PNQ: Consensus autour de l’importance d’un effort national pour sauver l’industrie sucrière

L’importance de consentir à un effort national et d’une mobilisation de toutes les parties prenantes pour sauver l’industrie sucrière, qui passe par des moments difficiles, a fait consensus au Parlement aujourd’hui à l’occasion d’un PNQ adressée par le leader de l’opposition au ministre de l’Agro-Industrie Mahen Seeruttun. Paul Bérenger, qui estime que l’industrie sucrière est « menacée de mort », a souhaité qu’un Master Plan sur la survie de l’industrie sucrière soit préparé. Il ressort de la réponse ministérielle que des mesures seront prises pour maintenir la superficie sous canne à Maurice au niveau actuel, c’est-à-dire quelque 49 791 hectares, ainsi que la production sucrière, qui tourne autour de 400 000 tonnes. Toujours interrogé par Paul Bérenger, le ministre de l’Agro-Industrie a indiqué que Omnicane est prête à alimenter le marché local en éthanol. Il ressort par ailleurs que le nombre d’employés dans l’industrie sucrière est passé de 13 803 en 2005 à près de 8 000 aujourd’hui, et ce alors que le nombre de petits planteurs, lui, est passé de 26 257 en 2005 à 14 662 cette année.
Dans sa PNQ, le leader de l’opposition avait demandé au ministre de l’Agro-Industrie de donner le nombre d’employés engagés dans l’industrie sucrière, mais aussi l’impact de la baisse du prix du sucre sur l’avenir de l’industrie sucrière, la nécessité d’apporter des amendements à la Sugar Insurance Act pour permettre le paiement d’une compensation aux petits planteurs, ainsi que les mesures que compte prendre le gouvernement pour assurer l’avenir de l’industrie sucrière.
Mahen Seeruttun a expliqué que l’industrie sucrière a été appelée a fait face à de nombreuses difficultés depuis 2006 à la suite de la décision de l’Union européenne de revoir le régime sucrier, ce qui avait entraîné une baisse de 36% du prix du sucre sur le marché européen à partir de 2009. La remise en cause de l’accord de Cotonou  au niveau de l’OMC, en 2009,  a conduit à l’élimination du “Protocole sucre”, qui a permis aux pays producteurs de sucre des pays ACP d’obtenir un prix garanti du sucre sur le marché européen. Il se trouve maintenant que le quota sucrier pour le marché européen sera aboli en 2017, alors que les pays ACP avaient réclamé un délai allant jusqu’en 2020. Cette décision a créé une fluctuation profonde des prix du sucre, qui est tombé à Rs 12 400 la tonne en 2014, contre Rs 15 830 en 2013, affectant ainsi la compétitivité de l’industrie sucrière sur le plan international.
Mahen Seeruttun a fait mention des mesures prises au fil des ans pour soutenir l’industrie sucrière. Il a ainsi évoqué le plan d’action 1985-90, la promulgation du SIEA en 1988, la démocratisation du secteur sucrier, la centralisation des usines sucrières, l’adoption du Sugar Secteur Strategic Plan 2001-05 et la mise en oeuvre de la Multi Annual Adaptation Strategy 2006-15. En 2001, un Sugar Secteur Strategic Plan avait été élaboré en consultation avec l’industrie sucrière, rappelle-t-il. Le ministre a reconnu que l’industrie sucrière faisait face à de grandes difficultés et que sa viabilité à long terme dépend de la réduction des coûts de production et su fait d’obtenir un prix à la vente qui soit en mesure de concurrencer les producteurs des pays moins avancés.
Il a par ailleurs fait mention des objectifs fixés pour rendre l’industrie sucrière plus viable, dont le projet spécial concernant le regroupement des petites plantations pour faciliter la préparation de quelque 12 000 hectares. À ce stade, seulement 9 000 hectares ont été couverts pour un coût total de Rs 2,6 milliards. L’objectif du projet était d’augmenter la productivité par 20% et de réduire les coûts de 30%. Le Budget a fait provision de Rs 600 millions pour poursuivre ce projet.
Concernant la situation dans l’industrie sucrière, le ministre a indiqué sur le nombre d’employés est passé de 13 803 en 2005 à 8 000 en 2005, tandis que le nombre de planteurs, lui, est passé de 26 257 en 2005 à 14 662 en 2015. Le nombre de métayers est pour sa part passé de 630 à 260. La superficie sous cannes récoltées est passée de 67 404 en 2005 à 49 791 en 2014. Enfin, la production sucrière, elle, a également chuté, passant de 521 541 tonnes en 2005 à 401 146 cette année. La marge de profits des petits planteurs a baissé considérablement alors qu’un nombre croissant de petits planteurs quittent leur plantation.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a commandé une étude à Landell Mills Consulting. Un rapport préliminaire a été soumis et les recommandations sont étudiées par le gouvernement. Les consultants recommandent la préservation des terres sous cannes dans les régions difficiles, la réforme des institutions pour réduire les dépenses des revenus sucriers, l’alignement des conditions d’emploi avec ceux des autres secteurs de l’économie mauricienne, l’obtention d’un prix attrayant pour la bagasse et la biomasse de canne, le mélange obligatoire de l’éthanol avec l’essence, avec un premium pour l’éthanol, une meilleure contribution des “distiller-bottlers” pour l’alcool ménager, l’imposition d’une taxe sur les produits pétroliers et l’utilisation des revenus pour promouvoir la “biomass energy”, et l’utilisation des réserves accumulées par le SIF pour permettre à l’industrie sucrière d’obtenir un prix viable, et ce alors que les mesures citées plus haut sont mises en oeuvre.
À la lumière de la réponse du ministre de l’Agro-Industrie, le leader de l’opposition a dit constater que la situation est « dramatique ». Il a fait mention d’un rapport du Sugar Insurance Fund Board, qui souligne que la survie de l’industrie sucrière est « en danger », demandant ainsi au ministre ce qu’il en pense. Ce dernier a ainsi reconnu que l’industrie sucrière est « effectivement en danger » et est revenu sur les mesures qui sont prises pour permettre au secteur de « traverser cette période difficile ». Il a ainsi notamment fait mention de permettre à l’industrie cannière de devenir une “biomass industry” capable de produire plus d’énergie. Il a aussi évoqué la production d’une variété de canne ayant une teneur plus élevée de fibres, et qui sera utilisée pour la production énergétique. Il rappelle également que des mesures ont été prises par le Syndicat des Sucres pour être « plus près » des consommateurs sur le marché international. Un accord avait été signé avec la firme allemande Sudzuker, rappelle-t-il, accord qui arrive à terme cette année. Des accords ont aussi été conclus avec une firme française et deux firmes anglaises pour la commercialisation de sucres mauriciens, qui sont vendus directement aux consommateurs. Selon le ministre, toutes les mesures sont prises en vue de maintenir la superficie sous canne au niveau actuel.
À la question de Paul Bérenger de savoir si l’éthanol sera commercialisé sur le marché local, le ministre a indiqué que Omnicane est disposée à le faire. Paul Bérenger a observé que les recommandations faites par un rapport d’actuaire ont été ignorées par le précédent gouvernement, avant de demander au ministre ce qu’il compte faire. Le ministre a rappelé que le Budget prévoit le paiement d’une “one off compensation” de Rs  3400 par tonne de sucre aux petits planteurs produisant moins de 60 tonnes et Rs 2 000 pour les autres planteurs. Rajesh Bhagwan a également attiré l’attention sur petits planteurs qui, dit-il, « rencontrent beaucoup de difficultés ».
Le leader de l’opposition a finalement demandé au ministre si la production d’un Master Plan sur la survie de l’industrie sucrière ne s’avérait pas nécessaire. Ce à quoi le ministre a répondu en soulignant l’importance de consentir à un effort national dans ce but.

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