MIPACHE À CHEBEL : Un projet tourné vers le développement durable

Les mille-pattes ou iules ont gagné les champs de cannes, les cours, les maisons, se glissant dans les oreilles des nourrissons et des chiens. Face à ce problème de santé publique, Bruno Carta, universitaire (Recherche & Développement) a mené un projet d’expérimentation sur 18 mois à Chebel avec le soutien financier du Mauritius Research Council (small grant scheme) et nous livre les conclusions de ses recherches axées sur le contrôle et la valorisation de l’espèce. On peut aujourd’hui lutter contre l’invasion des mille-pattes (en contrôlant sa prolifération), voire développer un marché pour le benzoquinone (une substance de défense sécrétée par l’iule) utilisé dans la fabrication des médicaments et des produits cosmétiques.
Bruno Carta, consultant en Sciences de l’Environnement, a élaboré un projet (MiPACHE, MILLE PAttes de CHEbel) axé sur le développement durable : lutter contre la nuisance des mille-pattes par la collecte et l’élevage, lutter contre les problèmes causés par son invasion et trouver un marché pour vendre les iules (après extraction et identification par solvant de la molécule sécrétée par l’iule et utilisée dans l’industrie pharmaceutique). Il a d’abord cerné la problématique : l’invasion des mille-pattes à Chebel. Ils se déplacent à une vitesse 25 m/h, envahissent les cours, maisons, champs. En danger, ils sécrètent une molécule nauséabonde provoquant un véritable problème de santé publique. Il faut savoir que le ministère de la Santé a déjà entamé des actions pour lutter contre ce problème en pulvérisant de l’insecticide ou en les détruisant avec de la colle. L’on a aussi tenté de stériliser les femelles pour lutter contre la prolifération.
Cette problématique s’insère dans un cadre agricole et semi-urbain. Deux écosystèmes sont en jeu : l’un occupé par les mille-pattes, l’autre étant le territoire de l’Homme. Petite caractérisation de l’iule : c’est un insecte brun foncé, d’une longueur de 40 mm cylindrique avec une carapace protectrice coriace. Son abdomen comporte 41 à 56 segments. Un segment sur deux est un anneau comportant une centaine de pattes. Il appartient au règne animal dans la classe des diplopodes. Le mille-pattes se propage dans la terre fertile au milieu des végétaux et se nourrit d’excréments d’animaux et de larves. Les recherches de Bruno Carta font ressortir que l’iule fuit la chaleur et la lumière, préférant un milieu humide et sombre. En danger, l’animal s’enroule sécrétant une odeur nauséabonde. Lorsque l’animal meurt, il devient une matière organique en putréfaction. On a observé que les poules d’élevage ne mangent pas le mille-pattes. L’animal a été soumis à divers contrôles : solutions insecticides, feuilles de Neem, Borate de sodium, Bouillie bordelaise. Au terme d’un jour, un taux de mortalité assez faible a été observé concernant certains produits. Finalement, la valorisation de l’espèce a été privilégiée. B. Carta a découvert que les iules peuvent être exploités en secteur semi-industriel en valorisant sa substance de défense. Cette substance est extraite à l’aide de trois solvants : hexane, méthanol, acétone. En cours d’expérimentation une molécule a été identifiée : le benzoquinone. Dans l’industrie pharmaceutique, il est utilisé dans la base de fabrication de la cortisone. Comme herbicide, il peut bloquer le processus de photosynthèse de certaines mauvaises herbes. Il peut aussi être utilisé comme conservateur. Conclusion : les recherches menées et la molécule identifiée aident au contrôle de l’animal sur le plan environnemental, lutte contre sa nuisance sur le plan social et peut servir à la fabrication de médicaments selon un argument économique. Le projet MiPACHE, MILLE PAttes de CHEbel, après sa présentation au MRC, s’est révélé viable, équitable, durable — autant de raisons pour valoriser une importante population de mille-pattes à Chebel.

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