MICHEL DUCASSE—SOUF TAPAZ LAVI : Émotions et sonorités justes

Le 5e recueil de poésie de Michel Ducasse a été lancé la semaine dernière. “Souf Tapaz Lavi” est une collection d’émotions dévoilées en divers rythmes. On parle bien là de sons, car les poésies de Michel Ducasse ne sont pas seulement des vers, mais aussi une « sonorité qui fait mouche. » Écrits en kreol et en français, ce recueil de 52 poèmes traduit des sentiments de tendresse, de révolte et de nostalgie.
“Souf” pour l’amour, l’amitié, la tendresse… ; “Tapaz” pour les fléaux et scandales qui font grand bruit dans le pays… ; et “Lavi” pour évoquer le temps qui passe avec nostalgie. Ce nouveau recueil de Michel Ducasse est marqué une fois de plus par l’aisance avec laquelle il jongle avec les mots pour offrir des sonorités qui accrochent et encouragent à la lecture.
“Souf Tapaz Lavi” est présenté en trois parties, où les poèmes sont regroupés par thèmes. Si on retrouve les thèmes habituels de l’amour et de la tendresse dans la première partie, le poète s’est aussi adapté à l’évolution de la société pour décliner ses émotions en vers. À l’exemple de “Sur ta clé USB” ou “En se lovant”, où il s’appuie sur l’univers des jeunes pour s’exprimer.
À ce sujet, Michel Ducasse confie avoir le souci de rester toujours accessible. « Je ne fais pas de poésie qui pousse à se référer au dictionnaire à chaque lecture. Par ailleurs, je choisis des sujets liés à l’actualité pour que les personnes se retrouvent. »
C’est ainsi qu’on retrouve dans la deuxième partie du recueil, des poèmes liés à la société. Michel Ducasse dit adopter un style engagé « par amour pour mon île ». Le déclic est venu d’une poésie d’Aimée Césaire. « Je fais à la fois des poèmes lyriques et engagés pour dire à la fois ce que j’aime et ce que je dénonce. Par exemple, j’ai écrit Tonquinneries, après l’affaire de la chanson du groupe Abaim, interdite dans une école maternelle à cause du mot ‘tonkin’. »
Même là, Michel Ducasse conserve son « style calembour », qui est d’ailleurs sa signature. On le retrouve également dans les rubriques de presse qu’il anime. S’il trouve toujours des jeux de mots pour donner la sonorité juste, c’est parce que c’est inné chez lui. Mais aussi : « Certaines choses, si elles sont dites autrement, peuvent être diffamatoires. »
On découvre aussi à travers ses poèmes une grande sensibilité. De même, on ressent ce profond engagement pour la langue kreol. Certains poèmes sont à la fois un mélange des deux langues. « J’écris comme je le ressens. Si le premier vers me vient en français, je l’écris en français. Et si par la suite ce sont les mots kreol qui s’imposent, je n’ai aucune difficulté à continuer le poème en kreol. Auparavant, je mélangeais rarement les deux langues, mais avec le temps, cela a changé. »
Avec le temps, justement, beaucoup de choses évoluent. Et c’est ce sentiment de nostalgie qu’on retrouve dans la troisième partie du recueil. « C’est le temps qui passe et qui nous pousse à nous poser des questions. Ce que j’écrivais à 15 ans est différent de ce que j’écris aujourd’hui. Par exemple, j’ai souvent écrit sur l’enfance, mais aujourd’hui, j’ai peut-être un regard plus tendre. »
Certaines habitudes sont toutefois restées. Il arrive encore à Michel Ducasse d’écrire un poème sur le ticket d’autobus en se rendant au travail, comme il le faisait en se rendant au collège. Outre les sonorités, la poésie de Michel Ducasse prend aussi forme à travers le visuel de Patrice Offman. Cette nouvelle collaboration entre les deux hommes donne un recueil à la mise en page non conventionnelle. Que ce soit les strophes décalées ou les symboles mayas présents dans chaque page, ou encore la couleur, vert olive, de la couverture, le recueil se démarque. « Une fois que je donne le manuscrit à Patrice, je le laisse libre de travailler. Je lui fais entièrement confiance et il sait déjà ce qui me correspond. »
“Souf Tapaz Lavi” est en vente à Rs 500. Publié aux éditions Vilaz Métis, sa préface est signée Serge Ulentin. Outre ses poésies, Michel Ducasse a également traduit un texte de Francis Cabrel, Mademoiselle L’aventure, devenue Ti mamzel lavantir.

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