- « Il faut maintenant une alternative crédible et solide qui amènera le départ du Pravind Jugnauth comme Premier ministre et du MSM du gouvernement »
Après l’entente entre les partis de l’opposition parlementaire, l’éventualité d’une « alliance Ptr-MMM-PMSD » a été évoquée par le leader du MMM, Paul Bérenger. Pour lui, les manifestations de ces dernières semaines ont démontré non seulement que la population éprouve un ras-le-bol généralisé face à Pravind Jugnauth en tant que Premier ministre et chef du MSM mais également le désir d’un « vrai changement » dans le pays.
Par l’entremise de ces manifestations la population a dit non massivement à la corruption, au « dominer », « à l’arrogance du pouvoir et à l’incompétence », a fait ressortir Paul Bérenger, entouré des dirigeants de son parti lors d’une conférence de presse à Hennessy Park Hotel samedi. « Voilà pourquoi, il est clair que l’heure est arrivée pour que l’opposition propose à la population un gouvernement alternatif ». Selon lui, les discussions n’ont pas commencé dans cette direction entre les partis de l’opposition bien que le projet d’alliance ait été évoqué. « Le MMM, le Ptr et le PMSD agissent déjà ensemble au parlement et dans certaines occasions mais il faut présenter maintenant une alternative crédible et solide qui amènera le départ du Pravind Jugnauth comme Premier ministre et du MSM », a insisté le leader mauve. Toutefois, poursuit-il, si la conclusion d’une telle alliance électorale ne présente aucun problème quant au programme, il faudra tomber d’accord sur ce qu’une telle alliance présentera comme Premier ministre, vice-Premier ministre et Speaker entre autres. « Pour moi et pour le MMM, le plus tôt on présente un gouvernement alternatif et que l’on fasse partir Pravind Jugnauth et le MSM, le mieux ce sera pour le pays », a-t-il estimé.
Paul Bérenger n’est toutefois pas entré dans les détails concernant les dirigeants d’une éventuelle alliance, soulignant que cela ne se fait pas par le biais des conférences de presse. Il a également refusé de se prononcer sur le leadership du Ptr estimant que « celui qui sera le leader du Ptr ne nous concerne pas ». Cependant, le choix de celui qui sera présenté comme Premier ministre dans une éventuelle alliance fera l’objet de discussions entre les trois partis de l’opposition.
Paul Bérenger a rappelé toutefois qu’il n’est pas candidat au poste de Premier ministre tout en saluant le courage du MMM de s’être présenté seul aux dernières législatives. « Après ce qui s’est passé lors des dernières élections, malgré le fait que tout le monde sait qu’il y a eu une campagne communale intense, je l’ai déjà dit que MMM allant seul à des élections générales avec Paul Bérenger comme Premier ministre est chose du passé. » Et de préciser qu’il donnera un grand coup de main pour que le MSM perde les prochaines élections générales. Quant à la date à laquelle cette alliance devrait être conclue, Paul Bérenger a estimé que le plus tôt sera le mieux mais que cela ne dépend pas de lui. Il a souhaité qu’elle soit conclue avant les prochaines élections municipales. S’agissant de l’inclusion de Roshi Bhadain dans cette alliance, Paul Bérenger a souligné que lorsque la question a été évoquée au sein de l’entente de l’opposition, de gros blocages sont survenus. Et d’estimer que la victoire de l’entente de l’opposition aux prochaines élections municipales sera « chose facile ».
Le leader du MMM a aussi évoqué d’autres questions d’actualité, soulignant que le commissaire de police soit sans pitié contre tous ceux s’adonnant à des incitations à la violence communale et tenant des propos racistes et sectaires.
Qui plus est, il a présenté la demande du Directeur des Poursuites publiques de procéder à la réouverture de l’enquête concernant l’octroi du passeport en quatrième vitesse par l’ancien commissaire de Police Mario Nobin – dans l’affaire Brasse – comme étant une décision extrêmement importante. « Le bureau du DPP est l’une des rares institutions ayant encore une crédibilité », a-t-il fait ressortir. Notant, par ailleurs, des « signes de changement à l’ICAC », il a rappelé que Navin Beekarry avait été nommé à la tête de l’ICAC par sir Anerood Jugnauth et qu’il n’a jamais été d’accord avec cette nomination. Le mandat de Navin Beekarry prend fin en juin 2021 et rien n’empêche qu’il soit remplacé avant cette date, a-t-il mis en exergue. Estimant par là même que des compétences existent bien au sein de l’ICAC, il a exprimé néanmoins sa préférence pour un légiste venant du bureau du DPP qui, selon lui, permettrait à cette institution de fonctionner de manière convenable.
Par ailleurs, s’agissant des squatters en difficultés, le leader mauve a affirmé « que la situation des squatters a beaucoup trop duré. Nou insiste pou ki gouvernman fer bann propozision konkre sans plus tarder pour soulaz bann malere qui soufer bokou ».
Au sujet de la COVID-19, Paul Bérenger fera part de son étonnement au vu du nombre de personnes qui bien que présentant un rapport négatif au test au préalable se retrouvent positives par la suite. « Il se peut qu’il y ait des raisons techniques mais il est clair qu’il y a un problème ». Tout en citant le cas des Seychelles, également victimes de cette situation, il a estimé que cela mérite une enquête car c’est la santé de la population qui est en jeu. Il a souhaité l’entrée en opération du laboratoire à Plaisance et que le gouvernement fournisse des garanties que celui-là sera au dessus de tout soupçon dans le contexte des tests à la COVID-19.
Interrogé quant au projet de manifestation par Bruneau Laurette, et qui a été rejeté par la Police, Paul Bérenger a affirmé que « je n’ai jamais été d’accord avec les manifestations devant la résidence des gens car il ne manque pas de place pour manifester ». Il a à nouveau souhaité que personne ne fasse rien et ne dit quoi que ce soit qui donne « lokazion bann kominalis fer enn vilin travay ». Et de souligner : « Pa ti bizin dimann permision pou manifeste divan residans dimounn konserne. » Cependant, le leader du MMM a qualifié d’inacceptable la « manipulation de la police » dans le cas de l’arrestation de Bruneau Laurette.