Ouverture des bancs aux compagnies étrangères : les inquiétudes des pêcheurs locaux

L’abbé Jacques-Henri David, aumônier de l’organisation Apostolat de la mer, a évoqué, lors de la messe célébrée à l’occasion de la Journée internationale des gens de la mer, les inquiétudes des pêcheurs locaux avec l’ouverture des bancs aux compagnies étrangères.

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« Malgré les prêts et les dons accordés aux coopératives de pêche, les pêcheurs appréhendent la concurrence des compagnies étrangères, qui sont rompues à la pêche industrielle », a-t-il affirmé dans son homélie prononcée en présence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui est également responsable du port. Le ministre de l’Économie océanique, Prem Koonjoo, le ministre de l’Intégration sociale, Alain Wong, celui du Travail, Sudesh Callichurn, ainsi que les représentants des autorités portuaires étaient également présents.

Le cardinal Piat, qui avait célébré la messe, avait pour sa part parlé du métier de gens de la mer comme d’une activité particulièrement « difficile et dangereuse » qui dépend de l’état de la mer et de la situation climatique. Il a invité l’assistance à prier pour les gens de la mer « afin qu’ils puissent avoir les conditions convenables pour leur développement personnel et familial, et pas uniquement “pou gagn enn lavi” ». 

L’abbé David s’est appesanti sur le fait que « peu d’intérêt » est manifesté par les jeunes Mauriciens pour le métier de marin, de pêcheur ou autres métiers liés à la mer. Pourtant, a-t-il fait remarquer, les métiers liés à la mer couvrent une grande variété d’activités et de professions, comprenant entre autres les ingénieurs, les électriciens et les métiers liés aux navires de croisière. Alors que Maurice se lance dans le développement de l’économie océanique, il a souhaité que des mesures soient prises pour que le métier de marin et de pêcheur soit mieux compris par les jeunes dès leur scolarité primaire et secondaire. « Le développement du pays avec la “blue economy” nous oblige à nous tourner de plus en plus vers la mer », dit-il. L’abbé David, qui connaît bien Agaléga, pour s’y être rendu en mission pastorale à plusieurs reprises, a fait mention de « l’abondance de poissons dans la région » et a souhaité qu’une “stock assessment study” soit lancée dans la zone économique mauricienne pour bien évaluer le stock de poissons pélagiques et autres stocks hors lagon.

Au chapitre des pêcheurs artisanaux, le prêtre a souhaité le développement d’une collaboration avec le secteur touristique afin de s’assurer que l’aménagement touristique respecte les endroits fragiles. « La concertation avec les pêcheurs est impérative pour réglementer la pêche sportive et récréative », a-t-il dit. Il a également eu un mot sur l’aquaculture en souhaitant que se développe « une plus grande solidarité entre les pêcheurs et les habitants, et ce en prenant en compte l’environnement et des autres impératifs économiques ».

De plus, il souligne que les pêcheurs souhaitent être associés aux études de l’impact sur l’environnement. Il a aussi attiré l’attention sur le problème de trafic de personnes au niveau international et, surtout, au niveau maritime. « Un programme de conscientisation et de formation est nécessaire pour détecter le risque de trafic dans la région et pour apprendre à accompagner les victimes. À ce propos, l’organisation Santa Martha offre des facilités de formation dans ce domaine », a-t-il fait ressortir.

Les enfants formés à l’école de la voile, animée par le capitaine Toi, ancien directeur de la MPA, étaient également présents à la messe. Interrogé à la fin de la messe, le ministre de la Pêche a observé que le gouvernement « fait beaucoup » pour les pêcheurs et qu’une série de mesures a été introduite dans le budget.

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