Pensons aux plus faibles

L’annonce de la présence du coronavirus à Maurice, même si tout laissait croire que son arrivée était inévitable, a eu l’effet d’un coup de massue sur la tête de la majorité des personnes. Le virus, d’après les informations officielles, était déjà en vacances dans l’île dans la valise d’un ressortissant mauricien vivant en Grande-Bretagne et a eu apparemment l’occasion de rendre visite à un certain nombre de familles. Mais gardons-nous d’être “wise after the event” et laissons aux politiciens le soin de poser les questions qu’ils jugent tout aussi pertinentes.
Les réactions ont été les plus diverses depuis l’annonce faite par le Premier ministre à la télévision, après avoir tenu en haleine tout le pays pendant plusieurs heures, le temps d’obtenir les résultats définitifs sur les prélèvements recueillis sur le malade. Le plus frappant et le plus visible a été la ruée vers les supermarchés. Déjà, par mimétisme, beaucoup de Mauriciens avaient commencé à imiter ce qui se passait ailleurs en faisant le plein de provisions. Toutefois depuis mercredi, le mouvement a dépassé toutes les limites. Le ministre du Commerce faisait mention hier des familles qui avaient acheté plusieurs « bals » de riz dépassant de loin leurs besoins et ignorant que ce produit à terme peut être avarié. La même tendance a été observée pour d’autres produits alimentaires essentiels. Certains peuvent affirmer que c’est l’instinct de survie. Mais comme le soulignait hier le gérant d’un supermarché que cette frénésie est absolument injustifiée, qui a pensé à ceux qui n’ont pas les moyens de faire un tel stockage ? Beaucoup d’employés dont les salaires ne dépassent pas Rs 15 000 n’ont pas encore touché leur dû. Pendant cette période de confinement, je ne sais pas comment joindre certains employés pour leur donner leur salaire, nous confiait-il. Ont-ils trouvé tout ce dont ils ont besoin ? On se demande si ceux qui font des stocks excessifs ne devraient regarder autour d’eux et accepter d’aider les plus pauvres et les plus démunis.
L’heure devait être aujourd’hui à la solidarité sous toutes ses formes. Une des meilleures façons d’exprimer cette solidarité c’est à travers la discipline à tous les niveaux. À commencer, le respect de tous les protocoles mis en place par les autorités, que ce soit au niveau de l’hygiène sanitaire, de la distanciation sociale, le fait de se laver régulièrement les mains.
Nous devons agir de manière à faciliter la tâche de tout, que ce soit au niveau du gouvernement, de l’opposition, des services de santé, à l’aéroport dans le port. C’est toute l’île Maurice qui est en guerre contre le Covid-19. Quelle que soit notre opinion politique, notre statut social, notre place dans la hiérarchie sociale, nous sommes tous logés à la même enseigne face à ce virus vicieux.
Alors donnons-nous la main (pas au sens propre du terme) et faisons front contre le nouveau coronavirus. Ensemble nous pouvons le faire. Laissons un instant nos sentiments d’orgueil au nom de la sécurité nationale. Que ce soit les actions pratiques et dans nos prières, ayons toujours à l’esprit les plus faibles, les plus vulnérables et les plus démunis de la société.

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Jean Marc Poché

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