Le rapport PRB annonciateur des municipales ?

Aussi longtemps qu’on puisse s’en souvenir, le rapport du Pay Research Bureau (PRB) n’a pratiquement jamais, depuis sa création, reçu un accueil triomphal de la part des employés de la fonction publique, en particulier des syndicats. Tout au contraire, on se souvient des vives protestations syndicales qu’il a toujours suscitées durant lesquelles une copie du rapport était brûlée symboliquement. Les directeurs de PRB ont toujours été la cible de violentes critiques assorties de demandes de démission. Ce n’est pas notre ami Rashid Imrith, pour qui nous avons une pensée spéciale, qui nous dira le contraire. Lors de la publication des derniers rapports, les fonctionnaires ont été forcés de signer un document attestant qu’ils en acceptent in toto les recommandations.

- Publicité -

Tout cela pour dire que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui a pris la précaution de se faire entourer de tous les membres de son gouvernement, a osé un pari risqué en venant personnellement présenter le rapport aussitôt après l’avoir validé à la réunion spéciale du Cabinet. Les syndicats n’ont pas dérogé à leurs habitudes. On a assisté dès hier à une levée de boucliers des syndicats, qui n’ont cure des dépenses faites par le gouvernement dans le cadre du Covid.

On s’attendait à davantage, lance Deepak Benydin, qui pensait que le salaire minimum des travailleurs atteindrait Rs 16 000. Bhoopa Brizmohun déplore, lui, que ceux qui ont pris leur retraite en 2020 aient été ignorés. Tandis que Suttyhudeo Tengur trouve que les salariés au bas de l’échelle et ceux de la classe moyenne ont obtenu des miettes. Radhakrishna Sadien, pour sa part, veut une rencontre d’urgence avec le ministre de la Fonction publique. Il réclame un ratio adéquat entre le salaire d’un travailleur et celui d’un haut cadre de la fonction publique. Et pendant que Narendranath Gopee estime que le rapport n’a corrigé aucun manquement, Vinod Seegum constate, lui, qu’il n’y a rien pour les employés opérant dans le système d’éducation.

Il semble que la déclaration du Premier ministre – selon laquelle le rapport nécessitera des dépenses de l’ordre de Rs 6,5 milliards, que les nouveaux salaires des fonctionnaires prendront effet à partir du 1er décembre, que le bonus de fin d’année sera basé sur les nouveaux salaires et que les augmentations salariales prendront effet à partir de janvier 2021 – n’ait pas eu l’effet escompté.

Dans les milieux politiques, on donne également de la voix. Arvin Boolell décrit le Premier ministre comme un « Serial Bluffer ». Ajay Guness parle de volte-face du Premier ministre, qui a remporté les élections sur la base de la promesse que les augmentations entreront en vigueur le 1er janvier 2020. Les dirigeants de l’Entente de l’Espoir devraient faire part de leurs réactions aujourd’hui. Il faudra attendre la publication du document Errors and Omissions, dans neuf mois, pour voir si les disparités ont été corrigées.

Mais, déjà, certains observateurs voient dans la démarche du Premier ministre des signes annonciateurs que les élections municipales pourraient avoir lieu avant la fin de l’année. Les sorties du ministre des Administrations régionales, Anwar Husnoo, se multiplient, les inaugurations et les déclarations dans les régions urbaines bénéficient d’une large couverture à la télévision nationale.

Avec la limite de 100 personnes comme mesure sanitaire, les partis de l’opposition en rangs dispersés ont les mains liées, même s’ils disent qu’ils sont prêts à toute éventualité. Le Premier ministre leur réservera-t-il une surprise à son retour de Glasgow, où il devrait participer au sommet de la COP 26 ?

Par ailleurs, alors que l’industrie touristique donne des signes positifs depuis l’ouverture des frontières le 1er octobre, malgré le nombre de cas positifs de Covid enregistrés, les regards devraient se tourner cette semaine vers Paris, où le GAFI doit avoir une réunion plénière entre le 17 et le 19 octobre. Le secteur financier mauricien retient son souffle.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour