Mauvais film !

Chaque semaine qui passe nous rappelle l’urgence climatique. Inondations, tempêtes, chutes de grêlons aux tailles impressionnantes, feux de forêts, assèchement prolongé des nappes phréatiques, montées du niveau des eaux, hausses extrêmes des températures… Autant de conséquences du changement climatique que nous ne pensions voir qu’au cinéma il y a encore quelques décennies, et qui, aujourd’hui, sont devenues le quotidien de nombreuses populations à travers le monde. Preuve, s’il en est, que poussé par nos émissions incontrôlées de gaz à effet de serre, notre climat approche dangereusement d’une limite que nous ne voudrions pourtant jamais voir franchie. Car une fois de « l’autre côté de la barrière », nous préviennent les chercheurs, c’est le chaos assuré, certains d’entre eux affirmant même que notre planète deviendrait alors, sous l’effet d’un emballement devenu alors incontrôlable, totalement inhabitable.
Attirons d’abord votre attention sur un point : ce scénario, bien que semblant tiré d’un film à grand spectacle, n’est en rien de la science-fiction. Cependant, rassurez-vous, il n’est pas non plus encore totalement fini. Et pour rester dans l’analogie cinématographique, il est même toujours écrit au moment même où vous lisez ces lignes. Le temps donc de se rappeler qu’il nous revient, puisque les origines du problème sont purement anthropiques, d’en rédiger la fin. Et ce, même s’il est désormais certain qu’il ne peut, dans l’état, y avoir de réel « Happy End » !
C’est en tout cas ce que l’on vient encore d’apprendre de sources de la « production », en l’occurrence des chercheurs de l’université de Porto. Leur postulat : notre consommation exponentielle en combustibles fossiles, s’il n’est davantage contrôlé, entraînera inévitablement notre planète vers un état chaotique, qui plus est sans plus aucun espoir de s’en sortir. Pour en arriver à ces conclusions, ces chercheurs ont décidé de modéliser le climat par phases en utilisant ce que les physiciens appellent une « carte logistique ». En gros, il s’agit de décrire toutes les trajectoires possibles pour le climat global en changeant certains facteurs, comme la quantité de gaz à effet de serre émise. Ce faisant, ils ont pu constater où se trouvaient les limites à ne pas franchir.
L’analyse de cette « carte logistique » de l’humanité ouvre ainsi la voie à deux principaux scénarios, et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs auteurs ne font pas dans la dentelle. En bref, soit l’issue ne sera « pas très bonne », soit elle sera carrément apocalyptique. Ainsi, le synopsis le moins dramatique fait état d’une stabilisation du climat à une température moyenne différente de celle d’aujourd’hui, car plus élevée. Soit des hausses rendant le maintien de la vie difficile sur une grande partie de la planète. La bonne nouvelle, car il y en a une, c’est que dans cette hypothèse, ces conditions resteront stables, et donc, ne s’aggraveront pas davantage.
Avouez que ce n’est déjà pas très réjouissant. D’où la question : que prévoit dans ce cas la version apocalyptique ? Et bien, pour faire simple, un climat totalement chaotique, au sens mathématique du terme. Autrement dit des conditions capables de changer totalement d’une année à l’autre, faisant souffler, dans ces phases de transition menant au néant absolu, le très chaud et le très froid en un simple claquement de doigts. En d’autres termes, un climat qu’aucun météorologue actuel ne pourra prédire, tant il sera imprévisible. Ce qui, selon ces chercheurs, mettrait alors un terme définitif à tout espoir de refaire un jour de la Terre une planète habitable. C’est ce que l’on appelle le point de basculement, que nous avons plusieurs fois évoqué dans ces mêmes colonnes.
Ce point de bascule n’est bien sûr pas encore atteint. Mais il pourrait l’être si un certain seuil de température est dépassé, provoquant alors un effet d’emballement. Le souci, c’est que le climat ne répond pas instantanément à nos actions, et que si nous arrêtions aujourd’hui même d’émettre des émissions carbone, rien ne nous dit que nous n’atteindrions quand même pas cette ultime limite. Une seule certitude : seules des mesures fortes et immédiates peuvent encore « potentiellement » nous sauver. À nous donc de choisir le scénario que nous voulons ! Bien qu’à voir l’hystérie que provoque la moindre augmentation du prix des carburants, l’on puisse déjà avoir une petite idée de l’issue.

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