Licenciements : des drames individuels au quotidien devant le Redundancy Board

Les cas des entreprises voulant licencier leurs employés pour diverses raisons continuent d’être entendus au Redundancy Board. Des employés, visiblement désemparés à cause d’une tournure de situation hors de leur contrôle, cherchent à obtenir leur juste compensation. Et surtout comprendre ce que sera demain sans emploi.

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Jeudi matin: sept ex-employés de la compagnie Empak (Mauritius) se présentent devant le vice-président du Redundancy Board, Bernard Marie. Exposant leur situation, ces ex-employés, comptant entre quatre et six ans de service auprès de la compagnie, disent connaître des moments « très durs », n’ayant en effet pas encore été payés pour le mois de juin. « Notre quotidien n’est plus le même. Nous n’avons pas reçu nos salaires alors que nous avons à payer notre loyer et l’éducation de nos enfants. Nous avons une famille. Certains de nos collègues ont été mis à la porte et d’autres ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école », explique un père de famille après que le renvoi de l’affaire. Documents de l’employeur en mains, il avance que la compagnie avait promis de les payer.

Parmi ces anciens employés se trouvait une mère de famille. Travaillant depuis six mois dans cette entreprise pour pouvoir, dit-elle, subvenir aux besoins de sa famille, elle dit devoir « remuer ciel et terre » pour envoyer son enfant à l’école. « Ce travail m’aidait à acheter de la nourriture, à payer les frais de scolarité de mon enfant. Je me vois sans un sou du jour au lendemain. Où irai-je pour trouver un emploi ? » se demande-t-elle. Elle avance n’avoir pas pu payer trois mois d’école de son enfant.

Cette situation, certaines de ses anciennes collègues la connaissent également. Un père de famille, qui loue une maison, dit ainsi subir la pression de son propriétaire. « Je n’ai pas de sou pour le payer, comme je le faisais auparavant. Le propriétaire veut me mettre à la porte. J’implore sa patience à chaque fois, car ma situation est difficile », avance cet homme, qui comptait six mois de service chez Empak. Parmi les licenciés, deux jeunes disent n’avoir pas obtenu leur salaire de base, comme préconisé. L’un d’eux affirme même n’avoir eu que 10% et se demande ce qu’il pourra faire avec cette somme.

Du fait de leur situation, ces licenciés ont été obligés d’avoir recours au ministère du Travail. Ces ex-employés, d’un commun accord, estiment que la compagnie « n’a pas respecté les règles » de la Worker’s Rights Act. Cependant, avant d’être mis à la porte, ils disent avoir obtenu un mois de préavis, couvrant la période du 10 juin au 11 juillet. Ces licenciés, désormais sans le sou, n’ont par ailleurs pas obtenu de représentant devant le Redundancy Board, contrairement à la compagnie qui, elle, a pu s’assurer les services de son homme de loi. La Confédération des travailleurs du secteur privé, représentée par Reeaz Chuttoo, a de fait proposé de défendre gratuitement les droits de ces travailleurs. À l’issue de la séance, un délai a été accordé à la compagnie afin qu’un accord soit trouvé avec ces ex-employés.

Autre cas avec le même sentiment de tristesse; 14 employés de Shivani Manufacturing Ltd ont été remerciés par la direction. Présents devant le Redundancy Board, la plupart sont des personnes comptant plus de 20 ans d’expérience dans la compagnie. Tous disent leur peur pour leur avenir. Une veuve de deux garçons, âgés de 15 et de 18 ans, et qui travaille dans l’entreprise depuis 27 ans, dit ne jamais avoir pensé qu’elle serait un jour licenciée. « Croyez-vous que la vie soit facile aujourd’hui ? Où trouverai-je un emploi à mon âge pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes enfants ? » se demande-t-elle. Et de dire ne pas comprendre pourquoi elle a été remerciée alors que d’autres, ayant moins d’années de service, selon elle, ne l’ont pas été.

Tout comme elle, un veuf de 57 ans, ayant plus de 17 ans d’expérience dans cette compagnie, ne sait plus quoi faire. « Je dois marier ma fille d’ici peu. Je n’ai personne chez moi. Où trouverai-je un emploi maintenant qu’on m’a mis à la porte ? Ma vie est complètement bouleversée », lance cet ancien Storekeeper. Selon lui, le cas de l’entreprise aurait dû être présenté devant le Redundancy Board avant qu’une décision soit prise sur l’avenir des employés. Il soutient également que la procédure de “handing over” n’a « même pas été respectée durant les cinq jours de préavis ».

Selon les employés, une rencontre s’est tenue le 1er juin avec tous les employés pour les informer qu’une réduction du personnel aurait lieu. Une lettre a été remise aux employés ciblés le 25 juin et cinq jours leur avaient été accordés pour vider les lieux.

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