Leevy Frivet (Reform Party) : « Servir les autres dans un langage d’honnêteté et de sincérité »

Ancien attaché de presse du ministère du Travail, Leevy Frivet est candidat du Reform Party dans la circonscription No 1. Actif sur le terrain depuis plusieurs mois, il n’a pas obtenu d’investiture du MSM et s’est ainsi tourné vers le Reform Party afin de continuer le travail qu’il a déjà commencé. S’il garde toujours de bons souvenirs de son passage au MSM, Leevy Frivet prêche désormais une autre politique. Celle « de l’honnêteté et de la sincérité ».

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Vous étiez pressenti pour être candidat de l’Alliance Morisien dans la circonscription No 1, mais à la dernière minute, cela ne s’est pas avéré. Pourquoi vous vous êtes tourné vers le Reform Party ?
Avant de parler de mon adhésion au Reform Party, je pense que la population aimerait bien comprendre pourquoi je n’ai pas eu d’investiture pour les élections générales sous la bannière du MSM. C’est un fait que je travaillais dans la circonscription No 1 depuis quelques mois. Et avant de travailler, j’ai demandé la permission de le faire à la plus haute hiérarchie du parti soleil. Ce n’est pas dans mes habitudes de mentir et je ne vais pas commencer. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ne m’a jamais donné la garantie que j’aurais un ticket. Il était content de ma disponibilité pour labourer le terrain dans un bastion mauve et où il n’y avait pas de candidat MSM, sauf Alain Wong qui avait fui le PMSD. Ma déception n’est pas due au fait que je n’avais pas eu de ticket, mais d’abord, je n’ai pas été informé de la raison pour laquelle que je ne serai pas choisi et deuxièmement, il y a eu la pression d’un lobby sectaire religieux pour que je ne sois pas candidat. Je suis de foi pentecôtiste et j’ai payé le prix cher face à un lobby religieux qui a imposé plusieurs candidatures, toutes de la communauté créole, au MSM. Je voulais faire de la politique, être proche des gens et donc j’ai démissionné de mon poste d’attaché de presse pour être candidat. J’ai choisi le Reform Party car ce parti avait déjà son programme depuis juillet 2019 et ce programme me convient. Un programme qui vise à réduire les gaspillages et qui ose proposer l’abolition de la pension à vie des anciens parlementaires et un programme qui ne contient pas des mini-changements, mais carrément de reformer la façon dont nous gouvernons notre pays. De plus, pour être candidat, il fallait prêter serment en cour pour dire que nous accomplirons ce que nous promettons et qu’on ne pourra pas être des transfuges au Parlement. Quand j’ai rencontré Roshi Bhadain, une longue discussion n’était pas nécessaire. Ni lui ni moi n’étions intéressés de parler du passé. Pour nous, c’est l’application de notre programme et faire de la politique autrement. Et surtout Roshi Bhadain respecte ma foi spirituelle. Au MSM, on m’avait clairement dit de ne jamais dire que « mo dan mision » pour des raisons que je n’ai jamais comprises.

Vous êtes un habitant de la circonscription No 5 et, sans doute, vous êtes aussi très connu. Pourquoi n’avez-vous pas choisi de rester dans cette circonscription ?
Comme je vous l’ai dit, dans la circonscription No 1, il n’y avait pas de présence du MSM alors qu’au No 5, il y avait déjà Soodesh Callichurn, mon ancien patron et ami et aussi Sharvanand Ramkaun. J’ai affectionné le No 1 car j’ai grandi dans une cité et dans cette circonscription, il y en a beaucoup. Donc c’était facile de comprendre les gens, leurs difficultés, leurs appréhensions et je fais aussi de mon mieux pour faire comprendre que le gouvernement sortant voulait le développement dans leur quartier.

Lors de vos différents discours, vous mettez souvent l’accent sur votre milieu et le parcours que vous avez fait. Quelle est votre ambition politique ?
Oui, c’est vrai je ne rate aucune occasion et cela peu importe l’audience de raconter mon parcours, d’expliquer que dans la vie, on peut réussir même si les circonstances montrent souvent le contraire. Il y a un manque d’optimisme dans les cités ouvrières. Il n’y a pas que la pauvreté mais l’exclusion. J’ai grandi avec mon grand-père. Mes parents étaient des toxicomanes. Mon père est mort à cause de son addiction. Par contre, ma mère a pu s’en sortir. Elle est l’une des rares femmes à avoir réussi à le faire. Malheureusement, un cancer l’a emportée en janvier. Malgré tout, en marchant de Baie-du-Tombeau pour aller à l’école, en vendant des fleurs dans la rue Bourbon l’après-midi, j’ai gravi les échelons par la grâce de Dieu. Mon ambition politique, c’est de servir les autres dans un langage d’honnêteté et de sincérité. En ce moment, pratiquement tous les candidats font des promesses juste pour berner les gens. « Mo pou fer twa rantr danle por, dan Cargo, enn ti plas dan lopital, etc », juste pour un vote. Le réveil du citoyen sera brutal le 8 novembre si vous votez pour ce genre de candidats. Je veux avoir une relation de proximité avec mes mandants. J’ai même envie de connaître les 41 000 électeurs de ma circonscription, même ceux qui ne m’aiment pas ou le parti auquel j’ai adhéré.

À travers vos différentes rencontres sur le terrain, pensez-vous que les gens voteront toujours pour les partis traditionnels ou croient-ils plus dans une politique de proximité ?
Ce qui est sûr, c’est que dans le No 1, on votera pour le candidat et non le parti. La plupart en lice ont déjà été députés. Ils ont la tâche plus dure que les nouveaux car ce n’est pas évident de berner encore une fois les gens. Certaines personnes sont des die hards. Mais la majorité estiment que le choix se portera sur le candidat qui saura les convaincre.

Quel sera votre combat dans l’éventualité où vous êtes élu ?
La plupart des gens que j’ai rencontrés sur le terrain se plaignent toujours du manque de présence des députés une fois qu’ils sont élus. Pour pouvoir aider les gens, il faut les écouter, et pour les écouter, il faut les aimer et pour les aimer, il faut avoir un cœur. Si je suis élu, mon combat sera d’être à côté de chaque mandant du No 1. D’ailleurs, j’ai déjà promis d’ouvrir un bureau à Richelieu pour recevoir tout le monde. Le combat se fera avec les gens de la circonscription et non avec des agents sans scrupule qui deviennent des petits dictateurs dans la circonscription.

Regrettez-vous votre passage au MSM ?
Pas du tout. Le MSM m’a donné la chance d’être attaché de presse. J’ai beaucoup appris et j’ai aussi fait de mon mieux. Sans me flatter, j’ai été un des meilleurs attachés de presse de ce gouvernement. Je ne faisais pas de coupures de journaux, mais j’essayais de recoller la vie des travailleurs dont les cœurs étaient déchirés après un renvoi, licenciement, harcèlement au travail, bref de les aider au maximum. Et puis, les vrais amis sont ceux qui restent. Il y a des gens bien au MSM. Soodesh Callichurn, mon ancien patron, mais un vrai ami de tout temps. On a vécu tellement de choses ensemble. Mon collègue, Prakash Ramchurrun, qui est candidat au No 14, un bosseur et un homme qui fait beaucoup de social. Et puis il y a aussi ceux qui m’ont soutenu dans des épreuves dures de la vie, comme la perte de ma maman, et l’acte criminel visant à m’intimider politiquement avec le vol et l’incendie de ma voiture. Dans des moments comme cela, des personnes comme Bobby Hurreeram et Sherry Singh étaient présentes pour me soutenir. Donc, aucun regret d’avoir fait partie d’une structure comme le MSM. Comme je vous l’ai dit, mon leader Roshi Bhadain et moi, nous ne sommes pas d’accord avec la “character assassination” qui se déroule en ce moment. Roshi Bhadain l’a dit, nous voulons rester au-dessus de la mêlée.

Décrivez le type de politicien que vous êtes ?
Je pratique un langage de vérité. Je déteste le mensonge. Cela ne convient pas forcément à tout le monde. Je veux dégager de l’optimisme pour ceux que je côtoie. Et puis, je m’intéresse aux familles. En tant que politicien, des fois on est tenté de ne s’occuper que de la base, c’est-à-dire faire tout pour être élu. Mais moi, je conseille à mes mandants sur tous les sujets. Je veux être leur ami et on veut toujours le bien de son ami, même si le conseil peut blesser. Le problème de certains politiciens, ce n’est pas qu’ils mentent mais à force de mentir, ils vivent dans le mensonge. Là, c’est grave. Moi je propose la vérité, et rien que la vérité !

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