PEINTURE: À la galerie Imaaya, Fusion de deux univers

La galerie Imaaya à Pointe-aux-Cannoniers accueille jusqu’au 10 novembre une double exposition intitulée Flowing-Fusion-Intimité. Il s’agit des travaux de deux artistes : l’Australienne Evelyne Denton, établie à Maurice depuis une trentaine d’années, et la Mauricienne Mélissa Rivet. Le vernissage a eu lieu jeudi soir.
Du surréalisme pour Evelyne Denton, de l’abstrait pour Mélissa Rivet. L’une racontant la vie à travers les racines, les petites fleurs, les insectes…, l’autre l’intimité de la femme et sa quête de liberté. C’est un parcours foisonnant de couleurs et d’émotions que nous livrent les deux artistes chacune à sa manière. Elles se sont rencontrées il y a un mois environ, indique Evelyne Denton lors d’une rencontre avec Le Mauricien et ont travaillé sur l’installation de leurs travaux pendant quatre jours pour offrir un ensemble harmonieux aux visiteurs.
En pénétrant la galerie Imaaya, vous êtes immédiatement frappés par la pièce maîtresse de chacune des deux artistes : Mélissa Rivet avec Cercle étroit des intimes et pour Evelyne Denton, une inspiration du grand arbre qui se trouve dans son jardin. Elles sont installées l’une à côté de l’autre. Les couleurs chaudes, notamment de l’ocre, le marron et le blanc, les lient. Tout en symbiose ! De fil en aiguille, vous entrez dans l’univers de l’une et dans celui de l’autre.
Mélissa Rivet : « Je m’engage dans l’art »
L’exposition peut être visitée en parcours séparé comme l’explique Mélissa Rivet. « De confidences dévoilées qui libèrent » à « Cercle étroit des intimes » qui annonce les « Femmes consciences », vous partagez son cheminement à travers 19 peintures. « Je me sens femme », lance la jeune maman, dont les sensibilités féminines sont exaltées du fait qu’elle soit enceinte. Elle attend un troisième bébé. Elle se libère ainsi de plus en plus à travers son art exprimant ses émotions et ses interrogations que ce soit en tant que femme ou en tant que Mauricienne. Elles sont présentes dans tous ses tableaux : des mères qui enfantent, la complicité féminine, des corps libérés et sensuels. Belles et heureuses. Celles qui souffrent. Celles qui ont des responsabilités multiples comme illustré par la femme tronc à trois têtes. « La vie n’est jamais simple pour une femme », confie-t-elle. « On ne peut pas dire qu’on est bien tous les jours. La vie n’est pas parfaite ». Elle va même jusqu’à déconstruire l’enseignement traditionnel en reprenant une image iconique pour y supprimer l’homme.
Androgyne, présente la dualité de l’être. « On se dévoile, on est sincère, on va jusqu’au bout », dit l’artiste. Des seins nus dans quasiment tous ses tableaux. De toutes les dimensions et de toutes les formes. « Il est tout à fait normal pour les hommes de porter un petit slip de bain en bord de mer alors que les femmes doivent toujours se cacher. Cacher leurs seins. Une femme peut se retrouver dans un tableau », dit-elle. Après avoir vécu huit ans à Madagascar, Mélissa Rivet s’interroge aussi sur son identité en représentant la femme avec l’image symbolique du dodo. « C’est quoi être Mauricienne ? »
L’artiste pousse le partage de son intimité jusqu’à exposer ou plutôt incorporer ses propres vêtements dans ses tableaux. Une petite robe en jersey cotton à rayure bleu et blanc ou en encore une petite robe de grossesse. « C’est la réalité de l’intimité », dit-elle. Et de préciser en rigolant : « Les robes ne sont pas à vendre. » « Tous ceux qui me connaissent savent que je les porte toujours lorsque je peins », explique-t-elle.
Artiste comblée, elle affirme une signature. Femme vraie et entière, elle s’engage à travers son art. « Je m’engage dans l’art. Je m’engage puisque je me dévoile aux autres. Je ne triche pas. Cela vient de l’intérieur. » Mélissa Rivet affirme avoir peint quelques tableaux l’année dernière mais la grosse majorité elle les a réalisés pendant six semaines. « Pendant un mois et demi j’ai travaillé sans arrêt », dit-elle. Elle fait de l’acrylique et s’est laissée guider par ses émotions pour l’application des couleurs tantôt au pinceau, tantôt avec ses doigts.
Evelyne Denton : « We have lost our root »
Evelyne Denton peint, quant à elle, à l’huile et fait du mix media. Pour cette exposition, elle présente aussi cinq pièces en papier mâché. Inspirée par la nature et guidée par le spiritualité, elle incorpore beaucoup de symbolisme dans son travail. Qu’il soit un papillon, un serpent, des yeux ou encore des escaliers. Elle s’exprime beaucoup à travers des couleurs vives. Expliquant un de ses tableaux montrant deux oiseaux qui mangent un serpent, elle affirme : « They are sharing life. » La biodiversité étant un élément essentiel dans le cycle de vie, elle dessine aussi les insectes. « Even if they can be scary at times », dit l’artiste. Et des petites fleurs qui apportent une touche de fraîcheur et de beauté à la vie. Evelyne Denton indique que son choix de toujours vouloir montrer des racines s’explique par le fait que « I believe that as human beings, we have lost our roots with the development of technology and everything happening these days… and here the roots return us to nature ». La représentation des yeux, pour l’artiste, est une invitation lancée au visiteur à ouvrir les leurs pour voir ce qui est vrai et non de porter des jugements hâtifs sur les choses. Elle se laisse aussi inspirer par la nature environnante : mer, montagne… Elle incorpore d’autres matières dans ses travaux : feuilles séchées, branches, nids et plumes d’oiseaux. En outre, elle présente quelques installations.
L’exposition, qui prend fin le 10 novembre, est ouverte de mardi à samedi de 10 h à 17 h.

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