Depuis le 29 novembre 2024, jour de la convocation de la première séance de la 8ᵉ Assemblée nationale, la Parliament TV a gratifié la population de 12 séances avec un ton et une ambiance nettement différents de ceux auxquels elle avait été habituée. Certes, tout n’est pas encore parfait. Les néophytes au sein de l’Assemblée nationale poursuivent leur apprentissage en tant que Honourable Members. Les plus aguerris apprennent à s’adapter au nouveau mode de fonctionnement.
Surtout, l’opposition. Ses deux membres, aussi endurcis soient-ils en matière de pratiques parlementaires, l’un ayant été un Frontline Minister et l’autre, qui a fait ses dents en politique en tant que Deputy Speaker et aussi Speaker attitré, même pour quelques séances avant les dernières élections générales, se rendent à l’évidence qu’il ne sera pas facile d’affronter une majorité numériquement écrasante.
Mais ce qui est évident, c’est que la démocratie et le droit à la parole respirent avec Madam the Speaker assumant son rôle de manière élégante. Et cela, même si parfois, elle laisse voir des débordements de part et d’autre. Ce n’est pas l’heure de l’évaluation. Comme l’a si bien dit dans un autre contexte, et à plusieurs reprises lors de son intervention vendredi, le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger : « Nous avons encore cinq ans… »
Mais toujours est-il que de jeunes parlementaires ont déjà passé la rampe. La nouvelle majorité a eu la main plus que heureuse avec le choix de Babita Thannoo de Rezistans & Alternativ pour la présentation de la Motion of Thanks to the Presidential Address. De par sa sobriété, le ton de son intervention, le choix de ses mots et sa prestance oratoire, la parlementaire, qui a fait tomber l’ancien Premier ministre aux dernières élections, a projeté une image nettement plus revigorante du Parlement et de la politique que celle de la hargne du Loudspeaker d’antan ou de la soif de vengeance des spécialistes de Points of Order.
Dans un autre registre, l’intervention de Rubina Dawreeawoo, élue de Rivière-des-Anguilles/Souillac face aux deux piliers du MSM, a donné raison à Madam the Speaker, qui avait auparavant fait comprendre aux parlementaires qu’une participation aux débats au Parlement ne se résume pas à la lecture d’un bulletin d’information.
D’autres nouveaux venus au sein de l’hémicycle, à l’instar de Ram Etwareea, surtout un vieux de la vieille pour ceux qui l’ont connu avant sa parenthèse à l’international, ou encore Annabelle Savabaddy, sans oublier les quatre députés de Rodrigues, se fraient un chemin au fil des séances avec des interpellations les unes plus percutantes que les autres. Toutefois, aucune règle n’interdit la présence de pourfendeurs dans l’hémicycle aussi longtemps qu’ils se comportent en tant que Honourable Members.
Néanmoins, sans porter de jugement de valeur sur sa démarche aussitôt la proclamation des résultats des élections du 10 novembre dernier, le chevronné Franco Quirin, qui aspirait à d’autres responsabilités au sein de la Res Publica, doit se sentir mal à l’aise. Surtout lors de la séance de vendredi dernier, quand le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a évoqué la nécessité d’une Anti-Defection Law. La seule consolation de l’élu du No 20 est qu’il siège en indépendant en désertant les bancs de la majorité.
Les débats sur la Motion of Thanks ont consacré des maiden speeches, laissant entrevoir de belles perspectives sur le plan des pratiques démocratiques. Mais bientôt, très bientôt, la réalité réveillera plus d’un d’entre eux.
Et ce n’est nullement un hasard si c’est au doyen du Parlement, celui qui y siège depuis les élections générales du 20 décembre 1976, les premières après celles du 7 août 1967 pour l’accession de Maurice à l’indépendance, que revient cet insigne honneur. Dans son style propre à lui, Paul Bérenger a mis en garde contre le fait que « des décisions difficiles devront être prises ». Notamment avec la présentation du premier budget du gouvernement de l’Alliance du Changement par nul autre que le Premier ministre, Navin Ramgoolam.
Le prochain budget est prévu pour le mois de juin. Mais celui qui traîne sa bosse politique depuis bien avant la naissance du MMM brandit des urgences susceptibles d’affecter le quotidien de tout un chacun, qu’il ait voté en faveur du gouvernement ou de l’opposition. L’électricité et l’eau font partie intégrante de la vie de tous les jours. Le changement climatique n’aide nullement à conjurer ces dangers.
Le fléau de la drogue n’est plus une affaire de l’autre. Les parents savent que le moindre instant d’inattention peut coûter cher en termes d’accros aux stupéfiants, avec tout ce qui suit comme violence ou drame, que ce soit au sein des cellules familiales ou dans la société.
Le leader du MMM ne s’est pas cantonné aux rivages de la République de Maurice. De nouveau, il a tiré la sonnette d’alarme sur le danger qui pend au nez du seafood hub, un des piliers du secteur des exportations.
Pourtant, il y a autant de raisons de ne pas baisser les bras, car As One People, As One Nation, comme cela a été le cas depuis le 12 mars 1968, nous avons le devoir sacré de Let Mauritius be Mauritius Again…
Patrick Michel