondes, elle devient souvent une expression de colère, frisant même l’hystérie. Nous réalisons alors que notre société se stresse et souffre de la névrose. Le vrai stade, cependant, est la rue. C’est là que tout s’entremêle et bouillonne. Et c’est bien là que nous prenons conscience de notre inconscience.

- Publicité -

La rue, le lieu de rendez-vous par excellence de la population. C’est ici que les politiciens devraient marcher. Librement. Se fondre dans la foule. Écouter les vérités du territoire, palper les contraintes et la souffrance des petites gens surtout. Découvrir leur déception. Car ils sont désillusionnés, bernés. La politique, ils en ont ras-le-bol!

La plupart des Mauriciens prennent nos politiciens pour de fieffés menteurs dont les promesses pré-électorales ne sont que des duperies. Une fois élus, ceux-ci souffrent d’amnésie sélective. Le pire, c’est qu’ils adorent ce qu’ils ont eux-mêmes brûlé pendant la campagne électorale et qu’ils commettent les mêmes excès et péchés que naguère ils dénonçaient.

La population contient sa colère. Elle rejette l’arbitraire, les passe-droits, les mauvaises décisions, les nominations claniques ou romanesques, les dessous-de-table (ou de jupe), les abus de pouvoir, la tolérance de l’intolérable, la mollesse, la dépravation, les insultes et vulgarités, l’arrogance, le dilettantisme, le communautarisme, l’incompétence, la lenteur administrative, l’impunité, la condescendance, les vendettas, l’épicurisme, une justice à deux vitesses, le cover-up, les cochonneries… Écœurée, elle est écœurée cette population !

Ajoutons à cette hideuse liste, les accidents de la route, la violence contre les femmes, la pédophilie, l’inceste, la drogue, l’alcoolisme, la délinquance juvénile, les attaques contre les touristes, les vols avec ou sans violence, la brutalité policière, l’insécurité, la sorcellerie, le surendettement, la pauvreté et autres actes sanguinaires.

Comment faire face à toutes ces calamités? On est appelé à gérer, neutraliser et extirper ces maux… Tâche difficile, certes, mais, avec une bonne dose de volonté politique, on parviendra à surmonter bien des obstacles. Il faut gouverner dans la fermeté et non dans la contradiction ou l’atonie. Il faut agir, et ce immédiatement. Une administration, ça bouge, ça secoue. Tout pouvoir, pour être effectif, a besoin d’être décentralisé. La concentration du pouvoir est tout aussi autodestructrice qu’égocentrique. L’indécision, la lenteur et la frilosité empoisonnent un gouvernement et, conséquemment, frustrent un pays.

Le peuple attend de ses dirigeants des résultats concrets découlant d’une gestion saine et exemplaire. Il a besoin de ministres, députés, fonctionnaires, journalistes et responsables d’institutions terre-à-terre, honnêtes, intègres, voire incorruptibles. Une île ne respire pas avec son lot et son flot de scandales quasi quotidiens. Elle crève.

Faut-il pour autant désespérer? Non. Car le pays a bien des atouts. Et parce que, malgré leur exaspération, les Mauriciens constituent une belle nation. À eux de séparer le bon grain de l’ivraie!

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour