Où va-t-on ?

Ainsi va la vie ! D’illusion en désillusion, on avance en essayant de voir le bon côté des choses. Nous vivons dans un pays extraordinaire, entourés d’un peuple admirable. Pourtant, il y a une odeur nauséabonde que nous camouflons avec humour et hypocrisie, en s’accrochant à l’espoir d’un lendemain meilleur.
Nous avons tous des prêts à rembourser pour la voiture, la maison, l’ameublement et même des voyages. C’est une évolution, paradoxale, pour notre société mauricienne ; s’engager sur cinq ans ou plus à rembourser une somme d’argent. Chose étonnante alors que le marché de l’emploi semble subir une énorme pression et que notre ministre du travail encourage les jeunes diplômés à choisir l’émigration. Cette situation est d’autant plus aberrante que des banques, et ce depuis des générations, font et défont les fortunes. Malgré la prudence qui devrait prévaloir, elles obtiennent notre confiance plus aisément que le gouvernement. Certains hypothéqueraient même la tombe de leur grand-père – si elle avait de la valeur – pour obtenir un prêt et se rapprocher de leurs illusions.
A ce stade de notre évolution, il semble que notre société puise son espoir et sa force dans une attitude de kamikaze ou une confiance, en soi, solidement ancrée dans nos compétences et, aussi, dans l’assurance qu’il existe une nation mauricienne solidaire. Nous puisons au fond de nous-mêmes pour tourner en dérision des scandales qui éclaboussent toute la classe politique et notre voisin, quelle que soit sa confession religieuse, qui subit d’une manière ou d’une autre les conséquences de la même réalité.
Heureusement qu’il nous reste internet, un des rares espaces de liberté où tout un chacun peut choisir un pseudonyme. Et, n’en déplaise au scanner récemment installé sur le portail mauricien, nous en userons et certains en abuseront. Une vidéo récemment publiée sur YouTube aurait eu, sous d’autres cieux, un succès mitigé en raison de l’amalgame fait, semble-t-il, entre un dictateur nazi et une haute personnalité politique. Mais la franchise, à tort ou à raison, du dialoguiste, à l’origine du montage, a fait le succès de cette vidéo qui a été vue plus de 30 000 fois.
Pourquoi, donc, cela attise-t-il autant la curiosité des internautes ? La popularité de la personnalité visée y est certainement pour quelque chose ! Les références à certains scandales doivent, certainement, être le moteur hilarant de ce montage. Mais pourquoi ne voyons-nous pas l’aspect dramatique de cette comparaison ? L’esprit et le ressort amusant de cette vidéo pourraient être comparés à la comédie dramatique de Roberto Benigni, La vie est belle. Son auteur a caché à ses spectateurs l’horreur de la comparaison avec un texte empreint de scandales qui ont fait l’actualité médiatique. Peut-être que la rhétorique n’est pas la seule raison du succès de cette vidéo. Mais, sûrement qu’elle est l’exutoire d’une souffrance que l’on ne peut expier qu’en se moquant de la situation.
Pendant combien de temps contiendrons-nous ce sentiment de ras-le-bol ? La situation de l’APEIM est choquante, idem pour la CNT.
Le dépeçage de biens durement acquis se fera alors qu’en embuscade une société se préparerait à lancer une nouvelle ligne de bus… Cela risque de faire grimper les prix des trajets. Ne serait-il pas plus judicieux de réformer notre système social pour réduire les inégalités ? Mais notre vie de citoyen se résume à souffrir en silence et à se battre pour survivre…

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