Le long chemin de l’autogestion

Covid-19 oblige, le monde semble aujourd’hui avoir totalement oublié ce qui, jusque-là, monopolisait son attention : le réchauffement climatique, qui se voit désormais relégué au statut de seconde urgence planétaire. Or, comme nous ne cessons de le répéter, cet item est d’une importance hautement plus cruciale que celle du virus, tant les promesses de bouleversements relativement imminents se font de plus en plus précises et catastrophistes. Sans compter bien entendu les autres questions connexes, à commencer par celle de la perte de la biodiversité. Alors que faire ? Attendre sans broncher que nos décideurs « décident » ? Que le monde politique et économique prenne enfin la mesure des défis à relever ? Disons-le d’emblée : sachant les intérêts énormes qui sont en jeu, il serait étonnant de les voir adopter pareille posture.

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Sachant cela, c’est donc au niveau citoyen que tout se jouera. Un peu partout à travers le monde, les populations en ont d’ailleurs pris conscience, en attestent les mouvements de « rébellion pacifique » qui ont pris naissance il y a déjà quelques années, et qui, jusqu’à l’arrivée de la Covid, défilaient encore dans les rues des plus grandes agglomérations de la planète pour dire non au réchauffement climatique, maintenant ainsi la pression sur la sphère décisionnelle. Toutefois, sans vouloir dénigrer l’importance de tels mouvements contestataires, ces derniers n’auront eu que peu d’effets, pas plus du moins que les interventions hypermédiatisées de Greta Thunberg. Est-ce une raison pour ralentir le pas ? Certainement pas, mais il importe dans le même temps de s’engager dans des voies certes moins conventionnelles, mais bien plus porteuses.

Avant d’aborder cette question, il convient de rappeler le dénominateur commun de nos problèmes, y compris le virus, en l’occurrence le moteur même de notre économie : la croissance. Sans elle, comme le prouvent d’ailleurs les multiples épisodes de confinement auxquels l’on assiste depuis plusieurs mois, notre société de marché vacille sur son piédestal. Avec des conséquences dramatiques en l’état, puisque ce faisant, ce sont les fondements de notre économie qui se retrouvent infectés par le virus. Mais aussi avec pour résultat de voir nos émissions de CO2 pour 2020 accuser pour la première fois une baisse sans précédent depuis l’avènement de l’ère industrielle. Et cela, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la planète.

Ce faisant, c’est assurément dans cette voie que nous devons nous diriger. Oui, mais comment, puisque nos politiques semblent résolus à renouer au plus vite avec ce même système qui aura précipité la crise dans laquelle nous nous trouvons ? À vrai dire, plusieurs solutions s’offrent à nous. Ainsi, certains opteront pour l’autosuffisance domestique, consistant à pourvoir eux-mêmes à leur fourniture en eau et en alimentation électrique, voire même alimentaire, avec leur petit potager, etc. Mais tout cela ne pèse pas bien lourd, et ne permettra au final qu’une insignifiante résilience, puisqu’individuelle. En revanche, là où cette autonomie revêt tout son intérêt, c’est dans le concept de développement communautaire.

Nous le savons en effet tous, et probablement depuis toujours : l’union fait la force ! Aussi pouvons-nous imaginer, à l’instar de ce qui se pratique d’ailleurs déjà dans de nombreuses régions du monde, et notamment en Europe, de mettre en place des systèmes de production et d’entraide communautaires. Des regroupements de personnes, donc, ayant toutes des qualifications différentes, mais qui, ensemble, peuvent réellement devenir globalement résilients. Entre “éco-lieux”, fermes biologiques et coopératives, nous n’avons que l’embarras du choix quant à la forme que peuvent prendre ces initiatives locales. Avec, au final, un seul et même objectif : proposer un système qui, au lieu de détruire le vivant, permettrait au contraire l’émergence de microsociétés autogérées, et donc sans qu’elles aient à compter sur quelconque interventionnisme étranger, ne serait-ce même de l’appareil d’État. Ce qui permettrait d’anticiper la prochaine crise. En espérant bien sûr que nous arrivions à surmonter celle-ci…

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