Leve do mo pep

STÉPHANE FANCHETTE

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Leve do mo pep ! Comme le stipule cette chanson populaire, le peuple s’est levé le samedi 29 août 2020. Les fils et filles de l’île Maurice, quel que soit leur âge ou leur lieu de résidence, même ceux de l’étranger, ont voulu dire et montrer en force que ce pays était le leur et non l’apanage d’une famille, voire caste. Rester tranquille, se dire oui mais… ou juste espérer se barrer et laisser sa place, n’est plus de mise. Les Mauriciens étaient là en tant que citoyens de ce pays, inquiets pour leur avenir et pour dire “enough is enough”. C’est vrai que l’atteinte à notre richesse et à notre principal loisir qu’est la mer, a été la goutte d’huile qui a fait déborder le trop-plein d’injustice, d’inégalité, de manque de préoccupation écologique et j’en passe. Car comme le stipulait une pancarte d’un des participants, si le Premier ministre veut savoir où il a fauté, il n’y aurait pas assez de place sur sa pancarte et moi sur mon papier. Le Premier ministre qui bien sûr n’a pas présenté et ne présentera pas ses excuses. Pour reconnaître ses erreurs, il faudrait de la grandeur…

Mais ce qui fut grand samedi, c’est cette foule, habillée de noir, exprimant son ras-le-bol par des chants, des slogans, notamment celui qui ordonne à ceux au pouvoir de “lev pake ale”. En réalité, le langage était plus cru et, même si on n’est pas habitué du fait, on l’a tous scandé. Et que les politiciens de l’opposition ne s’y trompent pas, ce n’est pas un appel d’air en leur faveur. On a déjà donné. Surtout quand on les voit les Ramgoolam, Duval, Bérenger et autres, blanchis (les cheveux !), fatigués, lessivés mais ne sentant pas le propre pour autant et surtout pas le neuf. Non, et c’est là, la beauté de cette manifestation, c’est qu’elle était citoyenne, amenée avec fougue et courage par un homme, Bruneau Laurette.

Cette foule enthousiaste réclame un changement dans la façon de faire de la politique et veut jouer sa part. Ce soulèvement de mauricianisme, enfoui depuis longtemps, le peuple ne croyant plus au slogan qui sonne faux dans la bouche des politiciens “denn sel lepep, enn sel nasion”, a refait surface et cherche de nouveaux hommes et de nouvelles femmes, intelligents, compétents et intègres qui voudront travailler pour et avec les citoyens de cette île, où chacun a sa place et son rôle à jouer.

Aussi merci à Bruneau Laurette, à l’équipe derrière lui et à la foule de samedi dernier. Cette foule qui s’est comportée de façon exemplaire, car bien qu’en colère, n’a connu aucun débordement. On était vêtu de noir mais on n’était pas comme les Black Blocs français qui cassent tout à chaque manifestation. Non, on portait le deuil d’une île Maurice rêvée mais avec l’espoir d’une résurrection prochaine. Merci à ceux présents samedi de nous avoir redonné la foi. Oublions le fatalisme, prenons notre destin en main. Nous répondrons présents le 12 septembre, et aussi le jour de la manifestation devant la MBC (dont on ne sait plus ce que ces trois lettres veulent dire), car on ne peut payer pour de la propagande d’État et l’abaissement intellectuel d’une nation. Mais sur cet organe de propagande, il y aurait tant à dire. Entendu sur les ondes d’une radio privée dimanche, un auditeur dans un langage imagé a dit que, si les agents de la MBC pouvaient filmer le PM dans son cabinet d’aisance, ils le feraient. C’est assez bien résumé. Aussi mes frères et sœurs mauriciens, ne baissons pas la garde, car malheureusement on voit où l’incompétence mène.

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