Pour la création du CSEB – CENTRAL SUSTAINABLE ELECTRICITY BOARD

Pourquoi dépenser des milliards quand avec seulement 35 millions de roupies, la CEB a pu éviter de recourir à une capacité de production d’électricité conséquente de 14 MW, simplement en distribuant un million d’ampoules économiques? Le contraire – construire une centrale de 14 MW – aurait coûté au moins…Rs 800 millions ! Deuxième question qui démontre le gros risque de gaspillage inutile auquel nous faisons face: les moments où la demande d’électricité atteint des pics record n’ayant lieu que quelques jours, voire quelques heures dans l’année, pourquoi alors construire de nouvelles centrales qui vont être sous-utilisées la plupart du temps ?
Quand la demande augmente, ce premier réflexe immédiat qui est de chercher à accroître la production (le supply) n’est pas le bon. Il faudrait au contraire avoir pour réflexe d’éliminer les gaspillages et  diminuer la demande. Un exemple : l’été arrive et les Mauriciens vont se jeter sur les air-conditioning equipment. C’est l’air-conditionné qui cause dorénavant les grands pics record de consommation chaque été. Pourquoi ne pas mettre une taxe sur les climatiseurs électriques qui subventionnerait les climatiseurs solaires ? Ce serait utiliser la force du soleil qui cause la chaleur pour alimenter les climatiseurs qui vont justement enlever cette chaleur.  Ca coûterait bien moins  que de construire une centrale…
Mais le premier pas ce serait de demander d’abord à la population de diminuer l’utilisation des climatiseurs. Tout simplement. Les Mauriciens savent déjà qu’en période de sécheresse, il faut éviter de gaspiller l’eau, et les comportements sont modifiés en fonction. Dans notre vie de tous les jours, l’électricité est aussi précieuse que l’eau. Faisons donc des campagnes fortes pour que les Mauriciens fassent preuve de modération dans leur utilisation de l’électricité.
Allons plus loin. Le MID levy, à coup de 30 sous sur chaque kilo de charbon et chaque litre de produits pétroliers, ramènent dans les caisses de l’État chaque année au moins Rs 500 millions. Environ 300 millions vont dans le MID Fund. Les 200 millions restants pourraient financer des bonus… au CEB en échange pour avoir évité des MWs qui auraient coûté des milliards au pays. N’oublions pas : une centrale, ce sont des milliards non seulement à construire mais ensuite à maintenir tous les ans en termes d’importations de produits fossiles.
Cela a l’air excessif comme idée. Mais en fait, ce ne l’est pas. Le budget du CEB est dans le rouge. De plus, son modèle de fonctionnement, c’est de gagner de l’argent sur la quantité d’électricité que chaque Mauricien consomme. En clair, le CEB ne gagne pas d’argent quand il réussit à pousser les Mauriciens à diminuer leur consommation. Il en perd. Et le déficit du CEB s’aggrave. Il nous faut sortir de ce piège. Le CEB a fait économiser au pays au moins Rs 800 millions quand il a distribué un million d’ampoules économiques au prix de Rs 35 millions, Si en retour le CEB avait reçu, disons, une prime Rs 150 millions, le pays aurait toujours réalisé une grande économie, mais en plus le CEB aurait reçu une belle somme pour renflouer ses caisses en partie et aurait eu encore plus la motivation de continuer à plein régime dans la voie des économies d’énergie. Tout le monde y gagne : le pays, le CEB, les générations futures.
Mieux, il faut bien comprendre que lorsqu’une nouvelle centrale se construit, CEB ou pas, les Rs 2, 3 ou 4 milliards que cela nécessite sont des sommes empruntées qu’il faudra rembourser. Qui rembourse ? Nous, bien sûr, les consommateurs du CEB à chacune de nos factures mensuelles. Mais le CEB en fait ne gagne rien dans l’opération. Il joue juste le rôle de caissier collecteur qui va ensuite transférer l’argent à rembourser à celui qui l’a emprunté, soit l’Etat, soit un businessman qui s’est lancé dans la production électrique (Independent Power Producers – IPPs). Les caisses du CEB restent vides tandis que les poches du consommateur se vident.
En revanche, avec le MID levy, c’est un fonds auquel les consommateurs contribuent déjà, de près ou de loin. Il fait donc sens qu’une partie de cet argent vienne en aide au CEB lorsqu’il diminue les besoins d’électricité du pays. Quand le CEB permet d’éviter 14 MWs de nouvelles centrales, ce sont non seulement Rs 800 millions en coût de construction, mais aussi des millions de roupies par an d’importation de charbon, d’huile lourde et de gaz que les Mauriciens n’auront pas à payer. Si pour chaque MW évité, le CEB recevait Rs 10 millions, le pays tout entier en sortirait gagnant et Maurice deviendra une Île durable.
Il existe ainsi toute une panoplie d’actions simples et relativement peu coûteuses en ce sens. Non seulement la distribution d’ampoules économiques est une mesure qui peut être répétée à encore plus grande échelle, mais le CEB peut, par exemple faire campagne auprès des Mauriciens pour qu’ils utilisent moins de climatiseurs, ou installent des climatiseurs solaires / mettre des ampoules LED à très basse consommation dans tous les bâtiments publics et sur les  routes / subventionner le remplacement des vieux réfrigérateurs et autres appareils électroménager très gourmands en énergie. Tout cela coûtera des millions, bien sûr, mais il vaut mieux dépenser des millions que des milliards…
Espérons que le nouveau budget 2014 le comprendra et qu’on verra bientôt le CEB devenir un Central Sustainable Electricity Board.

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