Paroles de vie d’Alain Lorraine

Dans la nuit du 18 au 19 mai 1999, Alain Lorraine nous quittait. Né en novembre 1946, à Saint-Denis, il n’avait pas encore 53 ans. Ainsi, s’achevait trop tôt, à Paris, l’errance d’un « vagabond de l’existence », tantôt isi anndan, tantôt dann péi déor. Ali minm vavangèr !
Ici ou ailleurs, ce « poète journaliste » comme le baptise Alain Gili (Ecrans d’Indianocéan) regardait et écoutait tout autour de lui pour ensuite nous faire partager ses fulgurations en formulations surprenantes. Un pas de côté et un nouveau sens habite des expressions familières !
À travers poèmes, essais-reportages, articles de presse, nouvelles, théâtre, ce penseur poète a également vavangué dans de multiples registres, avec le souci constant de mettre en l’air » les anges blessés » de l’Histoire. Le poète se fait porteur de leurs souffrances, mais ne s’y complaît pas. Il veut ouvrir grands les chemins de l’espérance, chemins déjà tracés par la résistance créative des dominés au coeur de » la culture de la nuit ».
Dans une interview réalisée avec José Macarty, « la Réunion, un pays pour cinq révolutions », (Témoignages, 21 août 1980), il prônait » la rencontre des nécessités de l’économie et des droits de l’imaginaire ». Comment rendre féconde cette rencontre ?
En devenant « son propre garde-manger alimentaire », en faisant « rencontrer l’histoire et la géographie » pour faire vivre l’indianocéanie, en ayant « la politique de sa culture » car c’est bien la culture qui irrigue la conscience de ce que l’on veut construire ensemble. Il s’agit aussi de « faire la rencontre de l’agriculture et de la culture » dans un pays où le secteur tertiaire a pris tant de poids. Enfin, « susciter une prise de confiance » des atouts de La Réunion devrait permettre d’inventer un modèle propre rassemblant « une très grande majorité de la population sur une politique de changement fondamental ».
Cela donne envie, oui !

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