Parlement : inutiles tensions !

Les parlementaires reprendront mardi le chemin du Parlement après deux mois de vacances. Les tentatives de l’opposition en vue de la reprise parlementaire plus tôt que prévu sont restées vaines. Mais ce qui a retenu l’attention en cette fin de semaine, c’est que la tension entre le Speaker et l’opposition semble être devenue récurrente.
Déjà, le refus du Speaker d’autoriser le leader de l’opposition et les parlementaires travaillistes à utiliser son bureau pour rencontrer la presse avait provoqué à la fois la colère de l’opposition et avait amené le clerc de l’Assemblée à envisager la délocalisation du bureau du leader de l’opposition. Tout cela a débouché sur une plainte du leader de l’opposition en cour. Ce dernier s’est heurté à un refus du Speaker d’utiliser la salle à manger ou une Committee Room par les comités parlementaires, pour accueillir une réunion des parlementaires de l’opposition afin de préparer la prochaine séance. Cette fois, le Deputy Speaker est monté au créneau pour mettre de l’avant des dispositions de la loi et des Standing Orders pour justifier la démarche du bureau du Speaker.
Au niveau de l’opposition, ce nouveau refus est interprété comme une provocation, voire un obstacle, pour l’empêcher de faire son travail, comme prévu dans une démocratie parlementaire. Si les parlementaires de l’opposition ne peuvent se réunir dans l’enceinte du Parlement, où doivent-ils alors le faire ? La question a été posée récemment.
Les membres de l’opposition considèrent qu’ils sont désavantagés par rapport à leurs collègues de la majorité, qui ont la possibilité de se réunir à la Treasury House, au bureau du Premier ministre. Vendredi après-midi, certains parlementaires étaient dans le doute et appréhendaient un nouveau refus du Speaker pour leur permettre de se réunir au bureau du leader de l’Opposition. Il n’en a rien été. La première réunion des parlementaires de tous les partis de l’opposition a ainsi pu avoir lieu comme prévu. Question : pourquoi ces pressions inutiles sur les parlementaires de l’opposition ? Les lois, les conventions et les Standing Orders doivent-ils rester figés et ne pas s’adapter aux circonstances ? Or, nous le savons, seuls les morts restent figés.
La création du bureau du leader de l’opposition par la Speaker d’alors Maya Hanoomanjee, à l’initiative de sir Anerood Jugnauth, avait été accueillie comme une avancée en matière de démocratie. Rien n’empêche à leurs successeurs d’évoluer en faisant preuve d’imagination. Exemple : à quoi sert le sir Harilal Vaghjee Hall, qui se trouve dans l’enceinte du Parlement ? Pourquoi ne pas l’aménager de manière à permettre aux parlementaires de la majorité et ceux de l’opposition de se réunir lorsque cela se révèle nécessaire ? Au lieu d’opter pour la confrontation, le Speaker pourrait faire preuve de magnanimité tout en restant ferme et juste dans son approche.
Toujours est-il que le Parlement reprend dans un des moments les plus difficiles de l’histoire du pays. L’Europe, qui est notre principal marché et un partenaire économique, en particulier pour le tourisme, est actuellement à genoux en raison de la pandémie de COVID-19. Des projets de loi importants et des décisions difficiles attendent les parlementaires. L’heure n’est donc pas à la démagogie et aux débats au ras des pâquerettes. La population attend beaucoup de ses élus.
Par ailleurs, le redécoupage électoral sur lequel Le Mauricien a donné des détails en primeur vendredi semble bien parti pour faire l’unanimité au Parlement. Souhaitons que contrairement au dernier rapport, qui s’est retrouvé dans un tiroir, ce document élaboré avec soin par l’Electoral Supervisory Commission soit présenté au Parlement pour être adopté. Quant à la campagne en vue des élections villageoises, elle sera lancée officiellement ce samedi avec le dépôt des candidatures. Souhaitons qu’elles se déroulent dans la même convivialité qui les a toujours caractérisées.
Finalement, l’attention du monde entier sera retenue ce mardi par les élections aux États-Unis. Si Joe Biden part favori, le président sortant, Donald Trump, semble avoir de très bonnes chances d’être reconduit. Ce dernier sprint sera palpitant au pays de l’Oncle Sam.

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