De notre destin commun

La philosophie nous enseigne que le développement se fait à l’image de l’homme.  Ainsi, la révolution industrielle est perçue comme le prolongement de la main et subséquemment la révolution numérique comme le prolongement du cerveau. L’essor que ces révolutions ont engendré a eu, de manière générale, un effet bénéfique pour l’humanité. Mais lorsque ce processus a été mal maîtrisé ou a dérapé en raison de la course effrénée pour toujours plus de gains, sans autres considérations, alors les effets sur l’un de nos biens les plus précieux, à savoir, l’environnement, ont été destructeurs voire dévastateurs. Cela s’est traduit, au premier chef, par la dégradation de notre couche d’ozone, ce qui a provoqué l’émergence de phénomènes extrêmes liés au climat et qui font partie dorénavant de notre lot quotidien.  Dans un sursaut d’instinct de survie, les États du monde entier, y compris les plus pollueurs, ont pris à la COP 21 en 2015, grand-messe sur le changement climatique, et après des années de tergiversations, un certain nombre de décisions phares pour limiter les dégâts. Un couac de taille cependant.  Le nouveau locataire de la Maison Blanche a annoncé la sortie des USA, superpuissance qui traditionnellement pèse sur les grands sujets, de cet accord en niant l’évidence, quelques mois seulement après sa prise de fonction pour des raisons politiciennes, sans se soucier des conséquences pour notre planète. Cela alors que des milliers de scientifiques, toutes nationalités confondues, ont démontré, preuves à l’appui, que le changement climatique est bel et bien là et nous affecte dans notre vie de tous les jours. Souhaitons que dans le sillage de la COP 23 qui se tient actuellement à Bonn, le président Macron, qui a pris de l’épaisseur sur le plan international, pourra lui faire changer d’avis.  L’avenir nous le dira !
Par ailleurs, le fait que l’environnement se retrouve si détérioré devrait nous pousser, sans exception, à revoir nos comportements si nous voulons faire perdurer les principes cardinaux du matérialisme historique ou dialectique qui conceptualise notre évolution, à savoir que chaque étape du développement contient en son sein les germes de son propre dépassement. Pour cela, l’homme doit obligatoirement se ressaisir face à l’adversité et aux défis, même les plus improbables, afin d’éviter d’aller tout droit vers sa perdition. Sinon les nombreuses productions cinématographiques comme Star Trek, Odyssée de l’Espace, Interstellar, entre autres, ne seraient plus de la science-fiction, mais l’expression d’une réalité qu’on avait enfouie dans notre subconscient jusqu’à maintenant.
Il faut aussi que tous nous réalisions, une fois pour toutes, que l’homme et la nature sont plus que jamais indissociables de par la symbiose, la relation existentielle entre les deux. Toutefois, la nature a un avantage certain sur l’homme.  Elle a une autonomie que nous n’avons pas et qui est bien mise en exergue par cet adage des mouvements écologistes « Nature does not need people.  People need nature.  Nature was here before us.  It will be there after us ». Cette nature ne cessera de nous émerveiller.  Ainsi, la façon dont elle génère du silicium est inimitable ou encore la beauté époustouflante d’une diatomée vue au microscope défie l’imagination.   
C’est pourquoi le réflexe des chercheurs de copier la nature est révolutionnaire et prend de l’ampleur.  Pour une raison bien simple d’ailleurs.  Depuis plusieurs centaines de millions d’années, elle a su élaborer de manière très … naturelle des matériaux dont les performances dépassent souvent celles des matériaux, y compris les plus modernes, conçus par les hommes.  
Dans ce contexte, le biomimétisme, aussi qualifié comme l’art de copier le vivant, est un domaine d’avenir car il s’inspire des animaux ou des plantes pour créer des produits plus écologiques, plus efficaces et plus riches en intelligence. Le retour en force de la pharmacopée traditionnelle n’est donc pas étonnant.  D’ailleurs, les premiers hommes se sont inspirés des termitières pour construire leurs maisons.  Le béton armé a copié les nervures des feuilles pour permettre une meilleure résistance. Même pour la Tour Eiffel, la légèreté de ses piliers a été inspirée par la structure des tibias humains.
La nacre des coquillages, matériau extrêmement fragile au demeurant, a quant à elle inspiré de nouveaux matériaux céramiques qui sont dix fois plus résistants, en raison d’une architecture particulière.  Ainsi, le nez de la navette spatiale est en céramique car c’est la seule matière capable de résister aux contraintes de température et de frottement lors de l’entrée dans l’atmosphère terrestre.
D’autre part, la compréhension du phénomène d’auto-nettoyage des feuilles de lotus a représenté une étape majeure en bionique. Car elle a permis aux scientifiques de réduire la perte de la puissance de propulsion des porte-conteneurs de moitié au niveau de la coque.  Donc avec un coussin d’air, les surfaces calquées sur la fougère d’eau vont révolutionner la construction des navires avec pour résultat une économie de presque un pour-cent de la consommation mondiale de fuel.  
Dans le même ordre d’idées, les ailes des oiseaux, notamment celles des grands prédateurs, capables d’une manoeuvrabilité et d’une furtivité exceptionnelles peuvent nous aider à concevoir une nouvelle génération d’ailes d’avion à géométrie variable, capables de se déformer, comme le font celles des grands rapaces, afin de rendre les vols plus économes et moins turbulents.  Toujours dans le domaine aviaire, la configuration d’un pigeon fait qu’il peut atterrir sur une surface qui ne représente qu’un sixième de sa longueur, alors qu’aucun avion ne peut le faire.
On ne saurait faire l’impasse sur le monde marin car notre planète est entourée d’eau. C’est pourquoi, sans doute, il y a une raison à la fois scientifique et métaphysique pour que les océans soient le berceau de la vie. Car la nature fait de la recherche et du développement depuis 4 milliards d’années et les océans en sont le plus grand laboratoire.  Ainsi, le byssus des moules est la meilleure colle connue au monde.  L’océan regorge aussi d’antibiotiques, d’organismes bioluminescents.  Comme nous sommes encore aux balbutiements de notre compréhension de bon nombre de phénomènes scientifiques, on peut se demander si c’est le fruit du hasard ou pas qu’un foetus baigne dans du liquide durant toute la grossesse. Ou est-ce pour nous rappeler à chaque instant que l’eau qui représente 70% de notre planète et 60% du corps humain est essentielle pour notre survie.  D’ailleurs, même dans les explorations de notre système solaire ou d’autres galaxies, notre première priorité demeure l’existence de l’eau, source de vie !
Il est évident qu’émuler la nature est dans notre intérêt car à chaque fois que l’humanité rencontre un problème, la nature a déjà trouvé une solution. C’est pourquoi il nous faut exiger de nos usines d’être aussi efficaces que la nature pour maîtriser la pollution, une des causes majeures de nos maux actuels. Ce serait un réflexe porteur d’espoir. À l’instar de Stephen Hawking, professeur émérite à l’Université de Cambridge, qui avait répondu en forme de boutade « I am trying to read in the mind of the Gods » à une question sur ses recherches en astrophysique, nous devons faire preuve d’ambition et surtout d’audace dans nos réflexions et nos conceptions.  Car les forces complexes qui ont occasionné notre émergence en tant qu’espèce sur Terre et du coup nous ont propulsés comme les élus de la seule planète habitable de notre système solaire nous ont aussi imposé la mission, presque mystique, de veiller à sa pérennité et par ricochet du cosmos afin de perpétuer le concept métaphysique d’espace-temps ô combien fondamental pour notre évolution car il met en osmose, voire en perspective notre présent et notre devenir.  Ah la science, surtout lorsqu’elle est dans tous ses états, ne cessera de nous étonner et de nous passionner !!!                                                                                          

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