Not in the best interest of racing

Il y a des leçons à tirer de la nouvelle affaire Ségeon qui a fait la une de l’actualité hippique la semaine durant et qui ne sert pas le meilleur intérêt des courses. Le jockey a été trouvé positif à un produit interdit par les rules of racing. Les commissaires l’ont logiquement convoqué et sanctionné de Rs 30 000 d’amende. Le produit retrouvé par l’efficace laboratoire QuantiLAB est le bromazepan, qui est un psychotrope. Mais contrairement à ce que veulent faire accroire certains, il ne s’agit pas d’une drogue, mais d’un médicament anxiolytique, le Lexotanil, qui peut, entre autres, contribuer à alléger les problèmes de sommeil pour ceux qui en souffrent. Un médicament courant, et ses semblables, que l’on retrouve dans bon nombre de familles mauriciennes qui souffrent de ce mal.

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Comme au sein de la GRA, du PMO, on semble avoir une dent tenace contre le jockey, la Police des Jeux, qui avait pris six semaines pour s’activer lorsqu’un jockey mauricien avait été trouvé positif à la méthadone, qui est pourtant une drogue de substitution à l’héroïne, a cette fois démarré une enquête en moins de 48 heures. Le jockey Cédric Ségeon a été « cuisiné » au même titre qu’un trafiquant de drogue notoire, sa maison fouillée par une armée de limiers de la Police des Jeux, avant d’être arrêté, présenté en cour et inculpé pour possession illégale de psychotropes. Dans cette folie policière, un dommage collatéral, son médecin personnel, qui lui aurait fourni une prescription dans des circonstances peu claires, ce qui lui a valu aussi de connaître les affres du tourbillon dévastateur du processus police-justice que l’on ne souhaite évidemment à personne. De quoi avoir besoin d’un traitement au bromazepan…

Évidemment, Turf Magazine ne va pas cautionner le non-respect de la loi et des rules of racing. Il est tout à fait normal que tout cela soit sanctionné, mais il n’est pas question non plus de blow out of proportion ce qui n’est qu’un fait regrettable de la vie ordinaire, parce que la GRA et la Police des Jeux veulent montrer des muscles disproportionnés devant de faibles personnages, alors qu’elles se font toutes petites devant des protégés… des protégés du régime. Comme ce fut le cas dans deux affaires récentes.

D’abord, pas de suite aux manquements majeurs d’une compagnie de messagerie rapide qui a retardé l’expédition d’échantillons contenant des produits dopants à des fins de contre-analyse. Pourtant, le plaignant était la GRA et les atermoiements de cette compagnie étaient susceptibles de nuire à l’intégrité d’une enquête criminelle en cours dans deux cas de dopage équin graves. Ensuite, aucune enquête n’a été ouverte lorsqu’un un haut gradé de la Police des Jeux a accompagné un prisonnier dans les mêmes affaires de dopage pour un retrait dans une banque commerciale des « proceeds of a crime », alors que le processus établi est de passer par la voie judiciaire.

Il n’est pas inutile ici de rappeler que dans leur quête à charger au maximum le jockey Ségeon et de s’attaquer à l’intégrité du laboratoire QuantiLAB, la Police des Jeux a tenté d’investir ses locaux pour s’approprier des restes des échantillons du jockey pour les faire analyser dans le laboratoire du gouvernement, la FSL. Il a fallu un attachment order de cette compagnie pour arrêter cette furie policière qui croyait qu’on entrait dans un laboratoire comme dans une boutique, pour ne pas dire un bordel, qu’ils connaissent sans doute mieux. Heureusement qu’il y a des lois pour protéger les informations personnelles, l’ADN et le privacy, chose qu’a faite avec fermeté QuantiLAB. Et qu’il y a aussi des protocoles pour garder l’intégrité des échantillons qui préconisent, entre autres, une chaîne continue d’assurance de la qualité, de la traçabilité et de sécurité pour garantir que l’échantillon n’ait pas été abîmé ou subi des manipulations humaines externes.

Derrière tous ces actes, il y a une main invisible qui pratique une logique destructrice et vengeresse maladive contre certains, et une protection choquante pour d’autres, au point où aucune des institutions étatiques touchant de près l’hippisme mauricien ne pratique l’indispensable équité et justice pour tous. Cette main invisible est peut-être aussi derrière la nouvelle initiative de la GRA d’inciter le MTC à rouvrir une enquête sur le dopage de Ségeon à la lumière des derniers développements de l’enquête policière, en intimant gentiment l’organisateur des courses de prendre action. Puisque, selon elle, le jockey français aurait influencé l’enquête initiale avec des tampered evidence et aurait donc induit les commissaires de courses en erreur avec des arguments susceptibles de réduire la portée de sa faute.

La GRA a raison sur ce point. Le MTC a encore raté une occasion d’agir librement et a encore attendu une admonestation de la GRA pour réagir. Évidemment, la GRA a brandi une épée de Damoclès sur la tête du MTC, pour ne pas dire glisser une peau de banane sous ses pieds, celle d’avoir à suspendre le jockey Ségeon. Sans le vouloir, le MTC aurait pu devenir complice de la volonté de cette aile de la GRA de priver le jockey du droit de monter en courses et de gagner sa vie. Mais l’enquête ouverte ce matin a été ajournée, ce qui permet techniquement au jockey de Jean-Michel Henry de monter ce samedi. Une tactique dilatoire, au point d’accepter implicitement d’avoir été manipulé, qui renvoie la responsabilité de la suite des événements sur le dos de la GRA. Que fera l’instance régulatrice ? D’ici 24 heures, on le saura ! En tout cas, la guerre larvée entre les deux institutions se poursuit.

La principale leçon à tirer de cette affaire, c’est que le MTC est en train de perdre au fil des semaines la bataille de communication et d’action vis-à-vis de la GRA, malgré les énormes défauts et passe-droits de cette instance gouvernementale. Pour avoir trop tardé à établir les limites des attributions de la GRA par rapport à ses propres prérogatives, par son immobilisme à se réinventer en une véritable entreprise dynamique et novatrice, par le manque d’ouverture et d’écoute de certains de ses cadres, le MTC en est arrivé à avoir perdu la confiance même de ses propres sujets, les professionnels de courses. Les appels récents du président du MTC au dialogue interne ne semblent pas avoir été entendus. Trois entraîneurs et des propriétaires, se substituant au rôle du MTC, ont cette semaine vainement plaidé au 12e étage de la Newton House la cause de la nécessité d’une neuvième course, des limites des nouvelles directives qui les privent de participation dans des épreuves de groupe comme le Maiden, et de l’obscurantisme pratiqué concernant la politique d’acceptation ou non de jockeys étrangers.

Par ailleurs, et cela est plus symptomatique de la relation de confiance avec le MTC, pas moins de trois autres entraîneurs ont fait appel de l’avis de la GRA sur des décisions qu’ils disent controversées des Racing Stewards ou du handicapeur. La dernière en date, concernant le refus des Racing Stewards (RS) de permettre au jockey Stackhouse, que l’établissement Gujadhur a bienveillamment mis à disposition, de monter le partant d’Allet, a contraint celui-ci à retirer son partant. Les RS ont agi sur l’autel de l’intérêt des courses (?) et les règlements du ministère du Travail de 2015. Ils ont ainsi minoré les directives 2018 de la GRA — le paragraphe 3b — qui aurait permis à Stackhouse de monter. Dommage de contraindre un cheval de ne pas courir en compétition, alors qu’on a une solution. D’autant qu’on demande à cor et à cri une neuvième course sur cet argument. Dommage que l’on n’ait pas assisté au match annoncé entre le Maingard Afdeek et First Crusade de chez Allet. Ce n’était vraiment pas dans le best interest of racing…. À moins qu’il n’y en avait d’autres !

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