La politique par excellence de faire le dos rond

Dans six semaines exactement, la transition entre 2023 et 2024 se fera tout en souplesse. Certes, une semaine auparavant, ceux qui croient encore au Père Noël l’auront reçu avec en retour des cadeaux. Mais la cruauté, qui marque avec impunité le quotidien sur la planète Terre, fait que la magie de Noël s’est estompée déjà. Même si les plus optimistes souhaiteront que la nouvelle année s’annonce meilleure que celle qui vient de s’écouler.
À Maurice, l’année 2024 se profile encore plus mouvementée. Politiquement parlant. L’année où sera annoncée la date des élections générales. À partir de demain, avec la First Session de la Seventh National Assembly convoquée le 21 novembre 2019, les dispositions de la Constitution sont sans équivoque: le présent mandat législatif entame sa dernière année menant à la date fatidique où The National Assembly will stand adjourned.
Que ce soit sous les arcanes du pouvoir ou dans les rangs de l’opposition, l’heure sera au bilan. Car des bilans établis jailliront les programmes électoraux dans un camp comme dans l’autre. Le vote de l’électeur impose un devoir de redevabilité que ce soit pour le parlementaire sur le plan individuel ou du groupe au sein duquel il a évolué dans l’hémicycle.
Ce passage obligé menant au scrutin ferme la porte avec un gros kadna à la politique de faire le dos rond, pratique par excellence jusqu’ici face aux critiques et dénonciations. Au tableau des passifs et des actifs de la nation, la santé et l’éducation demeurent les deux mamelles du bien-être de la population., surtout pour la jeunesse d’aujourd’hui, la République de demain.
Avec le système de protection sociale, comprenant des prestations aux plus vulnérables et plus
démunis, la santé publique et l’éducation, gratuité désormais garantie du préscolaire au tertiaire, demeurent le triptyque de l’État-Providence, qui a résisté aux assauts du Targeting. Quoi de plus normal que ces trois dossiers soient au-devant de la scène politique.
Pour les prestations sociales, le bilan se déterminera par rapport à la déclaration sur les Rs 13 500 du 1er octobre 2019 au Swami Vivekananda International Convention Centre. Ce sont les bénéficiaires de la pension qui en feront le compte au moment voulu.
Au chapitre de l ’Éducation, l’échec de l’Extended Programme, soi-disant la voie de rattrapage proposée à l’intention des 30% de recalés du Primary School Achievement Certificate (PSAC), attend encore d’être réglé. À cela est venue se greffer la tergiversation légendaire des autorités au sujet de l’introduction du kreol morisien au programme du Higher School Certificate (HSC).
Cela, en dépit du fait que le successeur du cardinal Maurice E. Piat, Monseigneur Jean-Michaël Durhône, en tant qu’évêque de Port-Louis et pédagogue de formation, a déjà situé l’enjeu visant à revaloriser les périphéries de l’Éducation nationale.
Nullement étonnant qu’avec la proclamation prochaine des résultats des examens de fin de cycle primaire ou secondaire sans compter ceux du National Certificate of Education, avec sa cohorte d’échecs de l’Extended Programme, le bilan de l’Éducation puisse se faire anticipation à l’échéance électorale.
Et quid de l’état de la Santé publique? Et si le nombre de cliniques privées en opération dans des endroits stratégiques de l’île était révélateur d’un malaise latent minant ce pan majeur du Welfare State? C’est vrai que les cliniques ne sont pas exemptes de toute critique.
La première question à laquelle aura à répondre tout patient lors de son admission en clinique privée ne se résume pas à son état de santé; mais avant-tout et surtout de quelle manière, la note de traitement médical pendant le séjour sera-t-elle réglée? Les détails de la police d’assurance médicale s’avèrent plus importants que le dossier médical du patient.
Aussi futé qu’il soit, le ministre de tutelle, Kailesh Jagutpal, rétorquera que la porte de la clinique privée n’est pas à la portée de tout Mauricien. Granted! N’a-t-il pas égrené pour 2022 les 8,9 millions d’Attendees, les 166 000 d’admissions, les 49 000 interventions chirurgicales ou encore les 2 600 patients recensés dans les wards des hôpitaux chaque jour?
Toutefois, ces chiffres, aussi éloquents soient-ils, sont encore loin d’être porteurs de conviction que le diagnostic Jagutpal à l’effet que tout va très bien à la Santé, Madame la Marquise, est sans erreur médicale.
D’ici la dissolution de l’Assemblée nationale, les placards de la Santé devront être
débarrassés des ventilators de Pack & Blisters, qui n’ont été d’aucune utilité au plus fort du Covid-19, des millions de doses de Molnupiravir cotées à des prix exorbitants ou encore l’odeur écœurante des lalos et margozes, impropres à la consommation. Tiens, les factures payées rubis sur l’ongle par la Santé pour l’achat de bouteilles de Black Label et de vins rosés, risquent d’intoxiquer davantage tout bilan de Santé…

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