Les jardins de Versailles

CHANTAL MENNESSIER

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Conférencière

— Documentaire prévu au CCEF de Curepipe le vendredi 24 novembre 2023 à 18h

Les pages sombres de l’actualité nous renvoient à la Tragédie du monde, celui de l’horreur, de la vengeance, de la dualité. Dans un tel chaos, serait-ce une « singularité » que de vouloir passer de l’ombre à la lumière en vue de réchauffer nos cœurs blessés ? Ces mots, Salam, Shalom, Paix, conjugués à tous les temps, ne résonnent-ils pas au fin fond de notre jardin secret, là même où le soleil est omniprésent, au-delà des frontières du mental ?

Comme une invitation à dépasser toutes ces guerres d’ego, puissions-nous nous promener dans les jardins de Versailles, l’un des joyaux que l’histoire de France a légués au patrimoine artistique universel.

Les jardins de Versailles symbolisent le rayonnement d’un certain roi, Louis XIV, qui s’identifiait au Dieu de la lumière, Apollon. Roi Soleil il deviendra, sans aucune résistance ! Quelle audace, lorsque l’on voit que cette allégorie est omniprésente dans les endroits les plus secrets de son jardin où quatorze bosquets, véritables salons en plein air, s’organisent tout autour de cette grande perspective.

D’Est en Ouest, du soleil levant au soleil couchant, c’est ainsi que le roi ponctuait ses journées, au rythme de l’astre majeur, entouré de sa cour, de ses courtisans. C’est le Grand Siècle de Louis XIV, nous sommes au 17e siècle.

Inspirateur et protecteur des arts, Louis XIV permit l’éclosion de styles nouveaux qui marquèrent pour un siècle l’histoire artistique de l’Europe : la tragédie lyrique, le classicisme à la française, la tragédie racinienne sont intimement liés à sa volonté souveraine. En s’inspirant de la Grandeur Antique, la mythologie s’installe à Versailles, comme si la vision céleste d’un Roi Soleil se muait en un Dieu terrestre.

Son jardin se construit dans la légende d’Apollon et chaque nom symbolise la magnificence du roi, comme si Versailles devenait la nouvelle Rome. Neptune, Pluton, Diane, Latone, Bacchus.
Ce sont bien les jardins qui furent le lieu de sa splendeur. Versailles placé au rang de l’art suprême, devient le siège du gouvernement, de la plus grande cour de France dès 1681.

Modèle par excellence du Jardin à la française, les jardins sont l’œuvre du jardinier royal, André le Nôtre, fait Chevalier de l’ordre de Saint Michel, noble récompense à la fin de sa vie.

Lorsqu’en 1661, le  jeune souverain lui confia la tâche colossale de transformer le simple relais de chasse de son père Louis XIII,  André Le Nôtre avait déjà reçu un brevet de dessinateur des jardins royaux et devient alors contrôleur général des bâtiments du roi, prestigieuse nomination. Il a quelque 25 ans de plus que son maître.

Pour transformer cette seigneurie marécageuse et giboyeuse en un jardin raffiné, le roi va désormais porter toutes ses attentions dans le lieu de sa splendeur naissante, pendant près de 20 ans…

C’est sa volonté de mettre en œuvre cette création monumentale qui le pousse à ordonner de lourds travaux de terrassement qui dureront 2 ans, sur 1000 hectares, faisant ainsi travailler des milliers d’hommes, des régiments entiers. Le creusement de bassins, de canaux, de pompes, de moulins à eau, la construction d’imposants réservoirs, la mise en place d’un immense réseau de canalisations destinées à alimenter les fontaines, les plantations d’arbres, tout cela ressemble à un véritable chantier. Les moyens les plus raffinés sont employés car Versailles doit devenir le symbole et le siège d’une monarchie triomphante, autant politique qu’artistique.

Le grand principe qui guidera le jardinier André Le Nôtre à travers son concept du jardin à la française, c’est la Croix. En effet, partant d’une grande perspective d’est en ouest, il la perce de part et d’autre d’un axe perpendiculaire du sud au nord. Aussi cette grande perspective, axe majeur du domaine de Versailles, reliant Paris, au jardin des tuileries  jusqu’au Louvre, est l’expression d’une vision d’ensemble du domaine.

Ce prolongement Est à l’entrée du domaine s’ouvre sur une porte d’honneur et sa cour, puis sur une porte royale et sa cour pour s’achever au pied du château dans sa cour de marbre, sous la chambre du roi. Pour parachever ce prolongement vers l’ouest, on traverse la Galerie des Glaces pour finir sur une vision magistrale du jardin qui sert d’agrément car l’on vit plus dehors qu’à l’intérieur.

Ce jardin d’agrément devient une concentration de tapis verts, vastes pelouses aménagées d’allées sablées, de conifères taillés en forme de cône ou de boule, de milliers d’arbres, de statues en marbre blanc, de parterre de fleurs, de buis, de fontainiers, de vasques, de bosquets devenus de véritables salons en plein air.

L’alliance du bouillonnement de l’eau aux reflets de la lumière du soleil couchant est parfaitement réfléchie. Le bosquet minéral flirte avec le bosquet végétal, le dieu des enfers, Pluton s’élève au-dessus des angelots musiciens, l’Encelade crache son désespoir tout en eau, la salle de bal, véritable amphithéâtre à l’italienne, évoque la danse, la musique, le carnaval, où les eaux jaillissantes en cascades deviennent de véritables buffets en rocaille. Et, le Jardin du Roi, truffé de pyramides en papier huilé, évoque les corps de métiers de l’époque à travers la symbolique de leurs costumes étranges.

C’est ainsi que les jardins deviennent le théâtre de grandes fêtes où le roi reçoit ses courtisans selon des codes royaux bien précis.

En fédérant ainsi avec génie les plus grands artistes de son temps, les arts sont mis au service de la renommée du roi. Il réunit en un faisceau de gloire les artistes français et italiens les plus brillants. L’architecture avec Le Vau le Vicomte, puis Hardouin Mansart et De Cotte. La sculpture avec Coysevox et Bernin. La peinture avec Lebrun. La machinerie à décor avec Vigarani. Les lettres avec Molière, Quinault et Racine. La musique avec Lully, Charpentier, Marais, Couperin et Lalande. Les meilleurs fontainiers italiens, les Francine, conçurent ainsi ce qui reste à ce jour le plus somptueux domaine de l’eau façonné par les arts.

Les premiers bassins circulaires ou en forme d’hémicycle se dessinent, agrémentés de jeux d’eau spectaculaires, comme le bassin de Neptune. Les ensembles en plomb, réalisés par Tuby, y prennent place. Ainsi lorsque les premières statues antiques, grandeur nature, se posent au pied du château, en bordure du parterre d’eau, elles révolutionnent quelque peu les courtisans car les divinités et angelots sont dénudés. Le grand canal, imposant réservoir alimenté par la Bièvre détournée et la Seine, est propice aux promenades en barque. Le premier théâtre à fabrique évoque le Bain d’Apollon.

Pour parfaire le tout, le roi qui aimait danser jusqu’à l’aube, redonne vie à chaque bosquet, à chaque fontaine, à chaque statue de marbre et d’or, en faisant introduire la musique baroque du grand siècle dont les  talentueux opéras de Lully, Rameau, Desmarest, Moulinié, Corrette.

Du bosquet de la Colonnade à la Salle de Bal en plein air, les Plaisirs de l’Ile Enchantée renaissent à l’infini.

Dans l’héritage de l’esprit créateur de Versailles, comment au 21e siècle fait-on revivre ces jardins royaux, devenus publics ?

C’est par le biais des Grandes Eaux Musicales dont les doigts de fée serpentent entre les allées et bosquets, petit miracle de technologie moderne.  Aussi, le nombre incalculable de visiteurs, venus des quatre coins de l’univers, peut revivre les danses, les passacailles, les tragédies lyriques, les opéras-ballets, les mystères sonores et lumineux des Jardins du Roi Soleil, dans toute son authenticité.

« Ce fut un jardin avant d’être un château, une fête avant d’être un jardin, une nuit avant d’être mille soleils. Si l’on veut comprendre ce Versailles, il faut d’abord se promener dans ses jardins »

Le montage pictural très « baroque » que je propose au public intitulé « LES JARDINS DE VERSAILLES », vous fait découvrir cette vision céleste, des pieds du château au sommet de la grandeur antique, auréolée des fêtes lumineuses, sonores, pour s’achever en feu d’artifice royal, célébrant ainsi les quatre 4 éléments dignes du faste du Roi : le Feu, l’Air, la Terre et l’Eau !

En 2013, la France fêtait le 400e anniversaire du « Jardinier » du Roi Louis XIV, André Le Nôtre.

En 2023 nous fêterons ensemble son 410e anniversaire.

N.B. : Après les présentations des couleurs du Maroc, de l’Alsace, de l’Ile Maurice Historique et Contemporaine, en fidèle amie, je reviens à la source pour un nouveau partage, cette fois les Jardins de Versailles, le vendredi 24 novembre 2023 à 18h au CCEF de Curepipe, entrée libre.

En même temps, le prestigieux lycée La Bourdonnais de Curepipe à Maurice qui fête ses 70 ans, invite l’Association des amis de Mahé La Bourdonnais à présenter en son sein une exposition photos historique dont je suis la Commissaire : « Mahé de La Bourdonnais de Saint-Malo à L’Ile de France », du 20 au 24 novembre 2023. Pendant cette période, mon documentaire sur Maurice sera projeté aux élèves ainsi qu’une petite vidéo sur la ville de Saint-Malo.

Les Éditions VIZAVI viennent de rééditer les « Mémoires historiques de BF Mahé de La Bourdonnais ». Il s’agit là d’un ouvrage de toute première importance car il a été écrit de la main même de l’ancien gouverneur de l’Isle de France pendant ses trois années de captivité à la Bastille. L’ouvrage est disponible au prix de Rs 700 dans les librairies et supermarchés ainsi que sur demande par mail à info@vizavi.mu

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