Le parcours exceptionnel d’une fille du désert

VEENA MATABUDUL-PULTON

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Si j’ai choisi de vous faire découvrir ou redécouvrir « La Fleur du Désert » de Waris Dirie et de Cathleen Miller, c’est parce que le parcours exceptionnel de Waris, une jeune femme d’origine africaine, qui est issue d’une famille de nomades, vivant dans le vaste désert de la Somalie, ne vous laissera certainement pas de marbre.

Pour vous éclairer, la Somalie, qui est un État oriental, se situe à trois mille quatre-vingt-neuf kilomètres de notre petite île. Il est aussi un pays majeur de la Corne de l’Afrique et s’étend entre la Mer Rouge et l’océan Indien. C’est en 1960 que la Somalie se libère enfin du joug colonialiste italien et anglais respectivement. En 1991, une guerre dévastatrice met le pays à genoux. Néanmoins, une nouvelle Somalie s’efforce à rompre avec son sombre passé mais comme elle n’est pas épargnée par l’épidémie de la COVID-19, les populations les plus vulnérables sont davantage fragilisées.

Dans le recueil, « La Fleur du Désert », Waris porte le nom d’une fleur qui bourgeonne dans le désert là où peu de choses parviennent à subsister. Et comme cette fleur, la Nomade décrit comment les circonstances de la vie l’obligent à grandir et à mûrir précocement. Bref, elle apprend à survivre, alors que d’autres auraient peut-être déjà jeté l’éponge depuis belle lurette.

Dès le début du récit, c’est le dépaysement. Waris nous emmène dans sa région natale, le désert aride de la Somalie. La vie de nomade est si rude, raconte-t-elle, que « se montrer négatif aurait sapé toute énergie vitale ». Proche de ses chameaux et de ses brebis, analphabète de surcroît, à treize ans, à la fleur de l’âge, Waris est condamnée à un mariage forcé et à une vie de servitude. Mais la jeune rebelle décide un jour d’échapper à son destin. Bravant les obstacles qui surgissent sur son chemin semé d’embûches, elle part à l’aventure.

Elle ira de découverte en découverte. D’abord, son voyage anecdotique dans l’avion. Ensuite, Londres, où elle reste bouche bée quand elle se voit entourée de gens qui n’ont pas la même couleur de peau qu’elle et qui parlent, selon elle, une langue incompréhensible.

Mais comme la fleur qui éclot dans le désert, Waris est prête à se donner corps et âme pour trouver sa voie et s’épanouir dans cet univers étranger. Persévérance et résilience font désormais partie de son vocabulaire. La Somalienne nomade, devenue une employée de maison londonienne, se transformera grâce à un photographe de renom, en une fascinante créature de haute couture. Waris fait désormais la couverture des magazines de mode, notamment Vogue, Vanity Fair, Cosmopolitan et en devient l’égérie. Ainsi débute la prodigieuse carrière de la top-modèle Waris Dirie.

Le mannequin vedette explique aussi comment, grâce à son existence itinérante dans son désert natal, elle parvient à s’adapter à l’exigence du mannequinat. En effet, c’est un métier où il faut voyager sans arrêt et vivre au jour le jour. Élue ambassadrice de l’ONU (Organisation des Nations unies), elle fait entendre sa voix. Tout en parlant des rites ancestraux de son pays, elle dénonce certains abus. Par ailleurs, elle exhorte à ne plus coller une étiquette sur l’image que projette une top-modèle, parfois perçue comme la femme-objet à la cervelle d’oiseau. En levant le voile sur l’envers du décor de la planète mode, elle dévoile le côté sombre du métier brillant de mannequin. Elle met ainsi en garde toutes les aspirantes mannequins qui rêvent de faire partie de cet univers de paillettes où se mêlent rigueur et luxe. Elle stipule que derrière les illusions du glamour, la réalité peut en effet se révéler cruelle et destructrice.

Dans cet univers qui valorise le perfectionnisme, c’est un véritable calvaire que vit la fille du désert, lorsqu’elle doit justifier ses jambes arquées à la suite d’une mauvaise nutrition durant son enfance et les cicatrices causées par les épines et les cailloux.

Retournera-t-elle un jour vers la terre de ses ancêtres? Retrouvera-t-elle un jour son enfance perdue? Si vous êtes curieux de le savoir, je vous laisse le soin de lire « La Fleur du Désert ».

Bonne lecture !

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