METRO EXPRESS : Controverses sur la rentabilité du transport public…

DR LUTCHMAYAH APPANAH
Dr en droit international économique—Paris/Sceaux/Sorbonne 

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DR VASANT BUNWAREE
Ex-ministre des Finances et de l’Éducation

Messieurs les économistes et les politologues de toutes tendances politiques, ne soyons ni alarmistes ni “court-termistes” d’esprit, pour ne pas dire démagogiques ou pessimistes, surtout quant aux investissements publics (ici le transport public, voire le Metro Express) à haute contrainte de Service public.
Il ne s’agit pas d’un investissement privé n’ayant aucune obligation à caractère social, sinon la recherche uniquement de la rentabilité optimale—voire la maximisation du profit dans la mesure du possible. Il s’agit ici, soyons clairs, d’un investissement PUBLIC, peut-être lourd, moins lourd aujourd’hui, mais qui sera beaucoup plus lourd demain, après-demain et dans les années à venir pour les générations à venir et ceci sous la responsabilité entière de n’importe quel gouvernement, qui va accéder au pouvoir.
C’est quoi la haute contrainte du secteur public. Ici, L’État, de par ses entreprises publiques, suppose la satisfaction à donner à tous sur la base de l’intérêt général, et ceci à un moindre coût comparé à une entreprise privée. L’entreprise publique doit respecter le principe de continuité. Concrètement, le service, disons l’autobus ou le tramway, doit être assurément sans retard dans le temps et sans discontinuité comme le métro en France ou en Allemagne. Ajoutons à ceci le principe de l’égalité — ceci dit, n’importe qui peut prendre ce transport et n’oublions pas la gratuité pour des situations différentes – ce que l’entreprise privée ne fera jamais.

A. Des précisions sur la signification de la notion de rentabilité et d’efficacité

La rationalité d’une entreprise privée cherche à maximiser son profit selon la théorie classique assortie des fins individualistes. Par contre, L’État, de par ses investissements publics, relève d’une autre rationalité différente par essence. C’est pourquoi cette rationalité envers la rentabilité doit être modifiée dès le départ même de l’investissement.
Seul L’État, soucieux de l’Etat-Providence, peut réaliser des investissements considérés comme trop lourds pour le secteur privé ou des investissements à rentabilité faible, mais néanmoins nécessaires pour toute la nation sans distinction quelconque.
Plus merveilleux encore, L’État ayant à coeur une mission à long terme, peut même prendre des risques pour investir à rentabilité aléatoire (le cas des investissements sur la recherche, sur les Océans, Énergies de toutes sortes, espace, etc comme le font les États-Unis, La Chine et L’Inde et des pays européens, entre autres).
Ici à L’île Maurice, combien de fois, les politiciens sceptiques ont critiqué amèrement la cybercité d’Ébène dans le passé comme éléphant blanc; c’est grâce à L’État que celle-ci est aujourd’hui un phare incontesté du progrès et aussi pourvoyeur de multiples emplois productifs à tous les niveaux.
L’État a aussi d’autres aspirations, d’autres soucis –(comment augmenter la croissance, comment devenir une puissance même régionale et comment devenir un attrait sur le plan mondial?) – ce que le secteur privé ne pourra probablement jamais faire. Voilà pourquoi la signification de la rentabilité financière s’amenuise avec les entreprises publiques.

B. Une approche objective de la performance de l’entreprise d’État

Il existe mille façons de jauger la performance d’une entreprise publique, voire d’un service public. Prenons le cas de plusieurs transports urbains dans des pays développés, tels que La France, la Grande-Bretagne, L’Allemagne, entre autres territoires). Le principe d’équité, voire de justice sociale, semble omniprésent. Des familles “nombreuses” payent moins cher leur billet de voyage; des handicapés, des étudiants de familles modestes et des retraités se trouvent dans cette même catégorie de bénéficiaires.
Ceci est-il possible dans une entreprise privée? NON. Ceci dit, la mission du service public est multidimensionnelle (multicritères), que ce soit à l’île Maurice ou dans d’autres pays d’économie du marché, INDÉPENDAMMENT de la rentabilité au sens classique du terme et aussi de la Dette publique.
Dans le contexte précis de L’île Maurice, il n’existe pas en ce moment de démarrage, une masse critique pour bien jauger la rentabilité du Metro Express mais avec le temps et avec le développement du réseau routier, tramway, entre autres, dans toute l’île Maurice, dans toutes les autres petites villes comme (Flacq, Goodlands, Mahébourg…) plus tard , la masse critique doit impérativement augmenter et la notion de rentabilité et du profit sera différente.
Dans ce domaine de mutabilité permanente surtout, disait en substance un grand penseur français, la vérité d’aujourd’hui—c’est l’erreur de demain.

 

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