Nicolas Von Mally, Mouvement Rodriguais : « Nous ne sommes pas de ceux qui attendent les élections pour se réveiller »

Avec la dissolution de l’Assemblée Régionale de Rodrigues (ARR) depuis jeudi dernier, la campagne gagne du terrain en vue du scrutin du dimanche 13 février. De son côté, Nicolas Von Mally, leader du Mouvement Rodriguais (MR), parti qui, jusqu’aux dernières consultations populaires dans l’île, était une force incontournable sur l’échiquier politique, poursuit son bonhomme de chemin. Depuis longtemps déjà, il a fait comprendre que sur une décision de principe, il ne faut compter sur lui pour s’engager dans des tractations pre-électorales en vue de conclure des alliances. Il tient parole et garde ses distances de ces manoeuvres tout en soulignant que le MR est déjà prêt pour les prochaines élections régionales car « nous ne sommes pas de ceux qui attendent les élections pour se réveiller. » Ses réflexions en début de campagne/

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Comment se présente la campagne électorale pour le Mouvement Républicain ?
Notre campagne se passe très bien. Je dois vous dire qu’en vérité nous avons toujours été sur le terrain. Nous avons toujours répondu présents lorsque les personnes nous invitaient. Même si certaines personnes nous ont quittées, nous les avons remplacées par d’autres et avons poursuivi le travail. Nous ne sommes pas de ceux qui attendent les élections pour se réveiller. Nous ne sommes pas ces partis qui se réveillent avant les élections comme les champignons après la pluie. Nous avons toujours été là.

Vous avez connu un mandat difficile, surtout qu’un certain nombre de membres vous ont quitté. Est-ce que ces démissions ont affecté votre parti ?
Il est évident que lorsque certaines personnes partent, cela affecte le parti. Cela est aussi une occasion pour injecter du sang neuf dans nos structures. Si une personne n’adhère pas à la philosophie du parti et pense uniquement à ses intérêts personnels, il est préférable qu’elle parte. Ce n’est pas lorsqu’on est au pouvoir qu’on va la découvrir. Ce serait alors plus grave. C’est un blessing in disguise.

C’est donc un MR renouvelé qui participe à la campagne électorale ?
Oui. Je dois reconnaître que beaucoup de personnes ont développé un dégoût pour la chose politique à Rodrigues, surtout en voyant ceux qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et qui connaissent les électeurs uniquement avant les élections. Ce genre de personnes a existé également au MR. Vu le fait que nous avons formé une nouvelle équipe, beaucoup de personnes veulent se joindre à nous, surtout lorsqu’elles voient les alliances qui se forment composées de partis créés à la dernière minute. On constate qu’il y a des gens qui ont simplement soif du pouvoir.
Or, le MR est resté ce qu’il a toujours été au vu des discussions internes au sein des partis dont à l’OPR qui présente une unité de façade. Ce parti peut imploser à n’importe quel moment. Certains me traitent de têtu parce que je refuse de me joindre à n’importe quel parti uniquement dans le but de prendre le pouvoir au niveau régional. La préservation de notre honneur et de notre dignité est importante.

Si nous comprenons bien, vous refusez de vous joindre à l’alliance de l’opposition ?
Ce sont ceux qui ont quitté le MR parce qu’ils considéraient que nous n’étions pas bons. Ils sont en désaccord avec nous mais veulent se joindre à nous. C’est bizarre ! Ce qu’ils recherchent, c’est une caution morale. Je ne suis pas disposé à leur donner cette caution, surtout que je sais qu’ils sont immoraux.
Nous avons maintenu la philosophie du MR et avons maintenu notre philosophie. Le seul parti qui dispose d’un programme bien étoffé, c’est nous. Les autres critiquent à gauche et à droite. Vous n’avez qu’à voir notre page Internet, puisque les réseaux sociaux occupent une place importante dans notre campagne, et vous verrez ce qu’on propose concernant la fourniture de l’eau, sur la production de sel et des noix de coco, l’élevage de poisson, etc.

Quel est l’enjeu des prochaines élections régionales ?
L’enjeu est soit de développer Rodrigues économiquement, soit de maintenir le statu quo avec quelques projets sociaux. Il faut relancer la machine économique rodriguaise et faire de Rodrigues un grenier pour Maurice en forgeant son économie de manière à ce qu’elle devienne économiquement indépendante. Il nous faudra développer son agriculture et résoudre le problème de l’eau. Ce qui n’est pas difficile. Il y a eu une révolution politique avec l’autonomie, il faut maintenant permettre à Rodrigues de faire une révolution économique.

Que reprochez-vous au gouvernement régional sortant ?
Il y a eu beaucoup d’occasions ratées. Le port et l’aéroport sont encore en souffrance alors qu’Agalega dispose déjà d’un port et d’un aéroport. L’OPR a surtout pris l’argent de Maurice pour réaliser des projets sociaux. Le secteur productif est resté le parent pauvre à Rodrigues. L’île aurait pu apporter sa pierre à l’édifice économique de la République de Maurice. Ce qui est très important pour la dignité rodriguaise. Pour que les Rodriguais soient économiquement indépendants, il faut qu’ils puissent produire. Auparavant Rodrigues produisait beaucoup plus de choses alimentaires qu’aujourd’hui.
Actuellement, nos terrasses et nos terres sont abandonnées alors qu’on peut faire de Rodrigues une île-verger. Kot pikan loulou pouse kapav plant grenad ek enn pake frwi. Ils n’ont pas cette vision. Rodrigues est une chaîne de collines. Il faut voir la quantité de terrains abandonnés sur les flancs de ces collines entre Grande-Montagne et la Ferme. Il faut avoir une stratégie agricole qui nous permettrait de fournir des fruits à Maurice.

La production alimentaire est donc une priorité du Mouvement Rodriguais…
Tout à fait. Lorsque nous produirons nos produits alimentaires, nous serons à l’abri des besoins. Actuellement, il nous faut contrôler mes prix qui sont montés en flèche avec le Covid.

Avec l’installation du câble sous-marin entre Maurice et Rodrigues, est-ce qu’il y a eu des débouchés dans l’île ?
Je suis une des premières personnes à avoir demandé l’installation d’un câble sous-marin entre Maurice et Rodrigues. Ce projet a pris son temps avant d’arriver à Rodrigues. Je me souviens que lors de l’installation du câble SAFE, j’avais interpellé Paul Bérenger à ce sujet. Ce dernier avait demandé à Pradeep Jeeha pourquoi n’avoir pas connecté Rodrigues. Ce dernier a affirmé que cela coûterait trop cher. Or à l’époque, cela devait coûter Rs 2 millions. Aujourd’hui, cela a coûté Rs 2 milliards.

Comment se passent les relations entre Rodrigues et Maurice ?
Les relations sont très bonnes. Toutefois, je pense que Maurice aurait dû accorder plus d’attention au développement économique. C’est également le cas pour Agalega. À l’époque, cette île produisait non seulement des noix de coco mais également de l’huile de coco. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Est-ce que c’est voulu ? D’ailleurs, la population d’Agalega est passée de 1 200 à 150 personnes.

Auparavant, Rodrigues produisait des haricots, des oignons, des œufs sans compter le sel, le beurre et le fromage. Pourquoi dans la République, seule Maurice produit et pas Agalega et Rodrigues ? Pourquoi Maurice permet-elle qu’une telle situation subsiste ? Pourquoi encourage-t-elle les populations de Rodrigues et d’Agalega à être inactives ?

Le MR ira donc aux élections régionales seul contre tous ?
Tout à fait. Nous ne savons pas ce qui se passe du côté de l’OPR. Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont été déçus dans les autres partis viennent se joindre au MR.

Est-ce qu’une candidature éventuelle de Serge Clair jouera contre le MR ?
Serge Clair ne se présente pas aux élections pour contrer le MR ou qui que ce soit, mais pour empêcher que son parti n’éclate en morceaux. Est-ce qu’il réussira à le faire ? That’s the question. Le problème n’est pas le MR, mais la division au sein de l’OPR. Le MR a aussi connu cette expérience. Le problème provenait de l’intérieur.

Quel est le poids du Covid-19 dans ces élections ?
Le Covid-19 n’est pas un problème. Kovid pa get figir. Ce qui exaspère les Rodriguais et provoque les révoltes, ce sont les Rodriguais qui sont bloqués à Maurice. Les élections sont arrivées très vite et il y a beaucoup de personnes qui auraient souhaité être dans l’île. Il y a même des candidats qui sont bloqués à Maurice. J’entreprends actuellement des démarches pour qu’ils puissent rentrer. OPR finn fer enn mesanste. Et c’est l’OPR qui choisi ceux qui peuvent rentrer. Il faudrait mettre davantage de vols et créer plus de places pour les quarantaines.

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