L’INCENDIE À CITÉ LONGÈRE (BAIE-DU-TOMBEAU) : SOS des sinistrés et scène de désolation

Le temps s’est arrêté à Cité Longère, Baie-du-Tombeau, après qu’un incendie a ravagé environ 25 maisons en tôles mercredi. « C’est la désolation ici », concédait, hier, Sharvanand Ramkaun, reconduit en tant que représentant de la région à l’Assemblée nationale. Les sinistrés vivant déjà dans la précarité ne savent plus à quel saint se vouer et se retrouvent sans toit. Ils attendent l’aide non seulement des autorités, mais également des Mauriciens en général.

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« Nou perdi tou ! Nou pena lakaz, manze, linz narnye », lâche une victime qui tente de trouver quelques effets personnels dans les débris de sa maison. À côté, des feuilles en tôles noircies témoignent de la violence des flammes. En attendant une décision sur leur sort, les victimes ont été dirigées vers les centres communautaires de Saint-Malo et Elizabethville.

Ils sont plus d’une centaine à vivre à Cité Longère dans des cases construites en tôle alors que le sol n’est que poussière rouge. Certains sont ici depuis plus de deux décennies. « Pa fasil viv ladan pandan lete. Sa tol la sofe, bizin met zanfan deor », raconte Sandra. Selon cette dernière, ces bicoques étaient censées être temporaires car « NHDC ti pran nou nom ek ti dir pou fer nou gagn enn lakaz biento ». Et de rappeler qu’en août 2017, le ministère du Logement avait présenté un projet pour le relogement de 150 familles de Cité Longère dans des maisons en dur pour fin novembre 2019. « Dife inn gagn letan detrir nou lakaz tol, nou ankor pe atann pou gagn lakaz NHDC », dit-elle.

Des officiels de la NHDC étaient sur place après l’incendie hier pour recueillir les noms des victimes, mais certaines d’entre elles ont préféré les ignorer. « Zot la pou de trwa zour apre zot bliye nou ». Entre-temps, plus d’une centaine de personnes dont majoritairement des femmes, assises à même le sol, regardaient – impuissantes – les pompiers à l’œuvre, priant pour que leurs modestes maisons soient épargnées. D’autres encore ont pris place dans un « container » plus loin, estimant que c’est l’endroit idéal pour stocker leurs biens personnels le temps qu’ils seront logés dans les centres. Les plus « chanceux » préfèrent dormir chez des proches. Un des sinistrés, qui entassait ses effets personnels dans un coin, confie : « Mo pou dormi anba pie aswar. Mo pa kapav kit mo bann zafer lamem ».

Plusieurs victimes sont dans le flou après cet incendie, comme Mélanie Edmond, mère de deux enfants âgés de deux et quatre ans. « Mo ti pe travay dan magazin kan monn gagn enn apel ki dife inn pran. Ler mo vini 9h15 parla mo trouv partou inn brile. Mo linz, mo bann zenfan, zot linz, mo bann meb tou inn brile. Pa kapav fer narnie ». Sa priorité est de s’occuper de ses deux enfants. D’autres mères de famille sont dans la même situation qu’elle alors que la police leur a demandé de conduire leurs enfants dans les centres pour des raisons de sécurité.

Personne sur place n’a été en mesure d’affirmer comment l’incendie a éclaté. « Letan mo sorti deor, mo trouv lafime. Degaze monn ramas seki kapav dan lakaz », affirme une des occupantes. Cette dernière dira qu’un seul camion-citerne est venu après l’alerte. « Sa osi kan zot vini, zot pa ti pe gagn ase dilo ». Information confirmée par le député Sharvanand Ramkaun qui évoque un manque de pression d’eau dans les bornes hydratantes pour alimenter les tuyaux des pompiers. Ces derniers ont été rejoints par les casernes de Coromandel qui leur ont prêté main-forte.

Des habitants des alentours et des travailleurs étrangers sont aussi venus prêter main-forte aux sinistrés, les aidant à porter leurs effets personnels dans un lieu sûr. Les pompiers leur ont aussi demandé d’enlever les bonbonnes de gaz dans toutes les maisons pour éviter que la situation n’empire. « Tous ont suivi la consigne », note un membre du Mauritius Fire and Rescue Service. « Il y a huit rangées de maisons dont deux ont été affectées par cet incendie. Environ 25 maisons sont concernées », indique pour sa part Dorsamy Ayacootee, Assistant Chief Fire Officer. Même si la police ne déplore aucun blessé, un bébé a dû être transporté d’urgence à l’hôpital car il avait un problème respiratoire. La Criminal Investigation Division de Port-Louis Nord a ouvert une enquête pour déterminer l’origine de cet incendie. Entre-temps, les sinistrés lancent un appel de solidarité aux Mauriciens pour leur venir en aide.

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