L’autre Budget pour une réelle économie de la vie

SONAKSHI DEERPALSINGH *

Afin de permettre à notre pays de se ressaisir après que de nombreuses failles systémiques, présentes à Maurice, sont amplifiées par la crise de la Covid-19, il est essentiel pour notre Budget 2020-21 de se focaliser sur la justice sociale ainsi que la durabilité. Ainsi, nous aurons une économie pour le vivant, et non le contraire. Pour assurer cela, il faudra absolument que des mesures courageuses, innovantes et empathiques soient prises. Ce Budget n’aura nul besoin d’incorporer des adjectifs autocongratulants, car il fera ses preuves dans la vie de chaque citoyen. Il sera nécessaire pour le gouvernement de se rendre compte et d’accepter son rôle en tant qu’employé de la nation, censé œuvrer pour le bien de tout Mauricien pour que la création d’une Économie de la Vie soit possible, et ce grâce à une réelle volonté politique pour le bien du pays. Ce n’est pas trop demander de faire le travail pour lequel on est (généreusement) payé.

- Publicité -

Penchons-nous, sans plus tarder, sur quelques mesures sur les court, moyen et long termes d’une réelle Économie de la Vie.

Fémicide

Sur le court terme, il est essentiel d’assurer que chaque Mauricien ait le droit à une vie sûre, indépendamment de sa communauté ou situation économique. Nous devons nous assurer que les plus vulnérables aient accès à des conditions de vie correctes. Ainsi, toutes les opérations de délogement de squatteurs seront annulées, car ce sont des opérations contre la vie et qui ne prennent pas en considération les sources du problème et ne résolvent rien. Avant d’annoncer la construction de nouveaux logements sociaux, leurs critères, notamment l’architecture et la disposition sur le territoire, doivent absolument être revus en assurant la qualité de vie et la sécurité de leurs futurs habitants. Le fémicide, étant un grave problème à Maurice, une nouvelle branche de la police sera créée avec une plus grande représentation de policières afin de traiter tout cas de violence domestique dès qu’il est rapporté. Une cour, qui ne traitera que les cas de violence contre les femmes et enfants, sera mise en place afin de permettre une action rapide et immédiate contre les suspects qui seront amenés à la cour le jour même ou le prochain jour ouvrable.

Permaculture

Sur le moyen terme, nous devons résoudre notre problématique de sécurité alimentaire. À Maurice, nous importons près de 80% de notre nourriture et sommes donc incapables de soutenir les vies mauriciennes indépendamment. Afin de nous approcher de la souveraineté alimentaire, nous devrons tout d’abord inculquer aux générations futures l’importance de l’agriculture. En implémentant des fermes en permaculture dans les écoles primaires, nous préparons l’île Maurice de demain pour l’autosuffisance alimentaire. Il est aussi urgent de se reconvertir de la monoculture de la canne à sucre à une agriculture plus diversifiée et focalisée sur le fait de nourrir notre population. On se doit aussi de réduire drastiquement les produits chimiques pour protéger la santé des Mauriciens et celle de notre biodiversité. Ne pas adresser la problématique formée par les produits chimiques dans l’agriculture serait synonyme d’accepter une population de plus en plus malade face à ces outils de destruction du vivant.

Empreinte écologique

Sur le long terme, nous devons nous préparer aux crises futures, notamment la crise climatique qui nous touche déjà. En tant que petit État insulaire en développement, si nous ne bâtissons pas une meilleure résilience face à cette crise, il n’y aura plus de futur envisageable pour les enfants mauriciens. Dans aucun cas, un EIA ne pourra être approuvé pour une construction dans une zone écologiquement sensible afin de protéger notre écosystème qui nous tient à l’abri des inondations. Afin de réduire la lourde empreinte écologique du secteur de la construction et ne pas promouvoir un bétonnage irraisonné, tout projet de construction publique devra être urgent ou avoir une forte valeur socio-économique afin d’être approuvé. Nous devons aussi absolument nous tourner vers des ressources à faible impact tels que les briques à base de chanvre. Afin de ne pas se réduire à investir dans des projets à la réussite douteuse pour réduire notre impact climatique, il est impératif de s’engager de façon concrète dans tous les secteurs pour baisser notre empreinte écologique et devenir plus résilients à travers des projets soutenus par la science.

Notre Économie de la Vie aura donc des buts sur les court, moyen et long termes afin de créer une île Maurice où la justice sociale et la durabilité s’épanouiront. Une île Maurice où la vie de chaque citoyen, et pas que celle d’une poignée de privilégiés, sera honorée et respectée.

* Avec la contribution de citoyens concernés, âgés de 19 à 45 ans.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour