Parole libérée pas stéréotypée

MARTINE LUCHMUN,
journaliste

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Si vous êtes sur Facebook ou Instagram, vous avez sans doute été invité à vous abonner et à suivre une série de podcasts intitulée « Fam Palab ».
Ce titre est crispant car il véhicule ce stéréotype longtemps assimilé aux femmes ; à croire que les hommes sont immunisés contre les ragots.

Les femmes sont tellement plus que des « fam palab » assure la promotion de cette série de podcasts … sans blague ! Faut-il encore avoir recours à un titre stéréotypé pour faire entendre les voix des femmes ?

Depuis la déferlante MeToo, les voix de femmes s’élèvent pour se dire. Les podcasts se multiplient. Entendre des femmes se raconter, partager leur vécu sans tabou, dans une conversation ponctuée d’éclats de rire et de silences entendus, a quelque chose de profondément sincère.

Entendre les voix de femmes permet de changer les représentations ; la manière dont nous les percevons. Lorsqu’une femme est victime de viol ou de violences conjugales, le premier réflexe a toujours été de mettre en doute sa parole et de la reléguer aux palabres.
Occuper l’espace public de paroles de femmes, c’est la respecter et la valoriser, d’où la nécessité de ne pas la reléguer en palabre surtout dans un titre. « Le progrès », explique Natacha Henry, chercheuse, « c’est la fin des stéréotypes ».

Les réseaux sociaux et les podcasts sont aujourd’hui des outils majeurs dans la revendication de l’égalité et de l’équité. Les femmes jouent désormais un rôle de premier plan dans la réappropriation de la parole.

Elles disent aujourd’hui leur intime. La maternité, la sexualité, les menstruations, la ménopause … Ce n’est pas seulement leur réussite qui mérite d’être racontée. Les tabous, les stéréotypes, les interdits ont trop longtemps pesé sur les femmes.

Il y a urgence à parler, à se dire et à se faire entendre. Il est temps de porter la parole des femmes aux politiques, aux penseurs, aux chercheurs, aux artistes.
Il y a toujours mille façons de dire. Mille façons de titrer. Mais la parole des Mauriciennes mérite mieux qu’un titre stéréotypé pour se dire et se faire entendre.

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