Le petit garçon et la Tour Eiffel

GEORGES TOUSSAINT

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Sacha est de retour pour des vacances à Paris, cette fois avec sa petite sœur Tiana. Dès leur arrivée chez les grands-parents, ils se précipitent sur la loggia pour admirer la Tour qui domine tous les immeubles alentour. La visite de la Grande Dame est programmée avec les précautions nécessaires, Covid-19 oblige.

Le jour venu, dès qu’ils débouchent sur le Champ de Mars, la vue de cette Noble Dame est impressionnante.

« N’est-ce pas notre petit Sacha qui nous arrive de Grenoble ? En effet, depuis l’âge de six ans, ce petit homme s’attaque tous les ans à mes escaliers. Comme il a grandi pour ses 10 ans ! Il veille sur une petite princesse qui a à peine plus de six ans et qui ne peut être que sa sœur. Sacha est tout fier de me prendre en photos avec son téléphone portable. »

Après les premiers contrôles, nos jeunes attaquent l’escalier du 1er étage avec leur grand-père tandis que mamie C. prend l’ascenseur. Ils rencontrent moins de touristes que d’habitude. Au fur et à mesure de la montée, grand-père G. doit freiner leur ardeur en commentant des vues de Paris sur l’École militaire, les Invalides et son dôme doré, la Tour Montparnasse qui prend ses aises. Tiana est surprise de voir le métro passer au-dessus de la Seine. Sacha, lui, montre l’immeuble de la Maison de la Radio, les balcons du Trocadéro, le musée du Quai Branly. La princesse s’étonne de voir « le château d’Aladin ». En fait, il s’agit de l’église orthodoxe russe dont les coupoles brillent au soleil.

C’est bientôt l’arrivée au 1er étage. Pendant que grand-père reprend son souffle, Sacha emmène sa sœur au-dessus des vitres transparentes qui font le tour intérieur du monument. Ils prennent les mesures des pieds de la Dame solidement arrimés au sol, et sont très intéressés par le mouvement des énormes ascenseurs.

Soudain, le portable sonne. Mamie, qui n’a pas pu descendre au 1er étage les attend au 2ème. Il faut reprendre l’escalier. Cette fois, la charpente va en rétrécissant. Notre équipe croise des « cordistes » qui sont impressionnés par cette demoiselle qui grimpe allègrement en faisant des commentaires. L’ossature de fer dessine des étoiles. Tiana a hâte de sortir sur le plateau du 2ème étage.

Mamie, qui les accueille avec un goûter, leur fait faire le tour avec vue sur le Bois de Boulogne, sur les grands immeubles de la Défense, sur les toits de verre du Grand et du Petit Palais, sur l’Arc de Triomphe et Notre Dame blessée, sur le Sacré-Cœur qui se détache à l’horizon… La vue sur Paris et la Seine est très dégagée en cette fin de matinée. Ainsi, l’on peut distinguer l’immeuble aux formes arrondies qui abrite les grands-parents.

C’est l’heure de redescendre, cette fois par l’ascenseur. La Tour voit bientôt nos visiteurs s’éloigner en direction de l’est. Après avoir partagé ses photos avec parents et amis, Sacha tient à montrer à Tiana la Tour qui scintille dans la nuit avant d’aller se coucher. Mais à 22 h, le monument ne s’anime toujours pas. Les enfants ne pourront veiller jusqu’à 23h et vont au lit.

Ce soir d’été, la Tour ne tient plus en place, d’autant qu’elle s’est un peu engourdie avec la Covid-19. Elle veut revoir Sacha et la princesse Tiana. Profitant de la nuit, délicatement elle tente un pas à gauche, un pas à droite, se penche en arrière côté Seine, puis s’avance résolument vers l’École militaire qu’elle longe sur la droite. Elle enjambe gentiment le métro aérien près de la station Cambronne et se pose dans le jardin de la résidence où les enfants dorment. Son cœur bat très fort. Son petit prince rêve d’elle. Elle doit se rapetisser, et même se courber en direction du 8ème étage. Là, elle voit Sacha et Tiana tendrement endormis; une petite tour miniature éclaire leurs visages.

Attendrie par ce spectacle, la Grande Dame se retire et revient sur ses pas avec adresse et souplesse avant de reprendre la pose. Elle est rassurée, car elle sait qu’elle aura à nouveau la visite de petits princes et de princesses qu’elle continuera à charmer et à bercer.

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