MONDE DU TRAVAIL— Finance Bill: accueil mi-figue mi-raisin pour les syndicats  

Les syndicats accueillent de manière mitigée les amendements proposés à la Workers Rights Act dans la sphère du travail dans le cadre de l’introduction du Finance Bill au Parlement.

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Pour le président de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, au regard de l’amendement proposé par le gouvernement à l’effet qu’il serait capable de transformer le travail à plein temps en travail à temps partiel pendant une période de trois mois, il faut apporter des règlements à ce sujet. Et ce, pour garantir que lors de cette période de transition l’employeur n’y voit pas là une opportunité de mettre un terme à son contrat de travail en tant que travailleur à temps partiel car les indemnisations de licenciement sont calquées sur une période de douze mois suivant son licenciement. Il est important de préciser que durant cette période de transition l’employeur n’aura pas le droit de démettre un salarié. Toujours qu’il faut qu’un travailleur à plein temps soit d’accord pour travailler à temps partiel, fait-il remarquer. « Que se passera-t-il donc si un travailleur n’est pas d’accord avec une proposition de travail à temps partiel ? Est-ce que l’employeur pourra le mettre à la porte s’il refuse ? C’est pourquoi je dis qu’il faut des règlements pour garantir l’emploi avec n’importe quelle formule pour qu’il n’y ait pas d’abus », a déclaré Reeaz Chuttoo.

Quant à l’amendement proposé pour les travailleurs du secteur privé en période de grosses averses, il devait souligner que durant un flash-flood, le gouvernement vienne conseiller aux fonctionnaires de rester chez eux alors qu’un travailleur du secteur privé – qui s’absente sur un chantier de travail pour la même cause – voit sa rémunération journalière être éliminée même si le transport public est à l’arrêt. Avec de tels règlements, l’employeur ne pourra supprimer son salaire journalier en raison des grosses averses. La CTSP accueille cependant favorablement cet amendement dans le Finance Bill.

Pour ce qui est de l’interdiction des employeurs de licencier les travailleurs s’ils perçoivent une assistance financière du Wage Assistance Scheme (WAS), la CTSP se s’aligne sur cet amendement car « un employeur qui perçoit l’argent des contribuables n’a pas le droit de mettre à la porte un contribuable ».  Et le syndicaliste Chuttoo d’ajouter : « Durant la période de confinement alors que le WAS était en vigueur, beaucoup d’employeurs n’ont pas hésité à licencier des travailleurs. C’est une compagnie spécialisée dans les courses hippiques qui a été la première à s’adonner à cette démarche ».

En ce qu’il s’agit de l’introduction de la Contribution sociale généralisée (CSG), il souligne que cette démarche ouvrira « une porte dangereuse car il est dit que the minister may prescribe. Il n’a rien dit quant à la date à laquelle la CSG entrera en opération », met-il en exergue. Et de poursuivre : « Le ministre des Finances est entré dans une logique où il faudrait des discussions à ce sujet. Une chose est claire, il faudra remplacer le NPF qui a fait son temps. Il faudra convoquer au plus vite le Pension Reform Committee. »

Reeaz Chuttoo devait aussi faire ressortir qu’avec la Covid Act, un employeur peut demander à un travailleur de prendre un congé sans solde, en particulier dans le secteur hôtelier. « Je constate que certains hôtels se trouvent dans l’incapacité de mettre à la porte les travailleurs car ils sont la clef de leur réussite comme des cuisiniers. J’avais demandé au gouvernement comment un travailleur va pouvoir vivre avec le principe de leave without pay. Même avec le Workfare programme il ne pourra toucher que 90% du plafond de Rs 18 500 du  NPF pendant une période de trois mois. Il ne pourra pas vivre avec car la crise va perdurer. Maintenant avec le Finance Bill le Transition Unemployment Benefit est passé de trois mois à six mois et de 60% pour les six prochains mois

Pour le président de la Fédération des Syndicats du secteur public (FSSP), Rashid Imrith, le vrai débat au sein du Finance Bill se situe sur l’introduction du CSG. « La CSG est un projet controversable. À mon avis, on n’aurait pas dû passer cet amendement au Finance Bill sans les avis des membres de l’opposition et des représentants des travailleurs. Il est en train d’abolir la contribution au plan de pension pour les travailleurs du secteur privé. » Il devait souligner, par ailleurs, qu’avant 2013, il existait un système de pension pour les parlementaires et pour les fonctionnaires, soit le Define Benefit Scheme. « Avec un tel système un salarié peut savoir à l’avance quelle formule on utilisera lorsqu’on va lui payer sa pension à sa retraite. Avec l’amendement du Finance Bill en décembre 2012, c’est lorsqu’un fonctionnaire part à la retraite qu’il saura quelle formule sera utilisée pour calculer sa pension. Le système est resté inchangé pour les parlementaires, a-t-il fait remarquer. Pour la FSSP, avec le nouvel amendement proposé dans le Finance Bill on « est en train de look down sur la démocratie. Je pense que le président de la République aurait dû appeler le Chief Whip et  le leader of the House en ce qu’il s’agit de ses conséquences. Le dernier budget a souligné que le CSG attend à ce qu’elle accueille des revenus de Rs 3,7 milliards qui entreront dans les caisses du ministère de la Sécurité sociale à travers le Consolidated Fund. Le Finance Bill peut-il contenir autant de changements en profondeur? », s’est -il demandé.

Pour Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), la population attend toujours les explications sur les promesses de Rs 13 500 comme pension universelle, les personnes âgées étant dans l’expectative d’une augmentation graduelle. Les débats autour de l’introduction de la Contribution sociale généralisée doit se dérouler hors du Parlement, a-t-il affirmé.

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