Not in the best interests of racing (II)

Les relations entre la GRA et le MTC sont en nette détérioration malgré l’affirmation contraire du président du Mauritius Turf Club à cet effet lors de la dernière conférence de presse de l’organisateur des courses il y a quinze jours. Il n’y a pas que le judicial review sur les directives de la GRA qui sont l’objet de cette nouvelle situation, mais une guerre larvée ces derniers temps entre l’autorité et son licencee. La soft policy prônée par la CEO, Mme Ringadoo, qui n’a pas toujours été vue d’un bon Å“il en haut lieu à la Newton House, a laissé la place à des relations moins cordiales pour ne pas dire plus glaciales ces derniers temps, sur la base que de plus en plus de stakeholders du monde des courses bypass le MTC pour aller se plaindre à la GRA. Qui ne demandait pas moins pour asseoir une crédibilité qui lui fait grandement défaut !

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Cette situation est pour le moins incongrue et encouragera sans doute d’autres stakeholders des courses hippiques mauriciennes à rechercher l’arbitrage de cet organisme qui a pris à contre-pied le MTC sur deux plaintes, l’une de l’écurie Gujadhur et l’autre de l’écurie Vincent Allet. Le premier aurait, selon la GRA, dû pouvoir exercer son droit d’appel, alors que le second avait le droit de retenir les services du jockey Stackhouse, avec la réserve que le dernier mot revienne quand même aux Racing Stewards (RS). Le premier se plaignait de n’avoir pu faire appel d’une décision des RS sur l’affaire Oliver/Cape Horn, alors que le deuxième avait demandé l’arbitrage de la GRA sur le refus des Racing Stewards d’autoriser le jockey Stackhouse à monter son cheval First Crusader après la chute du jockey Brandon Louis au cours de la journée. Ce qui avait entraîné le retrait pur et simple du cheval par l’entraîneur Vincent Allet. Un précédent qui est diversement commenté.

La GRA a donc donné gain de cause aux deux entraîneurs et le MTC aurait même frôlé une sanction de l’autorité hippique pour s’être appuyé sur un ordre du ministère du Travail de 2005, alors qu’une directive de 2018 de la GRA — l’autorité imposée au MTC — a été ignorée par les RS dans l’affaire First Crusader. Le remplacement de Brandon Louis était possible selon cette directive, mais heureusement pour le MTC, elle donnait aussi le dernier mot aux RS. Selon les informations obtenues auprès du MTC ce matin, l’organisateur des courses compte contester ces deux appréciations de la GRA.

La GRA a, d’autre part, donné une issue favorable à la demande des entraîneurs à surseoir, à titre provisoire, sa décision initiale — sans doute précipitée — puisque motivée par les conseils du vétérinaire français Pierre-Maurice Gallot de ne plus administrer aux chevaux les thérapies antisaignement (Bleed No More, SalviBlood, Twyblid) le jour des courses, comme cela se pratique depuis plusieurs années. Ce revirement de la GRA n’est que temporaire, jusqu’à la fin de la présente saison. Mais il est salutaire, car un bleeder non-traité peut occasionner des incidents majeurs en course, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer. Il faudra réfléchir pour les saisons à venir sur cette interdiction vu le nombre de chevaux affectés à Maurice et surtout les conditions astreignantes dans lesquelles ils sont confinés pour des raisons de sécurité, ce qui ne favorise pas une meilleure santé.

Deux autres sujets de désaccord entre la GRA et le MTC ont surgi cette semaine. D’abord, l’annonce par le président du MTC, sans consultation préalable avec la GRA, du décalage d’une heure de la publication du programme officiel. L’heure de sortie officielle de 12h30 est régie par le fait que la licence des bookmakers leur permet de commencer leurs opérations à cet instant-là. Tout changement en ce sens doit alors avoir l’approbation des trois parties. Pour l’heure, le MTC a été sommé de respecter cette directive. Ensuite, l’autorisation fournie par le MTC au jockey David pour exercer de nouveau à Maurice cette saison est contraire aux directives 2 de la GRA, qui a déjà signifié au jockey qu’il ne pourra le faire cette saison. Il ne faut pas oublier au cœur de cette guéguerre la nouvelle affaire Ségeon, où le MTC a renvoyé sine die une décision de suspension souhaitée par la GRA et la lenteur irritante pour la GRA des enquêtes du MTC sur les cas de dopage — Maxamore, Aspara, League Of Legends et Artax.

Les hostilités ne sont pas à l’orée d’un accord de paix durable et constructif, et cette situation n’est pas dans le meilleur intérêt des courses hippiques. Chacun a ses torts. Le MTC paye sa léthargie d’avoir laissé la GRA entrer dans son champ d’action sans réagir. Aujourd’hui, sa rébellion tardive est minée par ses relations tendues avec ses propres stakeholders, qui n’ont plus confiance et voient leurs intérêts d’abord. Pour ce qui est de la GRA, elle doit être ramenée à ce qu’elle est, un régulateur. Elle doit comprendre qu’elle ne peut s’ingérer dans la gestion au quotidien des courses hippiques. Cela est d’autant plus vrai qu’au même moment elle pilote favorablement la croissance exponentielle de compétiteurs à l’industrie hippique en leur fournissant des permis no limit qui vont menacer à moyen terme la viabilité des courses dans notre pays.

Le Mauritius Turf Club, qui organise les courses depuis plus de 200 ans, doit se réinventer, et vite. Il doit monter au-dessus de ces contingences quotidiennes qui sont plus les reflets de ses individualités en manque d’imagination, sans panache, mais imbues de leurs prérogatives. La concurrence dans le monde du jeu va grappiller davantage les dividendes qui lui sont généralement promis, avec la multiplication des offres de service supplémentaires en gestation ou déjà en service. Trois tirages de loterie par semaine, deux tirages du Loto, des paris exsangues à souhait sur les réunions hippiques étrangères, une multiplication des machines de jeux à travers l’île et de nouveaux casinos contre …une modeste journée hippique de huit courses où, apparemment, respecter l’heure de parution du programme officiel serait aujourd’hui un problème majeur !

Il faut être à la hauteur des enjeux réels et se préparer au combat. Il faut un plan d’action qui englobe la possibilité de proposer à la population deux journées de courses par semaine — dans un premier temps en fin d’après-midi/début de soirée pendant les vacances scolaires de l’hiver. Bien sûr, cela implique une augmentation massive de l’importation des chevaux de courses et des conditions financières favorables à cela …et les fameuses autorisations de la GRA qui bloque aujourd’hui sur l’autel nou ki mari petitement une neuvième course qui s’impose et qui ne va faire de mal à personne.

Pour cela, ce n’est pas la guéguerre qu’il faut faire à la GRA, c’est La Guerre. Aucune cour de justice ne peut permettre à un régulateur de favoriser les uns et défavoriser les autres, et de profiter de son strapontin sur un conseil d’administration pour priver quiconque de son droit sans argument valable. Dans un pays démocratique qui se respecte, l’égalité des chances et le fairness sont garantis par la Constitution. Personne ne peut être l’otage de brosseurs de chaussures à la solde du pouvoir, souvent plus royalistes que le roi lui-même. Mais pour aller à la guerre, il faut un général et une armée soudée. Le MTC n’a plus de choix, il est au pied d’un mur, où de l’autre côté attend… impatiemment un habitué de la brume londonienne, prêt à prendre la relève ! And this also will not be in the best interests of racing in Mauritius…

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