PERSPECTIVE À MOYEN TERME : De la dette publique du pays et du massacre économique…

Il existe de sérieuses inquiétudes suscitées par l’endettement de l’État qui gonfle sans cesse. Sans détour, selon des estimations, le ratio de la dette par rapport au Produit intérieur brut (PIB – notre richesse nationale par année) tournerait autour de 80% aujourd’hui et vu l’incertitude qui plane sur le plan planétaire, dans à peine quelques mois il grimpera encore.
Il faut savoir que le système monétaire en est un d’échanges de dettes et de créances. Si on ne voit que des dettes et peu de créances, la dette va certes exploser ; c’est l’image de notre économie à ce jour.

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Pas une solution magique

Primo, la monnaie est une Institution qui doit être gérée en toute indépendance. Inonder le marché de liquidités n’est pas une solution MAGIQUE pour concrètement relancer l’économie. Plusieurs facteurs clés, dont la confiance et la rentabilité, doivent être sérieusement pris en compte avant de déverser des sommes à gogo.
Depuis des décennies, le FMI a toujours imposé une Stricte Discipline Financière pour fournir des prêts car trop de dettes freinent la croissance, surtout des prêts aux entreprises boiteuses ou celles où la rentabilité n’est plus une garantie.

« Avant de Dépenser, il faut savoir comment payer »

À ne pas oublier que l’île Maurice est un petit pays, une petite économie. Elle n’a aucunement le droit de faire comme plusieurs autres territoires, surtout développés, qui se sont habitués à des montagnes de dettes. Aussi longtemps que les taux d’intérêts à payer pour des dettes publiques sont très bas, c’est bon mais il s’agit là d’une illusion et ceci ne va pas durer car l’économie est une science Impardonnable – pour Maurice comme pour beaucoup de petites économies surtout, ceci va devenir dramatique car ces taux d’intérêt de remboursement vont automatiquement monter, et peut-être en flèche ; ça va faire vraiment mal.

Vers une situation de chômage keynésien

Ils sont nombreux en ce moment crucial à penser que la situation actuelle exige des mesures FORTES en faveur de la Demande Globale afin de « créer un Choc de Confiance » du côté de la consommation et de l’investissement, public et privé.
La réallocation de Rs 6 milliards pour booster l’investissement public et les Rs 9 milliards pour contrer le spectre du chômage en soi sont bonnes. Mais pour vraiment relancer l’économie, seul l’élément de Confiance est le plus important de tout mais que malheureusement, il ne fait pas jour et ce n’est pas la faute au pouvoir en exercice mais à cette récession dévastatrice. Dans la réalité quotidienne, les consommateurs épargnent au lieu de dépenser et les investisseurs, sauf quelques rares grosses entreprises, hésitent avant d’investir.
Résultat : la politique keynésienne de relance ne marche plus – et pire encore dans cette sorte de crise sanitaire – et les économistes de renommée mondiale confirment que durant ces vingt dernières années, les investissements lourds et publics n’ont pas servi à grand-chose pour relancer l’économie mais pour alourdir davantage la dette publique.
Ce qui est vraiment grave, c’est que le ministre des Finances affirme avec insistance qu’en 2021, il y aura une croissance de 9 à 10 %. Comment peut-on sortir de telles aberrations alors que les incertitudes mondiales sur presque tous les plans sont apparentes et pire encore, à L’île Maurice, les fleurons restants de l’économie mauricienne—le tourisme et l’offshore dorment debout – ceci dit, l’idée de relance, ici, prend l’allure d’une arnaque…

Quelques solutions pour éviter le pire

Il faut que les ménages au sens large du terme et les entreprises subissent des Rationnements de Crédit et l’obligation de remboursement (Une Obligation réelle) car l’incertitude de demain, 2021, ou 2022… est très sombre; et elle nous dicte la prudence.
Sans contrepartie réelle de ces inondations de liquidités, la situation financière de l’île Maurice risque de devenir suicidaire. Ne partons pas du principe que la dette publique peut durer éternellement. À titre d’exemple, la Grande-Bretagne a fini par rembourser en ce siècle sa dette contractée dans le contexte de la 2e Guerre mondiale auprès des États-Unis — ceci pour dire qu’il faudra s’acquitter tôt au tard de toute dette. L’île Maurice est trop dépendante sur le plan d’échanges internationaux. D’où sa fragilité.
Prenons l’exemple de la Grèce avec sa dette monstrueuse – elle fait partie de l’Europe et le Vieux Continent est parvenu à « mutualiser » sa dette… Mais qui fera la même chose pour la République de Maurice ? Personne et aucun État ou encore un groupe d’États.
Planche – planche à billets – jusqu’à quand ? Elle n’est pas « Sauveur »; et si « Sauveur » elle était, le Zimbabwe ou encore l’Argentine auraient été les pays les plus riches au monde…
La croissance par la dette et la dette… est un cataclysme certain. Il faut arrêter avec cette « exubérance irrationnelle ».
« On ne donne pas à boire à un animal qui n’a pas soif.»

Dr LUTCHMAYAH APPANAH
DESS – Institut d’études des relations internationales de Paris,
1983/5- Dr en droit –Paris /Sorbonne/Sceaux
Ex-avocat—France/Réunion

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