La guerre, incalculables souffrances

Aucun Mauricien digne de ce nom n’a pu rester insensible cette semaine à l’annonce qu’une soixantaine de nos compatriotes étaient restés bloqués après l’interruption des services aériens à l’aéroport Ben Gurion, à Tel Aviv, en Israël.

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Nous avions tous eu une pensée spéciale pour les 36 pèlerins chrétiens de la paroisse de Ste-Hélène, à Curepipe Road, partis en pèlerinage en terre sainte, ainsi que nos 17 compatriotes de foi islamique en transit à Bethléem après un Umra en Arabie Saoudite et 10 membres de foi bahai bloqués au nord d’Israël, et qui à un moment, s’étaient retrouvés à un jet de pierre des foyers de guerre opposant l’armée israélienne au groupe Hamas. Les membres de la délégation dirigée par le père Gérard Mongelard n’oublieront pas de sitôt le son des sirènes annonçant les attaques à la roquette dans les environs de Jérusalem.

Le succès de l’opération ayant permis aux pèlerins de quitter Bethléem pour surmonter les obstacles afin de reprendre en toute sécurité la route du retour à Maurice relève presque du miracle, lorsqu’on sait que des attaques ont été menées par le Hamas contre l’aéroport Ben Gurion, où devaient initialement embarquer les voyageurs mauriciens. La présence de ces Mauriciens non loin de l’enfer de la guerre nous a permis de nous intéresser de plus près à ce conflit sanglant.

Toutes les informations tendent à indiquer que la situation s’embrase. Un premier bilan du nombre de victimes enregistrées depuis le début de la guerre samedi dernier fait état de près de 2 800 décès, aussi bien dans la Bande de Gaza qu’en Israël, sans compter les blessés, qui se comptent par milliers. Les images que nous montrent les chaînes de télévision internationales et les témoignages poignants sur la violence et la brutalité rapportées sont insoutenables.

Israël veut actuellement évacuer près d’un million de personnes de la bande de Gaza, alors que le Hamas s’y oppose. On craint désormais le pire, alors que les Israéliens se préparent à une opération terrestre dans la bande de Gaza en vue, entre autres, de libérer les otages détenus par le Hamas.

Voilà des décennies que le conflit israélo-palestinien donne du fil à retordre à la communauté internationale. Le grand problème est que la question palestinienne reste entière. La volonté de la création de deux États indépendants à savoir Israël et la Palestine, l’un à côté de l’autre, apparaît comme un mirage. L’orgueil et le mépris manifestés par Israël vis-à-vis des Palestiniens n’ont pas permis, selon des observateurs avisés, de faire progresser les négociations.

Les attaques lancées par le Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre dernier, provoquant des centaines de victimes israéliennes, ont été vues par des observateurs comme une humiliation pour ce pays. Jamais de tels attentats n’avaient fait autant de victimes et jamais le sol israélien n’avait été foulé par ses adversaires, fait-on ressortir. Toutefois, ce que les Israéliens ont subi, ils l’ont fait subir aux Palestiniens pendant des décennies.

Maurice a jusqu’ici joué la prudence en exprimant sa solidarité avec « les familles de toutes les victimes de ce conflit ». Ainsi peut-on lire dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères diffusé au début de semaine : « Conformément à sa position de principe, Maurice réitère sa condamnation de tous les actes de terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Maurice demande à toutes les parties concernées de s’abstenir de prendre des mesures qui généreraient plus de violences. »

Maurice se contente de demander à la communauté internationale de « trouver d’urgence une solution juste et durable à ce conflit, qui a causé tant de souffrances inutiles ». L’opposition abonde dans le même sens. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lance ainsi « un appel au calme, à des discussions et à une cessation de la violence ». Tout comme le gouvernement, il se prononce pour la création de deux pays indépendants.
À Maurice, il est de notre devoir d’agir prudemment et de ne pas permettre que des considérations externes viennent diviser la population, tout en faisant ce qui est en notre pouvoir pour promouvoir la paix, même si c’est difficile.

Jean Marc Poché

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