MARCHÉ DU TRAVAIL – POST-COVID-19 : 45 800 sans-emploi recensés à la fin de juin dernier

  • Le ministre Padayachy parle d’un War Chest de Rs 180 milliards, le gouvernement tentant le tout pour éviter le spectre d’un chômage record
  • Soodesh Callichurn, ministre du Travail : « Aucune réforme nuisible aux droits et au bien-être des travailleurs

L’atelier de travail sur le thème « Broadening Employment Opportunities », hier, a été l’occasion pour le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, de faire un tour d’horizon de l’intervention du gouvernement sur le plan de la préservation de l’emploi. À la fin de juin dernier, le nombre de chômeurs avait atteint la barre des 45 800, rappelant l’urgence de sauver des emplois en cette période de post-Lockdown suite à la première vague de COVID-19. Le Grand Argentier, qui est revenu avec le spectre de 100 000 chômeurs à la fin de cette année si aucune mesure n’est prise, s’est appesanti sur le fait que le gouvernement a mis en place un War Chest de Rs 180 milliards à cet effet. De son côté, le ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, a voulu être rassurant par rapport aux droits et au bien-être des travailleurs en cette période d’incertitudes sur le plan économique.

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« Nous avons réussi jusqu’à présent à contenir le chômage. Il nous faut maintenant continuer, ne rien lâcher. Le spectre d’un niveau de chômage record, avec 100 000 sans-emploi d’ici la fin de l’année, doit, à tout prix, être évité. Et il le sera », déclare le ministre des Finances à un parterre composé d’opérateurs du privé et d’officiels du gouvernement. À cet effet, il souligne que Rs 104 milliards ont été investis dans le manufacturier, le tourisme et l’agro-alimentaire.

L’industrie de la construction et les secteurs de la santé et de l’éducation ont nécessité Rs 40 et 30 milliards respectivement. De plus, il a fait ressortir que « Rs 180 milliards ont été mis au service de l’économie, et donc de la protection et de la création d’emploi ». Il avance également qu’au cours des derniers mois, le gouvernement a déboursé plus de Rs 12 milliards afin de prendre à sa charge les salaires de quelque 450 000 personnes dans divers secteurs.

Afin de protéger l’emploi dans le secteur manufacturier, le ministre des Finances a fait état d’un montant de Rs 20 milliards alloué directement ou indirectement pour maintenir les entreprises et les employés en activité. Et, en plus du Wage Assistance Scheme (WAS) à la disposition des employés de ce secteur durant la période de confinement, il a fait ressortir que la Banque de Développement de Maurice a déjà octroyé Rs 900 millions aux entreprises exportatrices sous le DBM Wage Support Scheme. Il fait aussi mention « des incitations fiscales fortes, à l’image de l’Investment Tax Credit, tout comme la double déduction sur les dépenses de R&D qui sont quelques autres exemples concrets du combat de ce gouvernement pour l’emploi manufacturier ».

Outre le secteur manufacturier, le tourisme est aussi gravement affecté par la pandémie de COVID-19. À ce sujet, Renganaden Padayachy parle d’une « mobilisation historique » du gouvernement pour préserver l’emploi dans ce secteur. « Et pour preuve, cela fait maintenant 7 mois que le gouvernement finance les salaires d’une très grande majorité des travailleurs du secteur touristique », dit-il. Par ailleurs, pour alléger les coûts récurrents des hôteliers, une période de moratoire a été adoptée pour le paiement des baux occupés par les hôtels en 2020-2021, soit un manque à gagner de Rs 500 millions.

Le ministre des Finances est également revenu sur les mécanismes d’aide à travers la State Investment Corporation, le Investment Support Programme et la Mauritius Investment Corporation. « Tout dérapage incontrôlé entraînerait sans nul doute des vagues de licenciements qui perturberaient durablement la stabilité économique et sociale du pays », dit-il en ajoutant que « ces mesures ont un coût mais ont leur raison d’être afin de protéger les Mauriciens et leurs emplois. Sans le soutien de l’État, des milliers d’hommes et de femmes seraient aujourd’hui au chômage. C’est ça la réalité. Une réalité qu’il ne faut pas oublier », s’appesantit-il.

De son côté, le ministre Callichurn a fait ressortir qu’aucune réforme nuisible de loi ne sera apportée ni aux droits et au bien-être des travailleurs sous ce gouvernement. Par ailleurs, il soutient qu’il faut également revoir les stratégies de l’emploi compte tenu de l’effet de COVID-19 sur le chômage des jeunes et des femmes.


Questions à Kevin Ramkaloan – Chief Executive Officer de Business Mauritius :

« La COVID-19 est vraiment un choc systémique »

Avec la COVID-19, quels sont les défis inattendus auxquels doivent faire face les entreprises?

COVID-19 est vraiment un choc systémique. Nous avons subi plusieurs chocs systémiques en 2020. Mais COVID-19 crée des pressions sur nos marchés principaux. Donc, Maurice, pays à forte exportation de nos produits et nos services, se retrouve face à des marchés extrêmement difficiles.
Effectivement, il y a aussi des soucis de logistique créés à cause de la COVID-19. Que ce soit la demande ou au niveau de la chaîne d’approvisionnement, la COVID-19 a causé des frictions et des problèmes. Et cela a forcé les entreprises à se réinventer et se remettre en question par rapport à leurs propres objectifs car chaque année les entreprises se donnent des objectifs pour les années à venir. Je pense que la COVID-19 a été une force avec laquelle on a dû revoir toutes nos projections et nos façons de produire.

Mais cette réinvention s’avère difficile?

Une réinvention fondamentale des secteurs, en plus de ce côté Black Swan, risque qui ne peut pas être vraiment assuré. On ne peut pas assurer contre des problèmes tels que la COVID-19. Donc, cela fait que s’il n’y a pas de possibilités de prédire et prévoir, vous devez être plus agiles et beaucoup plus résilients et avoir des modèles plus complexes.

Difficile de naviguer dans des moments pareils ?

Les chefs d’entreprise ont leur propre vision. Il s’agit d’agir en fonction des contraintes et des visions. Ce n’est pas difficile de naviguer. C’est le contexte qui est difficile.

Les frontières s’ouvriront bientôt. Cette éventualité a un potentiel de risques quant aux nouveaux cas. Avez-vous déjà un plan pour que les entreprises assurent leurs activités ?

Nous attendons la réouverture complète du pays. Nous comprenons que la réouverture du pays doit être en phases. Peut-être cette deuxième phase, où nous accueillerons plus de personnes qui passeront en quarantaine, permettra de s’assurer que les protocoles déjà mis en place dans les hôtels et à travers les Destination Management Companies sont bien rodés et à partir de là, il nous faudrait arriver à une date de réouverture complète pour le tourisme et pour toute l’économie en sachant que cette réouverture doit se faire dans des conditions où nous sommes confiants de maîtriser tous les risques.

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