Pétition électorale : une si longue attente

Avec le jugement rendu par les juges David Chan Kan Cheong et Karuna Devi Gunesh-Balaghee vendredi, concernant la pétition logée en Cour suprême par Surendra Dayal pour contester l’élection de Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden – élus aux élections organisées le 7 novembre 2019 –, a mis fin à un suspense qui aura duré plusieurs mois. La motion a été rejetée aux frais du pétitionnaire.

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Par conséquent, l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et ses deux colistiers a enfin été enlevée presque 33 mois après les dernières élections, soit encore après que le gouvernement a accompli plus de la moitié de son mandat électoral.

Surendra Dayal a signifié son intention de contester le jugement au Conseil privé. On ne sait si le jeu en vaut la chandelle, prenant en compte que l’attention des uns et des autres est déjà braquée sur les prochaines élections générales. Les tractations politiques ont déjà commencé et les alliances se précisent. Toutes les pétitions ont jusqu’à maintenant été rejetées. La toute dernière pétition, celle déposée par Cader Sayed-Hossen, qui conteste l’élection de Gilbert Bablee, devra attendre le 5 septembre. Le suspense reste entier, malgré les spéculations alimentées par l’entourage des deux candidats. Les juges n’ont pas encore pris connaissance de toutes les dernières données recueillies lors de la réouverture des boîtes contenant les bulletins de vote.

La question qui continue de susciter débats et réflexions en ce moment est de savoir pourquoi nous devons attendre aussi longtemps pour avoir un jugement sur une question aussi importante. Les juges préfèrent-ils prendre tout le temps qu’il faudra pour peser le pour et le contre avant d’arriver à un jugement dépassionné et équilibré ? Est-ce que ce sont les protagonistes qui utilisent différentes tactiques afin de gagner du temps et faire traîner les procédures ? Alors que les différents partis politiques en présence commencent à se pencher sur leur programme en vue d’un « vrai changement » ou en faveur d’une réforme constitutionnelle, il importe qu’une solution soit trouvée avec l’aide de spécialistes en constitutionnalité, des juges en fonction et d’anciens juges, afin que les pétitions électorales puissent être réglées dans un délai déterminé. Ce serait bon pour le bon fonctionnement de la démocratie parlementaire, pour l’état d’esprit des personnes concernées et pour la population tout entière. Il va sans dire que ce jugement sera commenté par tous les bords politiques durant ce week-end.

Autre événement qui a attiré notre attention cette semaine : la visite des jeunes acteurs politiques en Inde à l’invitation du gouvernement indien. On dit souvent qu’une photo est beaucoup plus parlante que des milliers de mots. Cela a été le cas cette semaine avec la publication par la presse de photos montrant les jeunes représentants de toutes les sensibilités politiques, aussi bien de la majorité au pouvoir que de l’opposition, réunis en Inde dans le cadre de la 4e édition du Gen-next Democracy Network Programme organisé par l’Indian Council for Cultural Relations (ICCR).

Ainsi, les parlementaires Tania Diolle, Joanna Bérenger, Soobeersingh Dhunoo, Subhasnee Luchmun Roy, Muhammad Ismaël Rawoo, Dhananjay Ramful et l’ex-parlementaire Adrien Duval se sont retrouvés réunis pour représenter la nation. Le message envoyé par les autorités indiennes a été on ne peut plus clair : les relations en l’Inde et Maurice sont au-dessus de la politique partisane et des conflits internes propres au pays, et on a tort d’impliquer les autorités indiennes dans la cuisine politique interne qui, vue de l’extérieur, peut paraître en ébullition permanente, assortie de contradictions. Une belle leçon de la République de l’Inde, qui célèbre lundi le 75e anniversaire de son indépendance. Des activités échelonnées sur une semaine sont d’ailleurs prévues à Maurice.

Terminons par féliciter ceux qui ont défendu le drapeau national avec honneur lors des Jeux du Commonwealth, à Birmingham. Souhaitons qu’ils soient des “role models” pour les jeunes Mauriciens en termes de persévérance et de discipline, qualités dont ils ont fait preuve, et qu’ils continuent à progresser avec le soutien indéfectible du gouvernement.

Jean Marc Poché

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