Nouvelle-Zélande — Fusillade meurtrière dans deux mosquées : Le Mauricien Mohamedhossen “missing” depuis vendredi

Cet ancien habitant de Vingta 2 Vacoas, 54 ans le 28 avril prochain, installé à Christchurch depuis deux ans déjà, ne répond plus sur son téléphone cellulaire

- Publicité -

Le PM suppléant, Ivan Collendavelloo : « Nous sommes inquiets pour Mohamedhossen. La mission de Canberra et le consul en Nouvelle-Zélande sont mis à contribution dans les recherches »

Après les fusillades dans deux mosquées de la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, vendredi, qui ont fait 49 victimes abattues de sang-froid et 48 blessés, dont 12 avec leur pronostic vital engagé, un Mauricien est porté missing. Mohamad Moosid Mohamedhossen, aussi connu sous le nom de Sid, 54 ans le 28 avril prochain, ancien habitant de l’avenue Vingta 2 à Vacoas, installé dans cette ville depuis deux ans déjà, ne répond plus sur son cellulaire depuis le carnage. L’inquiétude est encore plus troublante pour les proches, dans la mesure où il est connu qu’il fréquentait régulièrement la mosquée de Linwood Eastgate de la ville pour la prière du vendredi. Les autorités mauriciennes, en l’occurrence le Premier ministre suppléant, Ivan Collendavelloo, ont été informées de cette disparition par le consul diplomatique de Maurice en Nouvelle-Zélande. Depuis, un comité ministériel a été mis sur pied en vue de coordonner les démarches visant à retrouver les traces de ce Mauricien. Sa disparition a été rapportée aux autorités en Nouvelle-Zélande par trois personnes différentes à ce jour.

« Mo pa pou kapav koz ar ou la. Mo okipe avek bann démars », a déclaré, hier en début d’après-midi à Week-End, Feroza, dont l’époux n’est autre que l’un des frères de Mohammad Moosid Mohamedhossen, qui a pris l’avion dans la soirée d’hier à destination de Christchurch en transitant par Perth en Australie. Les membres de la famille ont eu le choc de leur vie en apprenant que Sid était porté disparu depuis ce sinistre événement à l’autre bout du monde. Même s’ils gardent espoir, les membres de la famille sont inconsolables devant la tournure des événements et sa sœur, qui vit en Angleterre, et un autre membre de la famille seraient déjà en route pour la Nouvelle-Zélande pour mieux comprendre ce qu’il aurait pu advenir à Sid Mohamedhossen.

Comment cet habitant de Vingta 2 s’est-il retrouvé en Nouvelle-Zélande ? À cette question, les recoupements d’informations effectués par Week-End auprès de sources concordantes indiquent qu’il y a une dizaine d’années, cet ancien employé d’une société privée de téléphonie mobile à Maurice était parti tenter sa chance professionnelle en Angleterre. Il y a deux ans, la société de télécommunications qui l’employait l’avait dépêché en Nouvelle-Zélande en tant que responsable.

D’ailleurs, un de ses voisins à Vacoas approché hier laissait comprendre à Week-End que la dernière fois que Sid Mohamedhossen était venu à Maurice remontait à décembre 2017. Le portail est cadenassé et la cour de sa maison semble n’avoir pas été entretenue depuis quelque temps déjà. « Il était quelqu’un de très réservé. Il faisait le va-et-vient entre Maurice et l’Angleterre. Nous ne savons pas ce qu’il faisait là-bas et d’ailleurs, nous sommes surpris d’apprendre qu’il se trouvait en Nouvelle-Zélande », devait ajouter un autre voisin. Notons qu’un des membres de la famille a exprimé le souhait que l’intimité de ces instants pénibles soit respectée.

Du côté des autorités mauriciennes, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui était en mission officielle à Vienne en Autriche au moment des faits en fin de semaine, se déclare solidaire des membres de la famille Mohamedhossen dans cette dure épreuve. Il a également condamné cet acte de barbarie dans des lieux de prière. « Je tiens à exprimer mes vives sympathies aux familles et proches affectés par ce massacre, et aussi au gouvernement et au peuple de Nouvelle-Zélande. Nous sommes solidaires et de tout coeur avec eux dans ces moments difficiles. Je condamne sévèrement tout ces actes barbares commis dans un lieu de prière, alors que la prière représente la paix. J’ai appris qu’il y a une famille mauricienne affectée par cette tragédie. Nous sommes sans nouvelle de lui. Nous suivons la situation. Nous prions pour lui et sa famille », dit-il dans sa déclaration.

Pour sa part, le Premier ministre suppléant, Ivan Collendavelloo, qui avait été alerté de ce cas de missing par le consul de Maurice en Nouvelle-Zélande, a constitué un comité interministériel après consultations avec le Premier ministre. Ainsi, cette instance présidée par Ivan Collendavelloo comprend le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, et les ministres Nando Bodha, Anil Gayan et Anwar Husnoo, et doit assurer la liaison avec les représentants diplomatiques en Australie et en Nouvelle-Zélande lors des recherches.

« Nous sommes inquiets pour le Mauricien Mohamedhossen… Nous sympathisons avec la famille, avec qui je suis en contact. Nous essayons de faciliter certaines démarches administratives. Nous avons recours aux autorités australiennes concernant notamment le visa requis pour transiter à Sydney avant de se rendre à Christchurch. Notre mission à Canberra ainsi que notre consul en Nouvelle-Zélande sont à pied d’œuvre pour retracer les mouvements du Mauricien. Nous souhaitons que rien de grave ne lui soit arrivé. J’ai également adressé une lettre de sympathie à la Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern. Mais au moment où je lui adressais cette lettre, elle ne savait pas qu’un Mauricien était porté manquant suite à cette fusillade », a fait comprendre Ivan Collendavelloo à Week-End.

L’auteur du massacre : Bretin Tarrant, un « homme blanc ordinaire » de 28 ans

L’auteur du massacre faisant 49 victimes, âgées entre deux et au-delà de 60 ans, Breton Tarrant, âgé de 28 ans et de nationalité australienne, a été présenté au juge hier. Il est provisoirement accusé de meurtre et lors de l’audience devant le tribunal de Christchurch, le juge a demandé que le visage du suspect soit flouté dans les photos et autres images de presse. Breton Tarrant est un ancien instructeur de fitness dans l’Australie rurale. Il se présente lui-même comme un « homme blanc ordinaire » issu de la classe ouvrière. Il semble avoir été gagné par l’idéologie néofasciste à l’occasion de ses pérégrinations multiples en Europe. Des publications sur les réseaux sociaux laissent penser qu’il serait allé jusqu’au Pakistan et en Corée du Nord.

Lors de sa brève comparution devant le tribunal, il a rapidement fait de la main un des signes de reconnaissance des suprémacistes blancs. Il n’avait vraisemblablement pas de casier judiciaire et n’était sur les radars d’aucun service de renseignement néo-zélandais. Trois personnes sont en garde à vue dans le cadre du dossier ouvert après cette fusillade, mais seul Breton Tarrant a été pour le moment inculpé de meurtre. Brenton Tarrant a grandi dans la petite ville de Grafton, dans le nord de l’État australien de Nouvelle-Galles-du-Sud, où il a suivi des formations d’instructeur de fitness après sa sortie du lycée. Il travaille un temps à partir de 2009 dans une salle de gym de la ville.

La patronne de cette salle, Tracey Gray, se souvient d’un employé qui travaillait dur, mais qui aurait été transformé par ses voyages en Europe et en Asie. Lui-même reconnaît s’être rendu en France, en Espagne ou au Portugal. Les autorités bulgares ont annoncé enquêter sur les motifs de son séjour en Bulgarie en novembre. Ce n’était pas la première fois que cet Australien se rendait dans le sud-est de l’Europe : il avait effectué un court séjour dans les Balkans en décembre 2016, voyageant en bus à travers la Serbie, la Croatie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. Des médias ont rapporté que son père était décédé d’un cancer en 2010 et Mme Gray croit savoir que sa mère et sa sœur vivent toujours à Grafton.

Les victimes  :  Des 4 coins du monde musulman

Des 49 victimes abattues en pleine prière et 48 autres, dont des enfants, blessées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, avec une soixantaine d’autres sur la liste de missing, 41 ont été tuées à la mosquée Al Noor sur l’avenue Deans à Christchurch et sept à la mosquée Linwood, où devait se retrouver le Mauricien porté manquant depuis vendredi. Une autre victime est morte plus tard à l’hôpital de Christchurch.

Les victimes venaient des quatre coins du monde musulman, a souligné la Première ministre Jacinda Ardern, en citant « le Pakistan, la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Bangladesh, l’Indonésie et la Malaisie. » Parmi les fidèles présents figuraient six Indonésiens, dont trois sont en sécurité, selon le ministre indonésien des Affaires étrangères, Retno Marsudi, qui ajoute que les recherches se poursuivent pour déterminer le sort des autres. Un Saoudien, deux Malaisiens, deux Turcs et un nombre non identifié de Jordaniens figurent parmi les blessés.

Selon un porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Genève, « de nombreux réfugiés et migrants se trouvent parmi les morts et les blessés. » Certaines personnes ont échappé de justesse au carnage, dont l’équipe nationale de cricket du Bangladesh arrivée à la mosquée Masjid al Noor quelques minutes après le début de la fusillade. L’équipe a vu « des gens ensanglantés sortir de la mosquée », a raconté leur manager Khaled Mashud.

Les Mauriciens victimes de drames à l’étranger …

Incendie à Paris ( 4 février 2019)

Revena Hollandais, 48 ans, et son fils, Adel Allas, 16 ans, ont péri dans un feu d’immeuble dans le 16e arrondissement de Paris, au 17 bis rue Erlanger. Cet incendie avait fait 10 morts et 96 blessés. Une quadragénaire, Essia B., interpellée en état d’ébriété, avec un passé judiciaire, est soupçonnée d’être l’instigatrice de cet incendie le plus meurtrier dans la capitale française en près de quatorze ans.

Explosion à Leicester (26 février 2018)

Mary Ragoobar, 46 ans, établie en Angleterre depuis quinze ans, a péri avec ses deux fils, Shane, 18 ans, et Sean Ragoobar, 17 ans, après une explosion dans une boutique et un appartement à Hinckley Road à Leicester.

 

Fusillade à Mumbai (30 novembre 2008)

Le corps de Shaitlall Gunness, 57 ans, un banquier mauricien directeur exécutif de la State Bank of Mauritius (SBM), en mission pour la banque, avait été retrouvé dans sa chambre de l’hôtel Taj Mahal après que dix terroristes aient pris du 26 au 29 novembre 2008  la ville d’assaut et ouvert le feu dans la gare ferroviaire Chlatrappi Shivati Shivaji, faisant 75 morts. Ils avaient également investi un des deux hôtels de luxe, le Taj Mahal, où le patron de la SBM était descendu avec son épouse, Amreeta. Bilan total : 174 morts et plus de 300 blessés.

Crash au Népal   (8 octobre 2008)

Une jeune Mauricienne installée avec sa famille à Melbourne en Australie, Charlène Zamudio, 24 ans, a été tuée dans une catastrophe aérienne au Népal qui a coûté la vie à 17 autres passagers, parmi lesquels se trouvait son fiancé, Andrew McLeod, âgé de 31 ans. Le couple passionné de trekking comptait effectuer une randonnée sur le plus haut sommet du monde, l’Everest.

Crash du vol Kenya Airways ( 4 mai 2007)

Meera Ramdoyal âgée de 30 ans a péri dans le crash d’un vol de la Kenya Airways qui s’est crashé peu après le décollage de l’avion de l’aéroport de Douala au Cameroun

Attentats à la bombe dans le métro londonien (7 juillet 2005) La capitale anglaise a été déchirée par quatre déflagrations dans le métro, sur Circle Line et Piccadilly Line, et dans un bus à l’impériale à Tavistock Place. Parmi les victimes, Rachelle Ng Shum Hing, âgée de 27 ans. Cette comptable dans une entreprise londonienne était en route pour son travail lorsque, entre 9h51 et 10h47 (heure de Maurice) les bombes ont explosé. Elle se retrouvait dans le même train qu’un des quatre terroristes qui s’est fait exploser avec sa bombe sur la Piccadilly Line.

Crash d’un Boeing 747 de la SAA (28 novembre 1987)

Deux Mauriciens, Mammad Farook Rostom et Huang Cheong   périssent en mer lors du crash d’ Un Boeing 747 de South African Airways. The Helderberg, s’écrasait au large de la côte est de Maurice alors qu’il effectuait un vol commercial entre Taïwan et l’Afrique du Sud via Maurice. Le vol 295 avait décollé de l’aéroport international de Taipei (Taïwan) le vendredi après-midi avec à son bord 140 passagers, 19 membres d’équipage et 28 tonnes de cargo. Après plus de 9 heures de vol, le commandant de bord, Dawie Uys (49 ans), et son copilote, David Attwell (36 ans), contactèrent les contrôleurs de l’aéroport international de Plaisance aux environs de 2h45,  signalant un feu à bord de l’appareil. Puis, plus aucune communication par la suite. Aux environs de 4h09, le vol SAA 295 plongea dans l’océan Indien au nord-est de l’aéroport de Plaisance, tuant toutes les 159 personnes à bord, dont les deux Mauriciens .

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -