Comme pour ne pas déroger à la tradition, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a répondu qu’à une seule interpellation lors de la tranche du Prime Minister’s Question Time de la séance d’hier.
Il a révélé en réponse à une PQ de Nando Bodha que 3 398 mineurs et jeunes de moins de 25 ans sont impliqués dans des délits de drogue de 2019 à ce jour et que 634 enquêtes ont été complétées.
Pravind Jugnauth est revenu sur le bilan des saisies de stupéfiants, soit d’une valeur marchande de Rs 14 milliards de 2015 à ce jour. De ce fait, il se félicite de la volonté du gouvernement à combattre ce trafic, tout en se disant solidaire des familles qui en souffrent. Au sujet des cas avec des mineurs arrêtés, il ajoute que 2 964 cas sont toujours en cours d’investigation, 614 ont été logés en Cour et 20 soumis au Bureau du Directeur des Poursuites publiques.
Le Premier ministre a précisé que des procès contre des mineurs doivent être instruits aux termes des dispositions de l’article 2 de la Children’s Act. De même, il a annoncé la mise sur pied du Drug User Administrative Panel, sous l’égide du ministère de la Santé, privilégiant la piste du traitement et de la réhabilitation, plutôt que la prison. Cette cellule devra entrer en opération bientôt dans le sillage d’un protocole d’accord élaboré avec le Bureau du DPP et la police.
Bodha : Du nombre de cas mentionné, il n’y a que 20% dont les enquêtes ont été bouclées. Pourquoi ?
PM : Vous êtes légiste vous-même, vous devriez savoir que les enquêtes prennent du temps. Les cas dont je parle sont de 2019 à ce jour. Il y a donc des enquêtes qui sont complétées, mais pour les cas les plus récents, c’est toujours en cours. Les procédures sont longues. Il faut solliciter des avis légaux, les commentaires du DPP et ainsi de suite. Cela va prendre un peu de temps, mais nous allons nous assurer que le délai ne soit pas trop long non plus.
Luchmun-Roy : Combien de jeunes de moins de 18 ans ont été Remanded au Correctional Youth Centre ?
PM : D’abord, nous n’avons pas de jeunes de moins de 14 ans concernés dans les affaires de drogue. En revanche, il y a 61 garçons de plus de 14 ans et moins de 18 ans qui ont été Remanded au CYC. Il y a aussi deux filles âgées de 15 et 17 ans.
De ces 63 cas, seulement un garçon a été condamné par la Cour de district de Lower Plaine Wilhems. Il est détenu au CYC depuis le 5 février 2021.
Abbas–Mamode : Quelle est la valeur de la drogue saisie de 2019 à ce jour ?
PM : Je l’ai dit dans ma réponse, de 2015 à ce jour, le montant est de Rs 14 milliards. De 2019 à ce jour, la valeur marchande est de Rs 8,5 milliards. C’est la preuve de notre combat sans relâche contre le trafic de drogue. Imaginez à quel point ce serait chaotique si toute cette drogue avait atterri sur le marché. Que ce soit sur l’aspect santé ou social.
Bodha : La situation est horrible. Il y a 60 000 consommateurs de drogues synthétiques. Le PM est-il au courant que l’addiction commence très tôt aujourd’hui. Il y a des jeunes en cure de désintoxication à 14 ans. Des barons de drogue utilisent même des enfants comme zoke pour surveiller les accès. Y a-t-il eu des barons inculpés pour Child Abuse parce qu’ils ont utilisé des enfants pour leur trafic ?
PM : Quand la police fait une enquête, tous ceux concernés, d’une manière ou d’une autre, incluant des mineurs, seront interrogés. Cela permettra d’identifier les délits. L’honorable membre parle de situation horrible. Je dois lui rafraîchir la mémoire. Il disant la même chose quand il faisait partie de notre équipe. J’espère qu’aujourd’hui, il ne renie pas ce qu’il avait dit auparavant. Et il avait raison à l’époque.
Nous avions cité des rapports des Nations Unies, de l’ International Narcotics Control Board, en 2019. J’espère que vous vous rappelez la teneur de nos déclarations publiques quand nous étions assis à la même table. Vous disiez que le Parti Travailliste fermait les yeux et tolérait les trafiquants de drogue.
Nous avions cité le rapport de 2009 qui affirmait : il y a des preuves d’une augmentation de cas de trafic d’héroïne dans les îles de l’océan Indien, particulièrement à Maurice. Des stupéfiants de l’Inde et du Pakistan sont vendus au Mozambique et en Afrique du Sud, puis de l’Afrique du Sud à l’Europe, ainsi que d’autres pays de l’Afrique de l’Est, particulièrement Maurice et Seychelles.
Le rapport soutenait aussi : « Mauritius now has one of the highest levels of opiate abuse in Africa. It spills over effect of heroin trafficking in that country.” En 2010, cette fois, le rapport de l’UNODC mentionnait que Maurice, le Kenya et l’Égypte comme des pays où le taux de consommation d’opiacés était le plus élevé. Il était aussi précisé : Mauritius has high level of injecting drug use and a concentrated HIV epidemic among those users.
Le rapport de 2012 parlait également de la consommation d’héroïne en hausse à Maurice. Je peux en citer d’autres. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas continuer de combattre ce fléau. Je ne vais pas prendre le temps de la chambre pour citer les chiffres de 2005 à 2013 qui étaient constamment en hausse, concernant les mineurs. C’est une lutte permanente car les trafiquants cherchent toujours de nouveaux moyens pour mener leurs affaires.