Le cas de Navin Ramgoolam

L’annonce, vendredi dernier, que le leader du Parti travailliste et ex-Premier ministre Navin Chandra Ramgoolam avait été hospitalisé après avoir été testé positif au Covid a été accueillie avec surprise et compassion. Les circonstances dans lesquelles il a été infecté n’ont cependant pas été rendues publiques. Il est un fait, toutefois, que son hospitalisation a provoqué une prise de conscience de la part de tous ceux qui, malgré la rapidité de la propagation du virus et le nombre croissant de décès enregistrés ces derniers temps, avaient commencé à banaliser la pandémie, alors qu’on en est frappé de plein fouet. Il n’y a qu’à faire un tour dans les différents lieux publics, y compris les hypermarchés et autres food courts, l’après-midi ou le week-end, pour s’en persuader. On a l’impression d’avoir oublié que nous sommes toujours au milieu de la pandémie et que le virus et ses variants circulent toujours.

- Publicité -

Plus grave encore : les porteurs sont des asymptomatiques qui peuvent nous infecter au moment et dans les endroits où on s’y attend le moins. Ouvrons ici une parenthèse pour féliciter les autorités religieuses pour la solennité avec laquelle l’anniversaire de la mort du père Laval et la fête Gunesh Chathurti ont été célébrés, et pour le respect des protocoles sanitaires.

A une quinzaine de jours de l’ouverture des frontières aux touristes, le cas de Navin Ramgoolam met en lumière une faiblesse dans le système mis en place dans le cadre de la pandémie. Nos cliniques privées ne sont pas suffisamment équipées pour le traitement des cas graves de coronavirus. On a entendu certains opérateurs solliciter l’aide gouvernementale pour l’acquisition d’équipements adéquats. De plus, la nécessité d’avoir une compagnie aérienne nationale digne de ce nom se fait cruellement sentir. Il est impensable que, dans un pays qui a pour vocation d’accueillir des touristes de luxe, aucun avion de la flotte de la compagnie aérienne nationale ne puisse être transformé rapidement afin de transporter un malade dans un centre hospitalier de la région. Nous sommes encore à attendre le « watershed meeting » en janvier pour relancer la compagnie, alors que c’est maintenant que l’industrie touristique a besoin d’une visibilité concernant le transport des touristes. Beaucoup pensent d’ailleurs que le mois janvier sera trop tard si les autorités souhaitent vraiment attirer quelque 650 000 touristes pour la présente saison touristique.
Pour revenir au transfert de Navin Ramgoolam, Air Mauritius étant hors-jeu, on a eu toutes les peines du monde à trouver un avion ambulance. Une première tentative a échoué pour une question administrative liée au versement de frais de déplacement à temps et à l’autorisation de survoler ou d’atterrir aux Maldives. L’arrivée d’un avion correctement équipé a été finalement rendue possible grâce à l’intervention cruciale de la haute commissaire indienne, Nandini Singla, et du bureau du Premier ministre. Le coût du déplacement s’élève à USD 120 000 et a été payé par le gouvernement.

Un proche de Navin Ramgoolam a signé un “understanding” concernant le remboursement des dépenses par le Ptr. Pour le moment, la nécessité que l’aviation civile locale dispose d’une liste de compagnies pouvant à brève échéance mettre à la disposition un avion capable de transporter un malade d’urgence vers un centre hospitalier avancé s’impose.
Finalement, le président du Ptr, Patrick Assirvaden, a eu raison de remercier tous les Mauriciens qui ont soutenu le leader de ce parti, et en particulier le gouvernement indien et la haute commissaire indienne à Maurice, le gouvernement mauricien, qui a facilité son transfert, et l’équipe de médecins qui l’a traité au Wellkin Hospital. Il est réconfortant de voir que, dans un pays démocratique et civilisé, le gouvernement et les politiciens peuvent mettre en veilleuse leurs rivalités politiques, même les plus virulentes, pour accorder à un ex-Premier ministre qui a été à la tête du pays pendant une quinzaine d’années l’attention qu’il mérite. C’est le cas pour tous les pays qui se respectent. Nous souhaitons un bon rétablissement à Navin Ramgoolam.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour