PNQ — Situation dans l’industrie touristique — Duval/Gayan : la guerre des chiffres

  • Le leader de l’opposition accuse le ministre du Tourisme de « jouer à l’autruche »
  • « L’ignorance est plus grave que la bêtise », lance XLD
  • Gayan : « Il est prématuré de baser la performance touristique pour 2019 sur des résultats obtenus durant le premier trimestre »
  • Le ministre considère qu’on « ne peut séparer les arrivées touristiques par voie aérienne de celles arrivant par voie maritime »

La dernière PNQ avant la Fête du travail, mardi prochain, était consacrée ce matin à la situation dans l’industrie touristique, qui s’est soldée par une guerre des chiffres entre le ministre du Tourisme, Anil Gayan, et le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Ce dernier considère en effet que la situation est « la pire que le pays ait connue durant ces dix dernières années », ne manquant pas de souligner la baisse conséquente des arrivées depuis janvier par rapport à la situation l’année dernière. Il prévoit même que la performance pour les prochains mois sera négative par rapport aux années précédentes. Ce que le ministre du Tourisme récuse, estimant au contraire que la situation s’améliorera durant les prochains mois. Ce qui a amené le leader de l’opposition à accuser le ministre du Tourisme de « jouer à l’autruche », ajoutant que « l’ignorance est pire que la bêtise ». Au leader de l’opposition, qui soulignait la bonne performance réalisée par des pays comme les Maldives, Singapour et les Seychelles, entre autres, le ministre Gayan a attribué la progression de ces pays au fait qu’ils pratiquent une “Open Air Policy”. Ce qui a amené Xavier-Luc Duval à faire remarquer au ministre qu’il critique le Premier ministre, qui est responsable de la communication extérieure. À noter qu’Anil Gayan a également annoncé une rencontre avec les dirigeants d’Air Mauritius vendredi prochain.

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Dans sa PNQ ce matin, le leader de l’opposition a souligné que le taux de touristes arrivant par voie aérienne avait baissé de 8,7% en mars et de 4,5% lors du premier trimestre de cette année par rapport à la même période en 2018. « Ce chiffre contraste ainsi avec l’excellente performance de la croissance de nos principaux concurrents du secteur dans l’océan Indien », a-t-il lancé, avant de demander au ministre de dire s’il compte rencontrer la MTPA à cet effet.

Le ministre Gayan a immédiatement contesté les chiffres mis en avant par Xavier-Luc Duval : « En termes réels, les arrivées de touristes en mars 2019 ont enregistré une baisse de 4,5% par rapport à la même période en 2018, et non de 8,7%. De même, les arrivées de touristes pour le premier trimestre de 2019 ont diminué de 1,2%, et pas de 4,5%. » Il observe en outre que le nombre total d’arrivées de touristes pour janvier 2019 a augmenté de 1,1%, malgré les conditions climatiques défavorables, ajoutant que le nombre d’arrivées de touristes en février était au même niveau qu’en février de l’année dernière. Une situation qu’il explique principalement par la diminution des arrivées de touristes en provenance de Chine et d’Inde, mais aussi en raison de la réduction de la capacité du transport aérien de 6 500 places, entraînant une baisse de 5,6%. Selon lui, si le nombre total d’arrivées de visiteurs en mars a diminué de 4,5%, c’est principalement parce que les vacances de Pâques sont en avril. Il estime par ailleurs que les chiffres au 22 avril indiquaient une augmentation des arrivées de passagers de 3,5%.

Poursuivant, le ministre du Tourisme a rappelé que la connectivité aérienne est « essentielle à la croissance » du tourisme car Maurice « est une destination insulaire de longue distance », 99% du total des touristes arrivant donc par voie aérienne. Par ailleurs, il observe également que les concurrents de Maurice dans l’océan Indien, à savoir les Seychelles, les Maldives et le Sri Lanka, ont adopté une politique d’ouverture aérienne. Selon lui, une politique aérienne libérale « implique que les compagnies aériennes disposent d’une totale flexibilité pour répondre aux demandes et aux opportunités du marché ». Les passagers bénéficient ainsi d’options de voyage et de vol les plus larges possibles, et ce à des tarifs concurrentiels.

Il observe également que Maurice a réduit sa capacité de transport aérien de janvier à mars 2019, et ce comme suit : la Chine (-24 vols, équivalant à une diminution de 7 200 sièges); l’Inde (-17 vols, soit un déficit de 5 100 sièges); et le Royaume-Uni (-13 vols, représentant une baisse de 4 200 sièges). Pour lui, il est donc « prématuré de prédire le scénario de croissance du secteur sur la base des performances du premier trimestre de l’année » car les réservations à terme pour les trois prochains mois indiquent une croissance positive de 3%. De plus, selon Statistics Mauritius, le secteur devrait croître de 3,6% pour atteindre 1 450 000 touristes, ce qui est « bien au-dessus du taux de croissance de 3% requis » pour atteindre 2 millions de touristes d’ici 2030.

De son côté, le leader de l’opposition a fait comprendre qu’on ne pouvait comparer les arrivées par voie aérienne, qui concernent les touristes qui passent 10 à 11 jours à Maurice, avec ceux de croisière, qui reste à peine une journée dans l’île. Citant les chiffres officiels communiqués par Statistics Mauritius, Xavier-Luc Duval a démontré que les arrivées touristiques en provenance de Grande-Bretagne, de Suisse, de l’Inde, de France et de Chine avaient accusé des baisses conséquentes. Et de demander au ministre Gayan s’il avait pris connaissance des chiffres officiels. Ce dernier a répondu par la négative.

Alors que le leader de l’opposition demandait à Anil Gayan d’expliquer les raisons de cette « mauvaise performance de l’industrie » touristique, le principal concerné a accusé Xavier-Luc Duval de « vouloir faire croire que lorsque le PMSD n’est pas dans le gouvernement, l’industrie touristique s’écroule ». Le ministre a toutefois reconnu la vulnérabilité de l’industrie touristique et qu’entre janvier et mars de cette année, le pays a connu une baisse de quelque 2 800 visiteurs.

Xavier-Luc Duval a alors accusé Anil Gayan de pratiquer « la politique de l’autruche » en « refusant de reconnaître la vérité ». Il a aussi estimé que le ministre s’attaque au Premier ministre lorsqu’il évoque une « absence de politique d’ouverture aérienne ». Le leader de l’opposition a alors demandé à Anil Gayan de confirmer que le corridor Singapour-Maurice « a été un échec ». Ce à quoi le ministre a répondu qu’Air Mauritius effectue une étude à ce sujet, avant de faire état de l’accord conclu entre Maurice et le Kenya dans le domaine touristique.

Interrogé sur les relations entretenues entre le ministre et la MTPA, d’une part, et Air Mauritius d’autre part, Anil Gayan a annoncé avoir eu une session de travail avec la MTPA hier, ajoutant qu’il doit rencontrer la direction d’Air Mauritius vendredi prochain. Enfin, lorsque la question de la sécurité a été abordée, le ministre Gayan a donné la « garantie que tout sera fait pour protéger nos visiteurs ».

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