PANDÉMIE DU NOUVEAU CORONAVIRUS : Le prix de l’insouciance

DIPLAL MAROAM

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Le combat thérapeutique contre la pandémie actuelle ne peut occulter le fait que la COVID-19 n’est peut-être qu’un signe avant-coureur, un signal d’alarme suscité par l’insouciance humaine dans le secteur de l’épidémiologie. Et si des mesures urgentes ne sont pas prises à temps pour changer de trajectoire, « la prochaine pandémie sera forcément pire », a averti sans ambages le directeur exécutif chargé du programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, Michael Ryan, le 8 octobre. L’impératif aujourd’hui est de revoir de façon radicale notre relation avec l’environnement, relation fondée, dans une grande mesure, sur des gains économiques du court terme associés aux exigences d’une société de production et de consommation toujours en hausse pour satisfaire l’indicateur de la croissance, oblitérant ainsi les risques sanitaires que cela comporte pour toute la planète.

Selon les estimations, environ 75% de nouveaux agents pathogènes proviennent des animaux. Les chauves-souris, par exemple, sont des réservoirs pour les coronavirus ; les moustiques pour la dengue ou le chikungunya et les primates pour l’Ebola ou le VIH-Sida – une liste non exhaustive n’indiquant certainement pas les sources probables d’une prochaine épidémie qui pourrait surgir toutefois indépendamment des régions ou continents. Nos activités agricoles comprenant notre relation avec et envers les animaux requièrent, par conséquent, une profonde reconsidération et réadaptation. Or, la Chine, pays le plus peuplé au monde, avait fortement encouragé ses petits agriculteurs, ces dernières décennies, à pratiquer l’élevage de différents types d’animaux incluant des rongeurs, de même que des pangolins, ce dans le but d’accroître leurs revenus.

Il va sans dire que l’intensification des pratiques agronomiques ainsi que l’élevage favorisent la transmission interspécifique des agents infectieux entre l’animal sauvage et l’animal domestique et leur transmission éventuelle aux humains. Les conditions pour la propagation des maladies sont d’autant plus favorables lorsque des liens directs existent entre élevage et marchés régionaux, nationaux et internationaux. Tout comme le premier SARS-CoV qui avait émergé dans un marché des animaux de la province de Guangdong dans le sud de la Chine en novembre 2002, la COVID-19 (2019-nCov) avait apparu en décembre dernier dans un marché des animaux tués et vivants à Wuhan, capitale de la province de Hubei dans le centre du pays. Ce qui expliquerait, dans une certaine mesure, le mode de contagion quasi-similaire dans les deux cas bien que la virulence des deux pathologies diffère significativement.

Par ailleurs, la déforestation et l’industrialisation poussent les animaux à modifier leur comportement et à entrer en contact rapproché avec l’homme. Et il est évident que sans une réduction significative des activités humaines nuisibles à la biodiversité, l’urbanisation et l’homogénéité environnementale, de nouvelles maladies continueraient à émerger et se propager sur tous les continents. En effet, si l’infection de l’homme par de nouveaux agents pathogènes a lieu depuis des millénaires, ce processus semble toutefois se produire à un rythme élevé durant la période moderne. En théorie, aucune de nouvelles pathologies n’est censée s’installer durablement chez l’espèce humaine à moins qu’il ne se produise une quelconque variation influençant leur mode d’action et leur agressivité au cours de leur développement, leur permettant de s’y enraciner. Et une de ces variations concerne évidemment les changements induits par les activités humaines dans un monde de plus en plus densément peuplé et où les conséquences des phénomènes du réchauffement climatique et de la destruction de la couche protectrice d’ozone, se font de plus en plus sentir.

Bref, l’incidence des maladies infectieuses diverses a un lien direct avec la modification des habitats, la transformation des forêts en plantations industrielles et l’augmentation vertigineuse de la production d’animaux pour une consommation de plus en plus grandissante. Alors que les territoires des animaux sauvages s’amenuisent, ceux des animaux domestiques ainsi que leur densité augmentent de façon considérable, ce qui constitue de nouveaux risques sanitaires pour les humains. Finalement un monde globalisé et fortement interdépendant, connecté par des relations commerciales de plus en plus intenses est aussi un monde relié à la circulation inévitable de maladies qui, à la moindre négligence humaine par rapport au regard des protocoles sanitaires mis en place dans une région donnée, risquent de se propager comme une traînée de poudre sur toute la planète.

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