LA SONNETTE D’ALARME – Seules des politiques de rupture peuvent sauver la biodiversité

Dr DIPLAL MAROAM

Le caractère anthropique du réchauffement climatique n’est plus à démontrer ; le 6e rapport du GIEC publié le mois dernier mettant en lumière « des preuves irréfutables », selon les mots mêmes du Secrétaire général de l’ONU, a d’ailleurs porté un véritable crochet à l’hypothèse des climatosceptiques, hypothèse semant le doute sur l’incidence des activités humaines sur ce phénomène environnemental. Ces derniers, manifestement, terrifiés par les perspectives d’une modification des paramètres écologiques au détriment de la biodiversité et la planète sont, toutefois, réfractaires à toute notion de changement de modèle économique perçu comme garant de leurs intérêts socio-professionnels. Soulignons, à propos, que les géants pétroliers avaient dépensé plus d’un milliard de dollars en lobbying et relations publiques en vue de façonner l’opinion après l’adoption de l’Accord de Paris en décembre 2015. Tout espoir n’est cependant pas, pour autant, perdu. En effet, en mai dernier, la cour de La Haye avait condamné l’une des plus grandes compagnies pétrolières au monde, en l’occurrence Shell, à réduire ses émissions de CO2 de 45% d’ici 2030 suite à une initiative judiciaire lancée en avril 2019 par l’ONG internationale « Les Amis de la Terre ». Un jugement hautement significatif, atteignant le nerf central même du système économique actuel, c’est-à-dire, les matières premières de base qui l’alimentent pour le maintenir en vie.

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Gaz à effet de serre

Certes, le rôle des facteurs naturels dans la fluctuation de la température terrestre à plus court terme n’est pas à exclure. C’est le cas, par exemple, des éruptions volcaniques qui ont tendance à abaisser la température de la planète car émettant dans l’atmosphère des particules qui renvoient la lumière du soleil. Aussi, les variations des activités solaires exercent une influence certaine et ne peuvent, par conséquent, être écartées. Cependant, les études démontrent que la contribution au changement climatique de ces facteurs demeure négligeable par rapport aux émissions humaines des gaz à effet de serre, notamment le CO2. En effet, la chaleur émise par la surface de la Terre sous forme de rayonnement infrarouge possédant une longueur d’onde relativement grande est piégée par les gaz à effet de serre dont le CO2, la vapeur d’eau, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), les CFC, etc, agissant comme un bouclier thermique autour du globe terrestre. S’il est vrai que le méthane – gaz produit majoritairement par la décomposition anaérobique des matières organiques du sol par les bactéries méthanogènes et également dans les rizières et l’estomac des ruminants – piège beaucoup plus d’énergie par molécule, le CO2 dont la quantité dans l’atmosphère ne cesse de croître – plus de 60,000 tonnes en plus chaque minute, selon WWF – est le plus grand responsable du réchauffement climatique. En effet, d’environ 280 ppm (parties par million) au moment de la Révolution industrielle, la concentration du dioxyde de carbone est passée actuellement à plus de 410 ppm. Presque la moitié de cette émission s’accumule dans l’atmosphère car la température de l’eau des océans, déjà saturés, à une certaine profondeur, est trop basse pour favoriser l’absorption additionnelle du gaz.

Collapsologie

D’autre part, la négligence de l’urgence écologique liée à la hausse donc des températures terrestres, la multiplication des cataclysmes naturels – feux de forêts, inondations, sècheresses… – et l’effondrement de la biodiversité – plus de 40,000 espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction, selon l’Union Internationale de la Conservation de la Nature, réunie à Marseille du 3 au 11 septembre 2021 –  constituent une des causes fondamentales qui ont suscité l’émergence dans les années 2010 du courant de pensée transdisciplinaire de la collapsologie dont l’hypothèse pointe du doigt les fragilités de nos sociétés par rapport à la consommation d’énergie, aux émissions des gaz à effet de serre, aux inégalités, etc. En effet, aujourd’hui, de deux choses, l’une : soit adopter la vision court-termiste et laisser filer la croissance et nos standards de vie en risquant l’emballement de la dégradation écologique avec toutes les conséquences inimaginables sur la planète, soit prendre en compte les rapports des experts, gouvernements et ONG sur le climat mettant l’accent sur l’impact destructeur de l’homme sur son environnement et faisant ressortir que seules des politiques de rupture – économiques, techniques, sociales, etc – peuvent sauver la biodiversité et la vie dans son ensemble.

                                                                                                                                              

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