MMM | L’affaire St-Louis : Paul Bérenger demande au PM de publier le rapport dont il disposerait

  •  Il prévoit que la situation économique sera « très grave » au début de l’année prochaine et risque de déboucher sur une « grave crise économique »

Le leader du MMM, Paul Bérenger, a lancé samedi un défi au Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui demandant « de rendre public » le document dont, selon les rumeurs, « il disposerait sur l’affaire de la centrale St-Louis ». Il ajoute : « On insinue que je serais inquiet. Ki trakase. Get mwa. Je n’ai jamais été en contact avec cette firme internationale. » Et de rappeler qu’alors qu’il était dans l’opposition, il avait posé une Private Notice Question, en avril 2015, dans laquelle il évoque la question d’appel d’offres pour savoir si la question a été confiée à la police.

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La situation économique, dans le pays, a été au centre de la conférence de presse du MMM samedi. Le leader de ce parti, Paul Bérenger, a, à cette occasion, pris pour cible le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et a démenti d’emblée la remarque faite par ce dernier la semaine dernière à l’effet que le FMI a, dans son dernier rapport, « plébiscité les choix politiques et économiques portés par ce gouvernement ». Le leader du MMM a d’ailleurs lancé : « C’est faux. » Ce qui, a-t-il affirmé, l’amène a dénoncé « les faussetés dangereuses du ministre des Finances ».

Ainsi, il a rejeté l’affirmation de Renganaden Padayachy, qui avait, lors de la présentation du Budget, parlé de « zéro déficit budgétaire » et qui, le 3 novembre dernier, a estimé ce déficit à 0,9% du PIB, soit le plus faible au monde. Il a expliqué que, partout à travers le monde, les déficits budgétaires ont augmenté parce que les gouvernements ont dépensé de l’argent pour faire face à la pandémie de COVID-19. Ainsi, la moyenne de déficit budgétaire dans le monde est de 13%. Le déficit budgétaire en Grande-Bretagne est de 13%, en France, 19%, à Singapour, 14%, en Australie, 8%, et en Inde, 8%. « Or, la raison pour laquelle le déficit à Maurice est aussi bas est que la Banque de Maurice a fait cadeau de Rs 60 milliards au gouvernement. Ce que le FMI ne compte pas. J’estime que le vrai déficit budgétaire de Maurice est à 11,7% », soutient-il.

Paul Bérenger a aussi réfuté l’affirmation du ministre des Finances concernant ses prévisions de croissance pour l’année prochaine estimées 9,9%. « Ce qu’il ne dit pas, c’est que ce chiffre est calculé à partir d’une décroissance de 14,2% en 2020. Ce qui fait qu’en 2021, les prévisions pour l’année prochaine seront en dessous de celles enregistrées en 2019. Or, le FMI estime que les pays, dont la croissance sera affectée, sont ceux qui sont dépendants de l’industrie touristique, comme les Seychelles et Maurice, dont la décroissance est estimée à 17 points de pourcentage », dit-il, estimant que le retour à la normale des revenus touristiques n’aura pas lieu avant 2023.

Quant à la dette publique, Paul Bérenger affirme que, sur la base de la définition du FMI, son niveau serait actuellement à 86% du PIB. « Ce qui est très élevé », dit-il. Il ajoute : « Ce qui est grave, c’est que les Rs 60 milliards de la BoM peuvent être considérées comme une dette publique. Si nous prenons cela en considération la dette publique du gouvernement a déjà atteint 100% du PIB. Nous hypothéquons l’avenir de nos enfants surtout à cause de la qualité de la dette qui n’est pas utilisée pour des investissements productifs. »

Pour ce qu’il s’agit du “quantitative easing”, que le ministre des Finances affirme appliquer à Maurice, Paul Bérenger reconnaît que ce mécanisme financier est utilisé dans le pays, mais avec les Rs 60 milliards, il dit estimer qu’à présent « c’est loin d’être le cas ». Il poursuit : « C’est plutôt du Printing Money, car les Quantitative Easing consistent à l’achat par la banque centrale des bons du Trésor du gouvernement. Ce qui n’est pas le cas à Maurice. » Il constate donc que le FMI condamne la pratique consistant à faire un don au gouvernement par la banque centrale. Et d’observer que « le FMI condamne également la pratique consistant à utiliser l’argent de la BoM pour financer les compagnies privées, excepté dans des circonstances difficiles ».

Pour Paul Bérenger, la situation économique est « très grave » et estime qu’elle « le sera encore plus » au début de l’année prochaine, « risquant de déboucher sur une grave crise économique, avec l’inflation et la dépréciation de la roupie et, probablement, un exode de milliards du secteur offshore ». Il ajoute : « Je souhaite que cela ne se réalise pas, mais nous sommes très inquiets. » Il a d’ailleurs demandé au gouvernement « de cesser de dire ce qui est contraire de la vérité ».

Par ailleurs, le leader du MMM a constaté que le gros morceau du budget supplémentaire, que présentera bientôt le gouvernement au parlement, « ira à la BAI soit un montant de Rs 11,9 milliards de l’argent public, alors que le gouvernement a déjà emprunté Rs 3,5 milliards de la BoM ». Il ajoute : « Si on ajoute tout l’argent dépensé, les dépenses pourraient atteindre Rs 20 milliards, alors qu’à l’époque le gouvernement avait donné les garanties que l’argent public ne serait pas utilisé pour la BAI. »

En outre, il a observé que tout le pays est « bouleversé et outré » qu’en 2020 on puisse avoir des cas comme celui du petit Ayaan. « Le gouvernement doit agir correctement et faire la lumière sur ce qui s’est passé et que les coupables paient le prix de leur négligence. » Paul Bérenger a aussi sympathisé avec la famille de M. Kistnen, dont le corps a été trouvé calciné dans un champ de canne. Il demande qu’une enquête « appropriée » soit effectuée.

En réponse à des questions, Paul Bérenger a constaté que le ministre des Finances « n’a toujours pas publié le document qu’il avait promis concernant la CSG ». Quant à la réforme électorale, évoquée au Parlement la semaine dernière, il a estimé que « tant qu’Anerood Jugnauth et Pravind Jugnauth seront au pouvoir, il faut l’oublier ». Il a aussi annoncé qu’une réunion de coordination entre le PTr et le PMSD aura lieu mercredi prochain.

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