Paul Bérenger : « Tout sépare le MMM des propositions gouvernementales »

Le leader du MMM, Paul Bérenger, a réaffirmé samedi, lors d’une conférence de presse, que les députés du MMM ne voteront pas en faveur du texte de loi sur la réforme électorale. « Tout sépare le MMM des propositions gouvernementales », a-t-il affirmé. Il a accusé le gouvernement d’avoir « orchestré une campagne d’intoxication » pour faire croire que des amendements seront apportés au texte de loi.

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« Nous avions accordé le bénéfice de doute au gouvernement », a-t-il répété à plusieurs reprises. « Toutefois, après avoir entendu les discours du Premier ministre et du ministre mentor, nous sommes arrivés à la conclusion qu’aucun amendement n’avait été envisagé. Une réunion du comité central, initialement prévue samedi pour se pencher sur le texte de loi, a été annulée. »

Paul Bérenger a insisté sur le fait que le désaccord du MMM avec le gouvernement n’est pas motivé par des points de détails mais est « d’ordre fondamental ». À la question de savoir si le MMM votera contre le texte de loi, Paul Bérenger a rétorqué que les députés mauves ne voteront pas.

« Nous ne sommes pas d’accord avec la proposition originale du gouvernement, à savoir 63-12 et un éventail de 6 à 10 “additionnal seats” », a-t-il martelé. Il a également rejeté les affirmations parlementaires des orateurs de la majorité à l’effet que les propositions formulées par le PTr et le MMM en 2014 étaient comparables à celles du gouvernement. Selon lui, la principale différence est que le PTr et le MMM avaient proposé que les partis concernés présentent une liste séparée de six noms qui ne seraient pas classés par ordre prioritaire et qui aurait été utilisée « spécifiquement pour corriger tout déséquilibre au niveau de la représentation de la population de l’arc-en-ciel mauricien de manière à rassurer ceux qui appréhendaient l’élimination du Best Loser System ». Ce qui, a-t-il dit, « n’est pas le cas » dans les propositions gouvernementales présentes. Selon lui, l’actuel gouvernement propose une liste comprenant des candidats battus « qui sera utilisée pour rétablir la majorité numérique enregistrée lors des élections dans les circonscriptions qui aurait été perturbée lors de la nomination des députés à partir des listes proportionnelles présentées par les partis ». Aucune mention n’est faite dans le texte de loi concernant la correction des déséquilibres constatés au niveau des communautés.

« Nous sommes devenus la risée du monde avec la proposition que les chefs de partis puiseront parmi les candidats battus les députés qui siégeront sur le machin (“additionnal seats”), dont le but est de corriger les changements apportés par le système de représentation proportionnelle. Depuis le départ, le MMM a bien fait comprendre qu’il n’est pas d’accord avec ces propositions. On fait croire qu’il y aurait des amendements. Mais comme il n’y en a aucun, il n’y a aucune raison pour que le comité central siège. Aussi nous avons annulé la réunion prévue initialement. »

Pour le leader du MMM, « tout indique que le gouvernement n’aura pas la majorité des trois-quarts des votes » à l’Assemblée nationale. « Campagne d’intoxication mise à part, je suis arrivé à la conclusion que le but du gouvernement était de faire un simulacre de réforme électorale et de venir prétendre ensuite que le gouvernement n’a pas la majorité requise pour faire adopter le texte de loi. Il est absolument clair que du commencement à la fin, le Premier ministre, le ministre mentor et les autres n’avaient aucune intention de venir avec une proposition susceptible d’obtenir les trois-quarts », poursuit Paul Bérenger, avant de déplorer la décision du gouvernement de ne pas rendre publics les commentaires de la commission électorale ainsi que « le ton » adopté au Parlement par Pravind Jugnauth pour l’annoncer. Il considère que cette « arrogance adoptée vis-à-vis de la commission électorale » est « inacceptable, surtout lorsqu’il a fait comprendre que la commission électorale a fait ses commentaires mais que c’est le gouvernement qui décide ». Et de poursuivre : « Connaissant les principaux membres de la commission électorale et le commissaire électoral, je suis convaincu que la population aurait bénéficié de leurs commentaires sur le texte de loi. »

Paul Bérenger a également soutenu que le gouvernement « aurait dû avoir séparé la proposition à l’effet que le parlement soit au moins composé d’un tiers de femmes et les mesures anti-transfuge », ajoutant : « Au lieu de cela, Ivan Collendavelloo a cru bon de faire un chantage pour demander de voter la réforme électorale si on veut une augmentation du nombre de femmes et une loi anti-transfuge. Cette tentative de chantage est abjecte. » Pour Paul Bérenger, la démarche gouvernementale est « un mauvais cinéma du début à la fin ».

« Je n’ai jamais entendu personne dire qu’il est contre la présence d’un tiers de femmes au Parlement. Ce sont eux qui sont en train de trahir les femmes. La loi anti-transfuge ne vaut rien en vérité, mais nous aurions voté n’importe quelle loi anti-transfuge », a dit Paul Bérenger. Répondant à une question de la presse, le leader du MMM a considéré que « si Pravind Jugnauth était un vrai Premier ministre, il aurait demandé une suspension des débats après avoir entendu toutes les opinions et aurait proposé l’institution d’un Select Committee, qui aurait travaillé vite afin de trouver un consensus avant de “report back” au Parlement ».

Paul Bérenger a d’autre part condamné ce qu’il considère être « un comportement de plus en plus indécent de la Speaker concernant le député de la majorité Kalyan Tarolah ». Selon lui, « c’est la première fois qu’une Speaker fait une déclaration aussi longue, “boring” et stupide pour protéger Kalyan Tarolah ». Enfin, concernant la situation au SIFB, Paul Bérenger s’est prononcé en faveur non pas d’un FFC, mais d’une commission d’enquête présidée par la même personne choisie pour présider le FFC. Il estime que le FFC n’aura « aucun pouvoir » et qu’il « risque de finir comme l’affaire Sumputh ».

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