NO 10 : Le renouveau avec l’Alliance du Changement

Une atmosphère électrique régnait lundi au collège d’État de Bel-Air, centre de dépouillement pour la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10). Alors que les opérations se sont déroulées avec une minutie caractéristique du processus électoral mauricien, deux ambiances distinctes s’opposaient : d’un côté, la nervosité palpable du camp de L’Alliance Lepep, de l’autre la confiance croissante de l’Alliance du Changement, portée par des résultats partiels prometteurs au fil des heures et une foule de supporters de plus en plus nombreuse criant victoire.

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La journée a démarré par une phase méticuleuse de préparation. L’acheminement des 127 urnes vers la salle du Returning Officer a eu lieu entre 11h25 et 12h25, suivi du tri des bulletins en lots de 100. Les 24 salles de classe, transformées en centres de décompte, n’ont accueilli leurs Counting Members qu’en début d’après-midi, le décompte effectif débutant à 13h35.
Du côté de L’Alliance Lepep, les signes de nervosité étaient palpables. Le chef de file Vikram Hurdoyal, aperçu en train de faire les cent pas dans l’enceinte de l’établissement, a vidé les lieux vers 13h. La désactivation du compte Facebook de Vikram Hurdoyal en cours de journée n’a fait que renforcer les interrogations.

À l’opposé, le camp de l’Alliance du Changement affichait une confiance grandissante. La présence remarquée de leurs agents, renforcée par ce qu’ils qualifient de Fake Independent – des sympathisants venus en renfort – témoignait d’une organisation minutieuse pour surveiller les opérations.
Malgré l’absence de résultats officiels jusqu’à 17h32, les tendances observées sur les tableaux des différentes salles de dépouillement semblaient conforter l’optimisme du camp du changement. À l’extérieur du centre, leurs partisans, de plus en plus nombreux depuis 14h45, attendaient dans une ambiance festive.

Après le dépouillement des premiers bulletins, les trois candidats de l’Alliance du Changement dominaient largement les suffrages. En tête des résultats partiels, Chetan Baboolall, candidat du MMM – dont la précédente tentative dans la circonscription Flacq/Bon-Accueil (No 9) s’était soldée par un échec – réalise une percée remarquable. Cette performance témoigne non seulement de sa progression personnelle, mais aussi de l’écho favorable rencontré par le message de l’Alliance du Changement auprès de l’électorat.

À ses côtés, Avinash Ramtohul et Reza Saumtally, représentants du parti Travailliste, complètent ce trio. Ces trois candidats semblent avoir su convaincre les électeurs de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est de la nécessité d’un renouveau politique.

L’ancien Deputy Speaker, Zayid Nazurally, qui briguait cette fois-ci un mandat en tant qu’indépendant dans la circonscription No10, connaît une défaite cuisante en terminant en septième position. Malgré une campagne active sur le terrain et son expérience politique, il termine en septième position, derrière les candidats de L’Alliance Lepep mais devant ceux de Linion Reform. Un revers d’autant plus marquant qu’il avait été brillamment élu en 2019, occupant la deuxième place du podium derrière Vikram Hurdoyal sous la bannière du MSM.

Cette performance mitigée de celui qui était considéré comme le potentiel trouble-fête de ces élections illustre la difficulté pour un candidat indépendant, même doté d’une certaine notoriété, de s’imposer face aux grandes formations politiques. Ce scrutin marque ainsi un revirement spectaculaire pour celui qui, lors des dernières élections, avait devancé Sunil Bholah, alors troisième. Ces élections de 2019 étaient d’ailleurs restées dans les mémoires pour leur issue serrée entre Bholah et Navin Ramgoolam, ce dernier ayant contesté les résultats sans succès et sa demande de recomptage ayant été rejetée.
La position actuelle de Nazurally, loin derrière les candidats de L’Alliance Lepep mais devant ceux de Linion Reform, illustre la difficulté pour un ancien élu de se maintenir sans le soutien d’une grande formation politique, même dans une circonscription où il avait précédemment connu le succès.

Le pari gagnant du renouveau

L’ambiance, déjà festive, montait d’un cran à chaque nouvelle vague de partisans rejoignant les rangs des célébrations. Les chants traditionnels de campagne, désormais transformés en hymnes de victoire, résonnaient dans les rues adjacentes, créant une atmosphère de carnaval électoral.
Les abords du collège d’État de Bel-Air se sont rapidement transformés durant l’après-midi en véritable théâtre de célébration populaire. Les chants de victoire résonnaient dans tout le quartier, portés par une foule en liesse de plus en plus nombreuse. Le slogan “Viktwar, viktwar, viktwar Lalians Sanzma” se propageait comme une traînée de poudre, ponctué par le refrain emblématique “Ale Navin, Ale Navin” qui électrisait les partisans.
Cette ferveur populaire avec les supporters, brandissant vuvuzelas, drapeaux et banderoles aux couleurs de l’Alliance du changement, typique des grands moments électoraux mauriciens, traduisait l’émotion d’une circonscription à l’aube d’un changement historique.
Joy Beeharry, Campaign Manager de l’Alliance du Changement, n’a pas caché pas son émotion face à ce succès électoral. Cette victoire revêt une saveur particulière pour celui qui avait déjà œuvré dans la circonscription No10 en 2001 et 2005.

« Le peuple n’est pas dupe », a-t-il affirmé avec conviction. « Aujourd’hui, c’est un grand jour qui me rend particulièrement fier d’être mauricien. » Fort de son expérience dans la circonscription, il analyse la victoire comme le résultat d’une combinaison stratégique de profils complémentaires.
Le Campaign Manager a souligné les atouts de chaque candidat. « Chetan Baboolall a forgé son expérience politique dans la circonscription No 9, Avinash Ramtohul s’est investi sans relâche sur le terrain, et Reza Saumtally maîtrise parfaitement les rouages du métier. » Une synergie qui, selon lui, a su convaincre l’électorat malgré une campagne courte mais intensive.

Se tournant déjà vers l’avenir, Joy Beeharry a insisté sur les responsabilités qu’implique cette victoire : « Nous sommes sur la bonne voie et nous allons continuer à œuvrer pour le bien-être des habitants. Notre mission est claire : mener le peuple dans la bonne direction. »

Des partisans astucieux
Si les partisans de l’Alliance du Changement ont dû patienter pendant plus de quatre heures avant d’être autorisés à entrer dans l’enceinte de la Bel Air SSS, les proches des candidats et de certains agents, femmes et enfants en particulier, ont bénéficié de la diligence des forces de l’ordre. Aussi, si des barrages ont été installés à environ 100 m du collège pour tenir à distance ces mêmes partisans, qui étaient soit à pied, soit dans des voitures ou des camions, certains ont trouvé l’astuce pour contourner les deux barrières en passant par des ruelles se trouvant entre certaines maisons. Ainsi, ils ont été plus d’une cinquantaine à se retrouver pratiquement devant l’institution, séparés seulement par une petite barrière, en attendant que celle-ci soit enlevée et que les portes soient ouvertes lors de la proclamation des résultats.

Vikram Hurdoyal (L’Alliance Lepep) : « Je ne peux dire que je suis très confiant »

La déclaration de Vikram Hurdoyal date de dimanche. Il était présent lundi matin mais a quitté l’enceinte du collège à 13h avant même de prendre connaissance du premier pointage des voix. « Je ne peux dire que je suis très confiant, mais je demeure néanmoins confiant. Il faudra attendre que les boîtes soient ouvertes pour en savoir davantage »

Avinash Ramtohul (Alliance du Changement) : « Remettre le pays sur le bon pied »
Détenteur d’un PhD et directeur d’entreprise, il s’est lancé en politique pour restaurer les valeurs démocratiques et éradiquer la corruption. « Le plus important maintenant est de voir comment remettre le pays sur le bon pied et aussi revoir le concept de l’intégrité, de la moralité et le “law and order”. Je suis très content que l’île Maurice, qui souffrait depuis longtemps, ait fait entendre sa voix. La voix du peuple est la voix de Dieu. Le peuple a dû faire face à la cherté de la vie, la corruption et la drogue, entre autres. Je suis d’avis que les Mauriciens ont voté pour un vrai futur pour le pays et pour leurs enfants. Et là, on a surtout en tête la génération qu’il faut reconstruire. Il y a tout un travail à effectuer en ce qui concerne le tissu social qui a été écrabouillé. Il faut aussi reconstruire l’économie et redonner sa valeur à la roupie mauricienne. On pense aussi aux jeunes à qui il faut redonner confiance dans le système. Si certains ont préféré quitter le pays, il faut leur redonner confiance pour qu’ils retournent. Il faut rétablir l’intégrité, la moralité et l’égalité des chances. Il faut arrêter avec le népotisme. Notre campagne a été très courte mais très intense. Et avec l’aide de tous ceux qui nous ont soutenus, tous les supporters, tous les partisans, on travaillera ensemble pour bâtir une île Maurice meilleure. »

Chetan Baboolall (Alliance du Changement) : « On ne vous laissera pas tomber »
Avocat de profession, il s’est engagé dans la politique pour la justice et l’équité, inspirant l’espoir et la solidarité. « C’est une victoire pour la nation mauricienne. Une victoire qui permettra aux Mauriciens de retrouver leur dignité. Ils ont aussi voté comme patriotes pour une deuxième indépendance. Et nous, au niveau de l’Alliance du changement, on ne vous laissera pas tomber. »

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