MIRT-SAT 1: le premier satellite mauricien présenté

Le premier petit satellite conçu par des scientifiques mauriciens, le Mauritian Infrared and telecommunications satellite (MIRT-SAT 1), a été présenté par le directeur exécutif du Mauritius Research Institute, Arjoon Suddhoo, lundi lors de l’Australia-Mauritius Research and Innovation Forum organisé à l’hôtel Hennessy.

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La conception du satellite MIRT-SAT 1 s’inscrit dans le cadre des travaux de recherche du MRC en matière des technologies émergentes. « Nous vivons dans une ère où l’avancement technologique se fait à une vitesse accélérée. Les nouvelles technologies sont importantes pour l’innovation, à laquelle le gouvernement accorde une grande importance. L’adoption de nouvelles technologies pour faire face aux défis nationaux et accélérer le développement économique s’impose désormais », constate le directeur du MRC.

Avec l’avancement rapide des technologies et l’apparition de microprocesseurs avancés, la construction des petits satellites est devenue « plus abordable », affirme Arjoon Suddhoo. « Their small size make use of wasted space. They are more efficient and have the capability of bigger older satelites. Their launching into LEO (low earth orbit) is also becoming more affordable and they can be used for capacity building, for research purposes and to solve key problems of the country », souligne un document du MRC.

Arjoon Suddhoo a expliqué que l’idée d’un tel projet a déjà été présentée aux acteurs locaux, afin d’évaluer les besoins de ce premier NanoSat mauricien dans l’espace, de rechercher leur collaboration et de s’entendre sur l’énoncé de la mission du satellite. Un tel projet devrait, selon lui, avoir des avantages significatifs pour Maurice. « Il favorisera et accélérera l’intérêt pour la technologie des petits satellites dans le pays. Alors que nous célébrons le 50e anniversaire de l’indépendance, ce sera l’occasion de démontrer l’engagement de Maurice en faveur de l’innovation ».

Ce projet a déjà été présenté une première fois lors d’un symposium organisé l’année dernière conjointement par les Nations unies et l’Afrique du Sud sur le thème “Small satellite missions for scientific and technological advancement”. Il a également été présenté dans le cadre du KiboCube 2nd Round en mars de l’année dernière et a raflé la deuxième place parmi les “high-quality proposals”. Le MRC étudie actuellement la possibilité du lancement de ce satellite, d’étendre la collaboration avec des institutions internationales et de développer une industrie spaciale à Maurice.

À quoi servira le satellite ?

Selon les promoteurs du projet, ce satellite contribuera à la gestion des cultures vivrières. Ses images thermiques infrarouges pourront aider à surveiller et gérer la végétation des cultures, l’ordonnancement de l’irrigation, la détection des maladies et des agents pathogènes des plantes et l’estimation et la prévision des rendements. D’autant que, selon un document du MRC, 30 % de la production alimentaire à Maurice est affectée par des maladies. Le satellite pourra analyser les propriétés du sol telles que la salinité et élaborer des cartes agroclimatiques et d’aptitude à la récolte. Il sera très utile pour la détection d’incendie dans les cultures et l’amélioration de la sécurité alimentaire.

La surveillance de notre zone économique spéciale, notamment contre la pêche illégale, constitue de plus un défi que doivent relever les autorités mauriciennes. Le satellite pourra aussi fournir un accès à des cartes actualisées et régulières sur la température de surface de la mer (SST) pour faciliter la recherche en océanographie, et étudier comment les changements saisonniers dans la température de surface déterminent les habitudes migratoires des poissons. Les ensembles de données existantes peuvent être mises à jour et améliorées avec de nouvelles données telles que la carte d’utilisation des terres mise à jour ou la carte de migration des poissons. Arjoon Suddhoo a fait mention d’autres résultats de recherches effectuées par son équipe. Ainsi une application permettant de prévoir les risques d’inondation dans le pays et une autre permettant de mesurer la qualité de l’air.

La MCCI favorable à l’utilisation croissante des microsatellites
Le secrétaire général de la MCCI, Raju Jaddoo, qui intervenait dans le cadre de l’atelier de travail sur les technologies au Forum sur la recherche et l’innovation organisé conjointement par l’Australie et Maurice, s’est dit favorable à l’utilisation des microsatellites par Maurice.

« En tant que petit pays, Maurice pourrait utiliser les micro et nanosatellites pour de nombreuses applications, notamment l’observation de la Terre, les communications, la reconnaissance, la surveillance et le suivi des ressources, ainsi que la recherche scientifique pour explorer sa riche histoire naturelle », a-t-il expliqué. Il a soutenu que la MCCI a exploré les vastes possibilités des technologies et des données spatiales pour les entreprises.

« Maurice évolue aujourd’hui vers un modèle de croissance économique et de création de valeur axé sur l’innovation. La MCCI est d’avis que les technologies satellitaires nous permettront de faire un bond en avant dans le développement de la région de l’océan Indien, en particulier dans les domaines du numérique et des télécommunications ».
Raju Jaddoo considère que les applications et les possibilités des satellites sont multiples, depuis le haut débit Internet et les télécommunications jusqu’à la cybersécurité, les prévisions météorologiques, la surveillance du territoire. Les satellites peuvent également être utilisés pour surveiller la santé des cultures, la productivité des actifs et pour une agriculture de précision et durable. De plus, les applications satellitaires dans les villes intelligentes permettraient d’améliorer le zonage et la planification urbaine, la modélisation 3D, la fourniture de logements, la gestion du trafic, la modélisation et la gestion des infrastructures urbaines. Les satellites peuvent être utilisés dans un certain nombre d’études scientifiques, y compris des études sur le changement climatique, l’océan, les études géologiques, entre autres. Des systèmes d’alerte aux tsunamis peuvent également être mis en œuvre dans la région de l’océan Indien grâce à l’utilisation d’un satellite.

Vidia Mooneeram, Managing Director de Ceridian, estime qu’il y a encore des améliorations à faire à Maurice dans le domaine technologique, y compris dans le domaine des télécommunications. Il constate que la large bande passante n’est pas aujourd’hui accessible à tout le monde et que les communications Internet pour la majorité des entreprises sont encore trop lentes. Il souligne également le manque d’expertise à Maurice et la nécessité d’ouvrir davantage le pays à l’expertise étrangère. « Malheureusement le niveau et la qualité des techniciens formés à l’Université de Maurice ont baissé au fil des années », dit-il. Il constate qu’alors Maurice est constamment comparée aux pays africains en matière sociale et économique, le Kenya et le Nigeria sont très loin devant dans le domaine technologique et informatique.

Contrairement à certaines croyances à l’effet que la modernisation technologique détruira les emplois, Vidia Mooneeram soutient le contraire. La technologie créera de nouvelles facilités d’emplois pour lesquelles il faudra se préparer, dit-elle. Quant à Archana Bhaw-Luximon du Centre for Biomedical and biomaterials research, elle s’est appesantie sur les recherches effectuées au niveau des nanotechnologies et a souligné la nécessité de la formation des ressources humaines dans ce domaine.

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